La donne a bien changé. Il y a deux ans, l'euro flambait face au dollar et les spéculations allaient bon train sur l'impact de cette situation sur le Maroc. C'est exactement le scénario inverse qui est examiné aujourd'hui par les spécialistes et la question est de savoir ce que va induire l'actuelle baisse de la monnaie unique pour l'économie nationale.Dans la zone euro, qui demeure le 1e partenaire commercial du Maroc, la dépréciation de la devise européenne devrait renchérir la compétitivité-prix des exportateurs marocains, puisque leurs clients payeront moins cher leurs commandes. Du moins, l'offre Maroc sera plus compétitive, par rapport à la concurrence des pays exportateurs vers l'Union Européenne et dont la devise est rattachée au dollar, car en comparaison à la concurrence des entreprises de l'Union, les exportateurs nationaux se trouvent défavorisés. L'avantage est donc relatif, sans compter le fait qu'une parité de change ne peut constituer qu'un léger soutien à côté d'avantages plus essentiels tels que la qualité, la rapidité de livraison... En revanche, l'opportunité est plus affirmée pour les importateurs nationaux depuis l'UE. La faiblesse de la monnaie européenne leur permet de payer moins cher leurs achats. Par à coup, ce sont les risques liés à l'inflation importée qui s'en trouvent maîtrisés, les produits européens devenant meilleur marché. L'effet s'en fait déjà sentir, puisque l'inflation sur les 4 premiers mois de l'année 2010 reste contenue à +0,1%. Signalons au passage que les principaux bénéficiaires de ces fluctuations de change sont les salles de marché des banques. Gagnants ou perdants, importateurs ou exportateurs, une grande part d'opérateurs cherchera vraisemblablement à sécuriser ses positions de change face aux fluctuations de la parité dollar/euro. Sur les marchés de la zone dollar également, la compétitivité des produits marocains bénéficie d'un coup de pouce. Mais il se trouve que sur ces marchés, le Maroc n'exporte pas (sauf les phosphates et dérivés) mais importe: le pétrole notamment, et les céréales. Par à coup, la hausse du billet vert devrait renchérir ces importations. De même, le service de la dette extérieure, libellé en partie en dollar, va être influencé négativement. Mais la dette extérieure est gérée de telle façon que les risques de changeS sont minimisés. En effet, «dans la mesure où, pour l'essentiel, la valeur du dirham est rattachée à l'euro (elle est adossée à un panier devises où l'euro représente 80% et le dollar 20%) la dette est retraitée de telle sorte qu'elle reflète cette configuration», explique-t-on au ministère de l'Economie et des finances. De fait, le stock de la dette est constitué actuellement dans sa plus grande majorité en euros. Il y a en revanche plus de soucis à se faire pour les transferts de MRE en provenance de la zone euro. La baisse de la monnaie unique, si elle persiste, pourrait contrarier les prévisions en termes de transferts des MRE. En effet, c'est le taux de change avantageux qui a dopé ces transferts jusqu'à présent.