Elles coûtent entre 400 000 et 700 000 DH selon la superficie. Le produit cible les ménages dont le revenu est situé entre 10 000 et 16 000 DH. Des villas économiques à des prix variant entre 400 000 DH et 700 000 DH, soit donc le prix d'un appartement en ville ou même moins ! Le programme annoncé, il y a quelques semaines, suscite déjà , selon des sources au ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme, un engouement sans précédent auprès du public, et particulièrement auprès de la classe moyenne, celle-là même qui est ciblée par ces programmes. La preuve, les 1 300 unités construites à Marrakech, Agadir et Meknès, en guise de test, ont été intégralement vendues en un temps record. Du coup, le ministère ouvrira très rapidement un chantier de 9 300 logements à réaliser par ses opérateurs à travers le territoire. Les premières livraisons auront lieu à la fin de l'année en cours ou, au plus tard, début 2007. Ce programme public n'est cependant pas une fin en soi. Il est présenté comme une opération-pilote destinée à susciter l'intérêt du secteur privé pour ce créneau. «Nous visons, explique, le ministre, chargé de l'Habitat et de l'Urbanisme, Ahmed Tawfik Hjira, les ménages dont le revenu se situe entre 10 000 et 16 000 DH et qui sont déjà propriétaires d'un logement ou pas». Le ministre est convaincu que cette frange de la société a été plutôt oubliée, voire marginalisée, par les politiques en matière de logement qui ont été initiées depuis plus d'une décennie. S'intéresser à cette frange de la société (cadres, jeunes couples, etc.) est selon le ministre de nature «à dynamiser le marché de l'immobilier, à le réguler et de décongestionner les centres urbains». Construire 9 300 villas et laisser le privé prendre la relève Car Tawfik Hjira a une idée derrière la tête qui vise à concilier l'habitat économique et la qualité de vie, que l'on ne trouve plus, hélas, dans les immeubles des cités. Il n'hésite pas à affirmer qu'il faut revenir au concept de vie de quartier, «l'houma» d'autrefois. Et comment donc ? Les lotissements de ces villas économiques seront situés en dehors du centre-ville, à 10, 20 voire 30 kilomètres, ce qui permet de réduire le coût prohibitif du foncier dans la plupart des agglomérations, et de réduire aussi le temps du trajet entre le logement et le lieu du travail. Sur la base d'études menées, dans les grandes villes, la durée moyenne du trajet serait de 20 minutes, soit donc beaucoup moins que le temps que l'on passe quand on traverse une agglomération avec tous ses embouteillages. Pour ce qui est de la qualité de l'habitat, les constructions seront limitées à deux niveaux, et une attention particulière sera donnée aux espaces communs et collectifs (places, allées, aires de jeux, piscine, commerces etc.) dont la gestion collective sera forcément moins coûteuse pour chacun des propriétaires. Elles seront bâties dans des lotissements situés entre 10 et 30 km des centre-villes Pour ce qui est du logement proprement dit, s'il sera de prime abord habitable, il ne faut pas s'attendre à un grand luxe dans la mesure ou les matériaux de finition (carrelage, plafond, sanitaires, etc.) seront uniformes et surtout les moins coûteux possible. On a calculé que les nouveaux procédés et matériaux de construction peuvent réduire de 30 % le coût de production tout en maintenant la qualité. Et libre au nouveau propriétaire de les changer ou de les améliorer s'il en a la possibilité. Reste le financement, et pour éviter toute confusion, il est évident que le produit villa économique s'adresse à des particuliers solvables auprès du système bancaire, et l'on sait que, étant donné la fourchette des prix des villas et l'intérêt des banques pour cette tranche de clientèle, il n'y aura pas de difficultés majeures à avoir accès au crédit bancaire, surtout pour les ménages qui possèdent déjà un appartement dont le prix de vente pourra constituer une avance (voir encadré). Enfin, le secteur privé va-t-il suivre le mouvement initié par les pouvoirs publics ? Selon le ministre lui-même, «tous les grands promoteurs ont salué cette initiative». Mais il faut attendre les appels d'offres, «strictement nationaux», précise Tawfik Hjira, pour mesurer cet enthousiasme Trois scénarios de financement Villa de 130 mètres carrés construite sur 2 niveaux au prix de 400 000 DH Apport initial : 80 000 DH Prêt logement : 320 000 DH Taux d'intérêt : 7,5 % Montant de la traite : 2 365 DH (sur 25 ans), 2 578 DH (sur 20 ans), 2 996 DH (sur 15 ans) Villa de 160 mètres carrés, 2 niveaux, au prix de 520 000 DH Apport initial : 100 000 DH Prêt logement : 420 000 DH Taux d'intérêt : 7,5% Montant de la traite : 3 104 DH (sur 25 ans), 3 383 DH (sur 20 ans), 3 893 DH (15 ans) Villa de 185 mètres carrés, 2 niveaux, au prix de 650 000 DH Apport initial : 130 000 DH Prêt logement : 520 000 DH Taux d'intérêt : 7,5% Traite : 3 843 DH (sur 25 ans), 4 189 DH (sur 20 ans), 4 820 DH (sur 15 ans) Ce que le propriétaire va acquérir Caractéristiques du logement Les façades complètement finies avec porte d'entrée et de service en menuiserie de qualité Les planches, murs, cloisons et toitures finis. Les branchements d'eau et d'électricité équipés ainsi que l'ensemble des conduites et des câblages Les points d'eaux équipés de portes et de sanitaires basiques Les revêtements et murs de qualité basique. Espace résidentiel Un jardin collectif fini et entretenu durant 3 ans L'accès à une résidence sécurisée L'accès aux équipements (éclairage public, aire de jeux, piscine) Une ou deux places de parking.