Il est encore considéré comme un gibier et non comme un animal dangereux à la fois pour l'homme et les cultures. Les régions du Rif, des Haut, Moyen et Anti-Atlas, et de Souss-Massa-Draࢠsont touchées par la prolifération de l'animal. Une stratégie de lutte contre le sanglier est en cours d'élaboration. La prolifération des sangliers inquiète de plus en plus les agriculteurs de plusieurs parties du pays, en particulier les régions montagneuses mais aussi le Souss-Massa-Draâ (Tiznit, Taroudant, Chtouka…). La situation est devenue à ce point préoccupante que le ministère de l'agriculture a organisé, le 5 juin dernier à Tiznit, un séminaire auquel ont participé des experts nationaux et internationaux, de même que les présidents des communes et les élus des localités concernées. Le sanglier est en effet devenu un fléau dans le coin. Etonnamment, aucun recensement ne donne une idée précise du nombre réel des hardes de sangliers qui ravagent les cultures avec une préférence très nette pour les champs de maïs et les vergers agrumicoles. L'animal peut transmettre des maladies à l'homme et aux autres animaux En revanche, on sait aussi que les chasseurs prélèvent, lors des saisons de chasse autorisée, quelque 7 000 têtes par an, ce qui peut paraître dérisoire si on fait la comparaison avec la France (où le gibier est prisé) où 500 000 à 700 000 têtes sont abattues chaque année durant les périodes de chasse. Dans l'Hexagone comme en Espagne, le problème est bien cerné et des mesures appropriées prises, chaque fois que des attaques sont constatées. C'est pourquoi les experts de ces pays sont venus partager leur expérience. En France, par exemple, où les dégâts sur les cultures agricoles sont estimés entre 25 et 30 millions d'euros par an, un fonds alimenté par les taxes versées par les chasseurs sert à indemniser les agriculteurs victimes des attaques des sangliers. Mais les dégâts ne concernent pas seulement l'agriculture. Les accidents de la circulation provoqués par ces animaux sont estimés à 10 000 pour l'année 2008 et coûtent entre 30 millions et 60 millions d'euros (660 MDH). Ce à quoi il est juste d'ajouter leur présence indésirable en milieux naturels protégés et en zones urbaines où ils débarquent sans se faire inviter. Le sanglier peut aussi, et c'est un risque non négligeable, être à l'origine de transmission de maladies aux autres animaux et à l'homme (peste porcine classique, brucellose, tuberculose, variole, fièvre aphteuse …). Partout dans le monde, les moyens de lutter contre la prolifération, car cet animal sauvage se multiplie de manière très rapide (voir encadré), sont d'abord la présence de prédateurs, la chasse, l'organisation de battue…Au Maroc, les espèces dont il peut constituer la proie ont disparu, comme le lion, le chacal… La chasse qui est un moyen qui peut être très efficace pour réguler l'espèce et limiter les effets de sa reproduction ne représente pas un frein de taille comme en Europe. Et pour cause, la consommation tout comme la vente de la viande de sanglier (appelée venaison ou chair de gibier) sont interdites par la religion. Ce faisant, pour concevoir une stratégie dans le but de juguler et réguler sa profusion, il faut d'abord des études. A commencer par le recensement et l'évaluation de l'impact de sa présence et de ses conséquences, tout en gardant à l'esprit que l'objectif ultime n'est pas d'exterminer l'espèce qui joue un rôle dans l'équilibre de l'environnement, mais de réguler la population. Le sanglier est toujours considéré comme un gibier et non une espèce nuisible C'est à cela que le Maroc se prépare en décidant de mettre en place une formule de suivi et un système d'identification, sachant que les moyens technologiques, tout comme les experts en mesure de les concevoir et les utiliser, ne manquent pas dans le pays. En plus des moyens financiers qu'il faudra trouver, l'idée est d'encourager les battues (qui sont passées de 560 durant les années 80 à plus de 1 170 en 2012), que ce soit les battues de chasse ou administratives… Mais le problème est loin d'être résolu. De fait, l'intensification de telles opérations est conditionnée par l'amendement de la législation qui considère le sanglier comme un gibier et non comme un animal nuisible, comme partout dans le monde. Même si, aujourd'hui, on ne considère plus le fait d'abattre un animal sauvage (comme le stipule la réglementation nationale) comme une contravention, il est nécessaire de revoir ce cadre réglementaire et d'encourager les chasseurs et même de les responsabiliser pour qu'ils s'impliquent davantage dans le suivi et la régulation de cette espèce peu désirable dans les zones agricoles.