Le groupe minier marocain a présenté ce jeudi des résultats financiers 2024 en progression significative. Le top management du groupe a par ailleurs dévoilé les contours de son plan stratégique 2025-2030 qui devrait lui permettre de changer de dimension. Suivez La Vie éco sur Telegram Le groupe Managem a clôturé l'exercice 2024 sur une nette progression de ses indicateurs financiers, profitant de conditions de marchés globalement favorables. Le chiffre d'affaires s'établit à 8,859 milliards de dirhams (MMDH), en hausse de 18 % par rapport à 2023. Une croissance portée par l'appréciation des cours des métaux précieux (+19 % pour l'or, +14 % pour l'argent +12 % pour le cuivre). La croissance des revenus a également été soutenue par la reprise de l'activité au Soudan qui a permis une hausse des volumes d'or vendus. Ces facteurs positifs ont permis de compenser la forte baisse du cours du cobalt (-33 %), dans un contexte d'offre surabondante au niveau mondial, ce qui a conduit le groupe à baisser sa production pour préserver la ressource. Pour ce qui est des indicateurs de rentabilité, Managem affiche un EBE de 2,6 MMDH, en amélioration de 257 MDH grâce à l'évolution positive du chiffre d'affaires. Le résultat financier enregistre une amélioration de 64 MDH bénéficiant d'un bilan de change positif. Le RNPG ressort à 620 MDH, en hausse de 21% par rapport à 2023. «Nos résultats sont solides, dans un contexte très porteur sur les métaux précieux ainsi que sur le cuivre qui a frôlé les 10.000 dollars la tonnes, mais aussi extrêmement volatile sur un métal comme le cobalt dont les cours ont été historiquement bas. Notre stratégie de diversification nous permet d'avoir une certaine résilience», a commenté Imad Toumi, PDG de Managem, dans une déclaration à la presse en marge d'une conférence de présentation des résultats du groupe. 2025-2030: changement de dimension Année charnière, 2024 a marqué une étape clé dans la mise en œuvre de la stratégie de développement du groupe, avec le lancement prévu de deux grands projets cette année. «Nous allons démarrer au deuxième semestre 2025 le projet de cuivre Tizert au Maroc et un projet aurifère au Sénégal. Ces deux projets vont apporter une contribution significative au groupe», a indiqué Imad Toumi. Le projet Tizert, qualifié d'hors norme, a mobilisé un investissement colossal de 4,5 MMDH. Il devrait permettre au groupe de doubler sa production de concentré de cuivre qui est actuellement d'environ 100.000 T par an. Sa durée de vie est estimé à 17 ans. Le projet aurifère Boto au Sénégal devrait lui permettre au groupe de dépasser une production de 300.000 onces d'or dès 2025. Ce qui positionnera le groupe marocain comme un acteur aurifère de premier plan en Afrique de l'Ouest. Le PDG de Managem a également esquissé les éléments de la vision 2030 du groupe qui s'articule autour de trois business units : Mana Gold pour les activités aurifères en Afrique, Mana Green pour le développement des activités métallurgiques au Maroc (cuivre, cobalt, manganèse, graphite, terres rares, etc.), et Mana Energy pour développer les activités de gaz naturel suite au rachat de Sound Energy Morocco et du projet gazier de Tendrara. En ce qui concerne les activités aurifères, Managem, qui a acquis en décembre 2024 le projet aurifère de Karita, un actif prometteur disposant de près de 2 millions d'onces de ressources en Guinée, s'est fixé des objectifs ambitieux. Le groupe veut passer d'une production de 183.000 onces d'or en 2024, à 370.000 onces en 2026 et 500.000 onces dès 2028. Soit une progression de 283% entre 2024 et 2028. Mana Green, quant à elle, a pour ambition de valoriser les ressources locales des métaux critiques. Dans ce sens, le groupe prévoit la finalisation de la construction du projet de sulfate de cobalt au Maroc et le lancement de la phase d'homologation du produit au dernier trimestre. Il est prévu aussi le développement de nouveaux projets dans le manganèse et le graphite, dans la continuité du projet de sulfate de cobalt, avec l'ambition de fournir des métaux raffinés de haute pureté pour l'écosystème batterie. «Notre ambition pour 2030 est d'accompagné le formidable essor de l'industrie nationale, et en particulier autour de l'écosystème des batteries, et d'être un acteur de référence pour accompagner cet écosystème sur des métaux comme le cuivre, le cobalt, le manganèse ou le graphite», a souligné Imad Toumi. A noter qu'un important projet de fonderie de cuivre, d'un coût estimé de 10 à 15 MMDH, est actuellement à l'étude en partenariat avec l'OCP. Pour ce qui est de l'activité du gaz naturel, la première phase du projet de Tendrara, qui consiste en la construction d'une usine de traitement et de liquéfaction du gaz, sera opérationnelle fin 2025. Une production de 100 millions de m3 par an est projetée, destinée principalement aux besoins des industriels. Dans une deuxième phase, la production devrait atteindre 450 millions de m3 par an. Au final, cette feuille de route ambitieuse devrait permettre à Managem de changer de dimension et de doubler son chiffre d'affaires d'ici 2030.