Rupture de stocks pour les antibiotiques et les anti-inflammatoires. Les vaccins et l'insuline seront réétiquetés dans les officines pour éviter la rupture de la chaîne de froid. Les fabricants de produits génériques perdent leur avantage compétitif sur les prix de certains produits. Période de flottement pour le marché des médicaments. L'entrée en vigueur, le 8 juin, de la baisse des prix a perturbé la distribution. En effet, les officines signalent une rupture de stocks pour certains médicaments, notamment les antibiotiques et les anti-inflammatoires, qui font l'objet d'une forte demande. Il en est de même pour la pilule contraceptive Mycrogynon. L'indisponibilité ne touche heureusement pas les traitements des affections de longue durée, notamment le diabète, l'hypertension, les maladies cardiovasculaires, les cancers et les hépatites. La distribution des produits sous chaîne de froid, les vaccins et l'insuline, n'a pas non plus connu de perturbations. Les pharmaciens n'ont pas, par mesure de sécurité, restitué leurs stocks des produits sous chaîne de froid. Le réétiquetage sera assuré par les laboratoires dans les officines. Selon la Fédération des syndicats des pharmaciens, la situation sera rétablie dans les semaines qui viennent, au fur et à mesure de l'approvisionnement des officines par les grossistes répartiteurs dont certains ont renforcé leurs moyens humains pour assurer la disponibilité des médicaments. Des produits encore vendus à leur prix initial L'entrée en vigueur de la baisse des prix a aussi donné lieu à des entorses au décret instituant la baisse. Aujourd'hui, selon des sources proches du dossier, les officines devaient restituer les stocks en vue d'un réétiquetage dont le remplacement du PPM (Prix public marocain) par le PPV (Prix public de vente). Or, certains pharmaciens, pour en assurer la disponibilité, n'ont pas rendu l'ensemble de ces produits. Résultat : actuellement, ces produits continuent à être vendus au prix ancien alors que le décret dispose qu'à partir du 8 juin les médicaments doivent être vendus au nouveau prix. En situation d'illégalité, ces officines pourraient être épinglées par la commission d'inspection mise en place par le ministère de la santé. Cette commission, composée des représentants de l'administration, des industriels et des pharmaciens d'officine, procède, depuis le 8 juin, à des inspections hebdomadaires dans les unités de production, chez les répartiteurs et dans les pharmacies. L'objectif est de garantir la réussite de la période de transition qui doit prendre fin le 30 juillet 2014 comme stipulé dans la lettre d'accompagnement du décret instituant la révision des prix. De leur côté, les industriels avancent que «tous les efforts ont été effectués pour réussir le passage du PPM au PPV». Mais, ils tiennent à souligner que les citoyens doivent être compréhensifs en cas de rupture temporaire pour certains produits car il s'agit de réétiqueter 60 millions de boîtes dans un délai très court. Les laboratoires affirment avoir pris toutes les mesures nécessaires pour garantir un bon fonctionnement du circuit de distribution. Une politique nationale du médicament en chantier Au-delà de ces perturbations d'ordre logistique, la baisse des prix a engendré, dit-on dans le milieu pharmaceutique, «une concurrence déloyale entre les princeps et leurs génériques». Suite à la baisse décidée par le ministère de la santé, certains produits ont vu leur prix baisser au point d'atteindre le niveau de prix de leurs copies. Du coup, expliquent les professionnels, «dans plusieurs cas nous avons des princeps vendus au même prix que leurs génériques. Et dans l'officine, le choix est vite fait par les citoyens qui, le plus souvent, optent pour le princeps». Une situation qui pousse à penser que des fabricants de génériques pourraient mettre en veilleuse la production de certains médicaments. La baisse ne serait, estime la Fédération des pharmaciens, favorable au développement des génériques. Pour les laboratoires concernés, on affirme qu'aucun retrait de médicament n'a encore été signifié et on estime que ce sont plutôt les princeps, dont le prix a fortement baissé et parce qu'ils ne sont plus rentables pour leurs producteurs, qui pourraient être retirés du marché. Pour l'heure, il n'y a aucune visibilité sur la stratégie des multinationales pharmaceutiques. Une période d'observation du marché s'impose selon des professionnels qui ne manquent pas de souligner que «cette situation rend nécessaire la mise en place d'une politique nationale du médicament». Un chantier que le ministre de la santé, El Houssaine Louardi, a déjà lancé mais qui, vraisemblablement, sera réalisé par étapes. L'encouragement des génériques et la baisse des prix constituent, dit-on au ministère, les premiers jalons de cette politique.