Elle voulait créer sa boîte de com', elle finit, par hasard, par se lancer dans la formation. En 2001, elle arrive à décrocher la franchise de Dale Carnegie Training, leader mondial en la matière. Cinq ans après, 3 000 personnes formées et des grandes entreprises comme clients. Le sourire charmeur, la mine avenante, un zeste de malice savamment affiché et dûment revendiqué et le verbe facile : voilà ce qu'on retient de Yasmina Chbani au premier abord. Et quand elle se raconte – ellele fait avec un naturel étonnant -, on apprend qu'elle a été uneenfant timide et solitaire. On est loin de la femme de communication et de laformatrice aguerrie qui préside aux destinées de la franchise marocainede Dale Carnégie Training qu'elle a créée en 2001,la trentaine à peine franchie. Née à Rabat en 1968, Yasmina se souvient d'une enfance heureusedans une famille équilibrée. Elle en parle avec animation : «Nousavons eu des hauts et des bas sur le plan financier, par exemple. Mais on m'atransmis, très tôt, le sens des valeurs, mais aussi celui de lavaleur des choses. La règle est que tout doit se mériter. Rienne se donne rien ne se crée, tout se détermine et se joue par l'effortet la détermination». A l'école Paul Cézanne,elle a été marquée par une maîtresse dont elle parleaujourd'hui encore avec grande émotion. C'est que cette enseignante,faute de moyens, fabriquait elle-même les prix qu'elle distribuaitaux enfants méritants ; les meilleurs se voyaient attribuer qui une poupéequi un nécessaire de courrier…. «Bien entendu, ces prix, qui avaientune valeur émotionnelle sans commune mesure avec leur valeur réelle,ponctuaient notre année scolaire et étaient aussi le prolongementde la conception du monde qui régnait chez moi à la maison»,rappelle Yasmina Chbani. Elle résume l'influence de ses parentsen ces termes : «J'ai hérité de mon père lacapacité de rêver et de ma mère le nécessaire et vitalréflexe de garder les pieds sur terre». Ses domaines de prédilection : formation et communication De la période des études, Madame Dale Carnegie Maroc garde cettepassion de la lecture qui lui a donné la maîtrise de la langue etpermis la découverte des classiques de tout parcours d'élèvestudieuse, ce qu'elle a été. C'est sûrement à celaqu'elle doit son bagout, servi par une grande vivacité d'esprit.Pourtant, la conviction profonde de Yasmina Chbani est que «le fondement,c'est le travail et, si d'aucuns ont l'intelligence en plus,tant mieux, mais la cerise ne sert à rien s'il n'y a pas degâteau». Après le Bac, elle s'envole pour Paris. Attirée un momentpar la Sorbonne, elle bifurquera finalement vers des études en gestionet se spécialisera en communication. Et pour cause, elle veut monter uneboîte de com'. Une idée qui lui trottait dans la tête,et dans celle de quelques copains du lycée, bien avant le Bac. En attendant,elle va travailler pour l'agence de communication où elle a effectué sonstage. Attachée de presse, elle va voir de près des stars de latélé comme Arthur ou Christophe Dechavanne, mais ne tombe pas,dit-elle, sous le charme d'un monde un tantinet surréaliste. Neuf mois d'entretiens pour convaincre les manitousde la formation de lui faire confiance De retour au pays, elle travaille successivement pour deux sociétésde la place qui étaient alors soit en création, soit en développement.Elle s'est trouvée, compte tenu de ses responsabilités, mêlée à desprocessus de recrutement. Elle s'est ainsi rendu compte que c'étaitlà un de ses domaines de prédilection, outre la communication etla formation. Le reste s'est joué sans préméditation.Voulant suivre une formation en qualité, elle a pensé à DaleCarnegie pour sa notoriété dans le domaine. Et là, surprise,elle découvre que l'un des plus gros acteurs de la formation aumonde n'est représenté ni au Maroc ni au Maghreb. Son rêveinitial de créer sa boîte de com' se transformera en la créationd'une entreprise de formation. Comment devenir franchisé de Dale Carnegie Training, leader mondial dela formation, opérant depuis près de cent ans et existant dans85 pays, quand on a à peine franchi la trentaine ? «En se battantcorps et âme», affirme Mme Chbani. De fil en aiguille, elle se rapprochede ce grand cabinet, y introduit une demande de franchise et passe test sur test.Neuf mois d'un process destiné à convaincre les responsablesqu'elle est en mesure de respecter les critères rigoureux des multinationales,intraitables sur ce qui implique leur image et leur process. Neuf mois d'unprocess pendant lequel elle a aussi dû vendre le produit Maroc. Entretiens à Paris,puis à New York et concurrence acharnée de quelques concitoyens. Une fois le partenariat conclu, elle commence par suivre une formation aux Etats-Unischez son franchiseur. En 2001, elle ouvre son cabinet et recrute deux personnes.Aujourd'hui, si l'effectif ne compte que sept personnes, c'estque la règle maison veut que l'on n'emploie que des formateurspermanents, imprégnés de la culture maison. En un peu plus de quatre ans, Dale Carnegie Training Maroc peut se targuer d'avoirformé près de 3 000 personnes dans des domaines aussi variésque la prise de parole en public, la gestion du temps, la vente ou encore l'accueil- en trois langues -, et compte aujourd'hui parmi sa cinquantaine de clientsde grandes entreprises comme Altadis, Medi Telecom, Brasseries du Maroc, ST Micro-életronics… Etles perspectives ? «Elles sont tout à fait prometteuses»,confie Yasmina Chbani qui ne considère cependant ses premièresannées d'activité que comme un début. En effet, elle commercialise seulement une vingtaine de modules de formationsur la centaine inscrite sur le catalogue du cabinet américain. Ses atoutssont, outre le prestige du label, des méthodes de travail que protègentet garantissent des copyrights, mais aussi un réseau des plus solidesau monde.