En service depuis le 4 octobre, la nouvelle piste fonctionne avec des installations non encore homologuées. Lundi 4 octobre, 1 heure 50 mn, aéroport Mohammed V de Casablanca. Les aiguilleurs aident un cargo de la RAM en provenance de Bruxelles à atterrir. A quelques secondes du «touch down» (moment précis où le train d'atterrissage touche le sol), la piste plonge dans l'obscurité : les balises lumineuses indiquant le tracé s'éteignent. Ne pouvant remettre les gaz, le pilote pose l'appareil, heureusement sans dégât. La catastrophe a été évitée de justesse. L'incident est confirmé par un haut responsable de l'Office national des aéroports (ONDA), qui rappelle toutefois que «ce sont des choses qui peuvent arriver dans les plus grands aéroports du monde». Il explique l'incident par «une surchauffe des installations électriques de la piste» due à une demande de courant excessive par rapport au disjoncteur de l'aéroport. Pourtant, nous dit-on, les installations sont nouvelles. Jusqu'au 15 novembre, les avions devront se poser à vue et sans instruments. L'incident peut donc se reproduire. Ce n'est pas la seule préoccupation des opérateurs de l'aéroport. La nouvelle piste a été ouverte au trafic alors que les appareillages d'accompagnement, notamment l'assistant à l'atterrissage, ne sont pas encore homologués par la direction de l'aviation civile du ministère du Transport. A l'Onda, on tient à préciser que «la nouvelle piste n'a été ouverte que partiellement au trafic le 4 octobre, pour permettre de réhabiliter l'ancienne (ndlr, «de nuit») et ce, avant le 15 novembre». La nouvelle piste sera donc fermée au trafic pendant la journée. Mais cette situation n'en représente pas moins un casse-tête pour les contrôleurs aériens. A en croire l'un d'entre eux, «tant que les instruments ne sont pas homologués, les avions devront atterrir à vue et sans instruments, du moins jusqu'au 15 novembre». Certes, en cas d'urgence (manque de visibilité, brouillard), il est prévu que les appareils soient déroutés sur l'ancienne piste en travaux, en faisant rapidement évacuer les engins et équipes qui y travaillent. Pour les responsables de l'office, la procédure ne pose aucun problème et nécessite «des mesures d'accompagnement en termes de communication et de suivi». Et c'est justement le suivi et la communication qui sont difficiles à réaliser sur le terrain comme en témoignent des contrôleurs aériens. Pour l'un d'eux, «il faut au minimum deux à trois heures et non pas une heure comme le prétend la direction pour faire évacuer l'ancienne piste». A l'Onda on ne veut pas céder à la psychose. Il est précisé que cette situation est maîtrisée. Mais si une autre panne de courant survenait ?