Environ 20% des établissements identifiés ont entamé des démarches de régularisation. Le projet de refonte du système de classement des hôtels prévoit une catégorie dédiée à ces établissements. Engagée depuis deux ans, en vertu d'une circulaire conjointe des ministères de l'intérieur et du tourisme, l'opération de sensibilisation en direction de l'hébergement touristique informel a donné quelques résultats. Depuis 2012 donc, le recensement mené par les deux ministères a permis d'identifier près de 2 500 unités informelles d'hébergement, essentiellement riads, pensions et hôtels. Avec une capacité estimée entre 50000 et 55 000 lits, elles représentent 20% de la capacité classée commercialisée par le pays, soit quasiment l'équivalent de la ville de Marrakech. Grâce à l'effort combiné des ministères de l'intérieur et du tourisme, 20% de ces unités informelles ont fait le choix d'être régularisées, aux frais des propriétaires de ces établissements. Mais pour les professionnels de l'hôtellerie, l'impact est minime. A Fès comme à Marrakech, les opérateurs formels n'ont effectivement pas constaté les effets escomptés d'une telle opération sur l'industrie hôtelière de leur destination respective. «Il est difficile de savoir si de nouvelles unités informelles ont remplacé celles régularisées mais il y a fort à parier que c'est le cas», confie Abdelaziz Samim, directeur délégué de la Fédération nationale de l'industrie hôtelière (FNIH). Pour ce dernier, le recensement est insuffisant. «Il faut aller au bout de la logique et fermer les unités qui s'obstinent à rester dans l'informel», insiste-t-il. Ce à quoi le ministère du tourisme répond que, juridiquement, de telles fermetures seraient compliquées. «Seules des questions d'insécurité ou d'insalubrité pourraient nous conduire en justice. Aujourd'hui, nous faisons tout pour éviter la création de nouvelles unités informelles. Nous menons donc une démarche participative et pédagogique qui passe d'abord par la sensibilisation et l'accompagnement vers la régularisation», explique Mehdi Taleb, directeur de la réglementation, du développement et de la qualité au ministère de tutelle. Les appartements restent difficiles à contrôler Dans le cadre de la refonte du système de classement, le ministère du tourisme réfléchit toutefois à un levier juridique qui permettrait d'intégrer ces établissements. On parle par exemple d'«une catégorie spéciale accompagnée de mécanismes dédiés». Non concernés par cette première opération, les appartements, facilement identifiables sur des sites Internet dédiés ou les réseaux sociaux, feront l'objet du même type de démarche dans le futur. «Le phénomène des appartements qui se louent aux touristes est énorme. Mais pourquoi se déclareront-ils alors qu'ils répondent à la demande d'une clientèle qui ne peut pas être servie par les établissements classés ?», lâche un professionnel de Marrakech. Entendez par là couples non mariés ou fêtards n Anne-Sophie Marti.