Avec les risques que représentent les catastrophes naturelles pour la continuité d'une activité, le recours par les sociétés financières ou autres à l'adoption d'un plan de continuité d'activité (PCA) s'avère plus que nécessaire. Tout en sachant que le royaume ne dispose que d'une faible capacité de stockage en matière de data centers externes, alors que le besoin va grandissant, Apis-Engineering, bureau d'études techniques spécialisé dans la conception et la réalisation de centres informatiques de nouvelle génération, vient d'annoncer le lancement du projet Arche, un data center sur 5.000 m2 à la ville de Benguérir. Un projet d'envergure qui a nécessité la mobilisation d'un budget de 10 millions d'euros (113 MDH) apporté par Carinae Group, spécialiste entre autres du financement des data centers, et d'autres sociétés de financement marocaines. Pour Eric Arbaretaz, directeur général d'Apis-Engineering, «le choix de créer un centre de données au Maroc découle du besoin grandissant des sociétés en centres. Celui-ci est estimé à une dizaine de milliers de mètres carrés alors qu'il n'existe qu'un seul opérateur externe qui offre également la location». Et à France Morvant, consultante et gérante d'Apis Maroc, d'ajouter que «le Maroc présente l'avantage d'être un pays sûr sur le plan politique par rapport à ses voisins, sans oublier qu'il est en pleine expansion économique. Quant à la désignation de Benguérir, elle découle du fait qu'elle est dans une zone non sismique contrairement à Casablanca ou Rabat». Bien qu'implanté à proximité de la ville de Marrakech, le site sera raccordé aux villes de Casablanca et Rabat par des fibres optiques d'un débit de 100 mégabits et peut atteindre jusqu'à 1 gigabit. Ainsi, la plateforme qui s'érige sur 6 hectares dans ladite ville offrira à partir de novembre 2012 à la location deux salles de centre de données de 750 m2 chacune au coût de 3.000 euros par an, dans un premier temps. Les deux salles dotées d'une capacité de 5 MW électrique offrent aussi une zone de haute densité pour le cloud computing (concept qui consiste à déporter sur des serveurs distants des traitements informatiques traditionnellement localisés sur des serveurs locaux ou sur le poste client de l'utilisateur) dans un container allant jusqu'à 30 KW par «rack» installé (bâti à tiroirs ou glissières recevant les coffrets d'appareils informatiques). En plus de l'argument de puissance électrique, «le site peut être dupliqué en campus de six salles grâce à la réserve foncière dont il dispose, et est construit en total respect des normes en matière de consommation énergétique et d'intégration à la ville», souligne France Morvant. Bernard Lecanu : Directeur de BL International Consultant et vice-président de la co-Hosting association Les data centers sont devenus depuis quelques années un secteur à part entière. Ceux implantés en Europe ont généré un chiffre d'affaires de 6,2 milliards d'euros en 2010. On table également sur un revenu de l'ordre de 8 milliards d'euros en 2011, dont 3 milliards par la colocation. Quant à l'année 2013, ce flux est estimé à 11 milliards en 2013, dont 6 milliards par la colocation. L'avenir de ces centres réside sans équivoque dans le green, grâce à ce qu'ils offrent comme économie d'énergie, une denrée de plus en plus stratégique dans le monde entier. Il est clair qu'avec l'essor continu que connaît le secteur, et l'émergence de nouveaux pourvoyeurs aux côtés du traditionnel marché américain, tels la Chine ou l'Inde au niveau de l'Asie, le Maroc, de par son positionnement géographique et sa stabilité politique ainsi que sa détermination à produire de l'énergie propre, a tous les atouts pour construire un nouveau secteur du marché des data centers green à la pointe des nouvelles technologies. D'autant plus qu'une bonne partie de ce marché est d'ores et déjà acquise au niveau des banques qui sont dans l'obligation de disposer d'un plan de secours informatique selon les dispositifs de Bâle II et III. Et juste à titre d'exemple, en Europe la plus importante partie (26%) des demandes d'hébergement a émané courant 2010 des banques, suivies des médias (22%), des systèmes intégrateurs (20%), du gouvernement (18%) et des jeux en ligne (14%). Mais il est clair qu'avant de se lancer dans une telle besogne il faut d'abord démarrer une étude afin d'évaluer l'existant, les besoins des différents secteurs et surtout d'établir une carte des endroits à faibles risques physiques ou terroristes afin d'assoir une stratégie globale pour la mise en place de data centers. La colocation, un mode de gestion répandu La colocation est une solution d'hébergement dans laquelle une entreprise dépose ses serveurs dans un espace partagé avec d'autres entreprises. Mais plutôt que de stocker ces serveurs dans un édifice au sous-sol ou au bureau, ils sont tenus à jour dans un data center, conçu avec des spécifications strictes de sécurité et qui fonctionnent 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Grâce à une économie d'échelle, les data centers mettent à la disposition de leurs clients en location annuelle plusieurs réseaux, serveurs et une vitesse de stockage et une connexion à une variété de fournisseurs de télécommunications et de réseaux. Ils offrent ainsi une économie des coûts et de temps de traitement beaucoup plus importante que si l'entreprise gérait ses serveurs en propre. Cette location est fournie à faible tarif et présente également l'avantage d'être moins complexe à gérer. Pour ces multiples raisons, la colocation est devenue populaire à l'échelle mondiale, où l'on recense plus de 64% de data centers gérés en colocation.