Sur 23.08 millions de personnes en à¢ge de travailler, 11.4 millions sont actives, dont 10.4 millions ont un emploi, et 11.64 millions sont inactives. Le taux d'activité féminin est de 25.9 % au lieu de 30.4% en 1999. A u Maroc, la pression sur le marché du travail est de moins en moins forte. Cela expliquerait, au moins en partie, la relative faiblesse du taux de chômage (9,1%). Depuis plusieurs années en effet, l'offre de travail (ou le taux d'activité) ne cesse de baisser. En 1999, le taux d'activité était de 54,5% ; douze ans plus tard, il s'établit à 49,1% (à fin septembre de 2011), soit 5,4 points de moins. Dans les vingt-sept pays de l'Union européenne, par exemple, le taux d'activité moyen dépasse les 70%. Certains pays, comme le Danemark, dépassent même les 80%. Pourquoi au Maroc le taux d'activité est non seulement faible mais en plus, tendanciellement, il est en baisse ? La première raison est socioculturelle : la part des femmes, employées ou à la recherche d'un emploi, reste encore très faible. Le travail, dans les sociétés…traditionnalistes est d'abord une affaire d'hommes : alors que le taux d'activité des hommes est de 74,7%, celui des femmes n'est plus que de 25,9% (voir graphe). Avec la scolarisation qui progresse, le phénomène de la faible participation des femmes à la vie professionnelle s'accentue, du moins au stade des premières années à partir desquelles elles atteignent l'âge de travailler (voir graphe). Cela veut dire que, au lieu de vendre leur force de travail comme cela se pratiquait il y a encore peu dans les campagnes notamment, les petites filles se retrouvent de plus en plus sur les bancs de l'école ou d'un centre d'apprentissage. Les chiffres du Haut commissariat au plan (HCP) sur cette question montrent bien d'ailleurs cette tendance : en 1999, le taux d'activité des femmes âgées de 15 à 24 ans était de 29,4% ; aujourd'hui, il est de 19% (moins 10 points). Cela renseigne assez sur le rôle de l'éducation dans le repli du taux d'activité de cette tranche d'âge. En revanche, pour les femmes âgées de 45 ans et plus, le taux d'activité n'a quasiment pas bougé depuis 1999 : 23,3% et 24,1% aujourd'hui ; cette catégorie de femmes ayant déjà dépassé l'âge de fréquenter l'école ! L'amélioration du taux de scolarisation et l'allongement de la durée des études ont agi à la baisse sur l'offre de travail L'autre facteur qui agit à la baisse sur le taux d'activité global, c'est, une fois de plus, la percée de la scolarisation, mais pour tous les enfants cette fois, et surtout l'allongement de la durée des études qui se traduit par une entrée de plus en plus tardive dans le monde du travail. En 1999, le taux d'activité des 15-24 ans, filles et garçons confondus, était de 48,2% ; ce taux est aujourd'hui de 36,2%. C'est une baisse spectaculaire : moins 12 points. Là encore, comme pour confirmer le constat sur le fort taux de pénétration de l'école, le taux d'activité de la population (hommes et femmes) âgée de 45 et plus est resté stable entre 1999 (45,8%) et aujourd'hui (45,4%). Le troisième facteur qui explique, mais pas de façon décisive, la baisse du taux d'activité, c'est, plus généralement, le ralentissement du taux d'accroissement de la population. Entre 2000 et 2010, la population du Maroc a crû à un rythme moyen de 1,1% par an, au lieu de 1,7% au cours de la décennie 1990-2000, de 2,2% entre 1980 et 1990 et de 2,6% entre 1970 et 1980. Ce fort ralentissement est le résultat, bien sûr, de la baisse de la fécondité. L'évolution de l'indice synthétique de fécondité du HCP montre en effet que le nombre moyen d'enfants par femme est passé de 7,20 enfants en 1962 à…2,19 enfants en 2010. Ce faisant, le taux de fécondité au Maroc n'est pas très loin du seuil de renouvellement des générations (fixé tantôt à 2,05 enfants par femme tantôt à 2,10 enfants !). En réalité, l'évolution de la démographie, même s'il faut en tenir compte, a un faible impact sur le taux d'activité au Maroc (pour l'instant du moins) puisque en Europe, par exemple, la plupart des pays ont des taux de fécondité largement en-dessous du seuil de remplacement des générations, et malgré tout ils affichent des taux d'activité très élevés. A cette précision près qu'en Europe, le développement du travail partiel est un élément non négligeable dans le maintien des taux d'activité élevés. On pourrait en dire à peu près autant du Maroc où le sous-emploi et, plus encore, le travail non rémunéré, comme les aides familiales, fait grimper le taux d'emploi et, in fine, le taux d'activité. La question qui reste posée est celle de savoir si les personnes en état d'inactivité, en dehors des retraités et des handicapés, ont choisi délibérément ce statut ou le subissent. Des études menées ailleurs ont montré que, parmi les personnes inactives, il s'en trouve qui, par découragement, ont renoncé à rechercher un travail. Ce faisant, elles ne sont pas comptabilisées parmi les chômeurs. Ce que cela signifie ? Que le dynamisme du marché du travail, la croissance génératrice d'emplois, constituent aussi des facteurs d'amélioration du taux d'activité. Au Maroc, outre que ces conditions ne sont pas vraiment réunies, les facteurs socioculturels également limitent dans une assez grande mesure la participation féminine à la vie active.