Le Royaume compte 300 installations de biogaz agricoles. Un travail d'identification des ressources en biomasse est en cours dans cinq régions. Plusieurs grands organismes sont en train de préparer des projets. Le jour où les industriels seront dans l'obligation d'éliminer entièrement leurs déchets en vertu d'un cadre législatif complet, ce sera le début d'une ère nouvelle pour le biogaz. Pour l'heure, nombre de décrets liés à la loi 28-00 relative à la gestion des déchets et à leur élimination sont encore en attente. Mais en considérant le potentiel incroyable dont regorge le Maroc en matière de production de biogaz, l'impact sur l'environnement sera important. «Cette technologie doit être appuyée. On s'aperçoit qu'un certain intérêt est en train de naître», explique Abdelhaq Amahrouch, responsable de la biomasse et des filières en développement au sein de l'Agence de développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique (ADEREE). Il rappelle que le biogaz n'est pas un phénomène nouveau au Maroc : il y est entré «dans les années 80 grâce à un programme de biogaz agricole», explique-t-il. Près de 300 installations de production de biogaz à partir de petites exploitations agricoles, dont 100 dans la seule région de Souss-Massa-Drâa, ont en effet été montées dans les années 90 dans le cadre d'un vaste programme auquel collaborait alors la coopération technique allemande (GIZ). Radeema, un précurseur chez les grandes entreprises Les grands comptes aussi s'y mettent. La Régie autonome de distribution d'eau et d'électricité de Marrakech (Radeema) a ainsi équipé sa station d'épuration des eaux usées (STEP) d'une unité de cogénération d'énergie électrique à partir du biogaz produit par les digesteurs méthaniques (boues) qui permet de dégager 20 000 Nm3 par jour, soit 30 000 KWh/jour réutilisés pour les besoins de la station. La Régie autonome de distribution d'eau et d'électricité de Fès (Radeef) est également en train d'investir 1,08 milliard de DH pour se doter d'une installation similaire. Toujours à Fès, l'opérateur privé Ecomed planche sur la réalisation d'une usine à biogaz au sein de la décharge publique. A Rabat, Pizzorno prévoit d'en faire autant sur le site de la décharge d'Oum Azza. Le groupe OCP entend également équiper son site de Khouribga d'une STEP accompagnée d'un système de production de biogaz à partir des boues. De son côté, l'ADEREE travaille sur une stratégie de biomasse, et donc de biogaz. Le Souss-Massa-Drâa, l'Oriental, Rabat-Salé-Zemmour-Zaër, Tadla-Azilal et Meknès-Tafilalet sont les 5 régions qui bénéficieront d'un «master plan» destiné à identifier et évaluer la ressource. Le potentiel des deux premières régions citées est déjà identifié. La prochaine étape consistera à identifier une cinquantaine d'idées de projets et d'en sélectionner une dizaine. Il ne restera plus alors qu'à mobiliser les investisseurs.