Les services du FMI viennent d'achever leur mission de consultation au titre de l'article IV avec le Maroc. Voici leur appréciation de l'économie du Royaume. Suivez La Vie éco sur Telegram Dans le cadre des consultations au titre de l'article IV, une équipe du Fonds monétaire international (FMI), dirigée par Roberto Cardarelli, a mené des entretiens avec les autorités marocaines du 31 janvier au 15 février à Rabat. À l'issue de la mission, le responsable a livré ses appréciations sur l'économie marocaine et ses perspectives, tout en énumérant certaines recommandations. Sur le plan de la croissance d'abord, le chef de mission du FMI dans le Royaume a indiqué que la croissance économique au Maroc «s'est renforcée» en 2023 grâce à la reprise de la demande intérieure et au dynamisme des exportations. Elle devrait augmenter progressivement pour atteindre environ 3,5 % à moyen terme, stimulée par une hausse des investissements. Le rebond de la demande intérieure devrait progressivement augmenter le déficit du compte courant de la balance des paiements, qui devrait s'approcher de 3% du PIB, tandis que l'inflation devrait continuer de baisser au fur et à mesure que les pressions sur les prix des produits de base et des denrées alimentaires s'estomperont. Sur le volet de la politique monétaire ensuite, Roberto Cardarelli l'a qualifié «d'appropriée», compte tenu de la baisse de l'inflation. «Alors que l'inflation continue de baisser, Bank Al-Maghrib devrait reprendre sa transition vers un régime de ciblage d'inflation», a-t-il ajouté. Finances publiques : le rééquilibrage budgétaire sur la bonne voie Pour ce qui est des finances publiques, les services du FMI «saluent la détermination des autorités à parvenir à un rééquilibrage budgétaire à moyen terme». Ils estiment que la généralisation de la protection sociale à travers la mise en œuvre du Registre social unifié devrait permettre de mieux orienter l'aide sociale vers les ménages qui en ont réellement besoin. La réforme de la TVA quant à elle devrait améliorer la neutralité de l'impôt, encourager la transition vers l'économie formelle et élargir l'assiette de l'impôt. Selon Roberto Cardarelli, même si la réduction progressive du déficit budgétaire au cours des trois prochaines années «semble convenable», il est possible d'assurer, voire d'accélérer, le rééquilibrage des finances publiques à moyen terme. Pour cela, il sera nécessaire de poursuivre la réforme fiscale, notamment l'achèvement de la réforme de la TVA et le renforcement du rôle de l'administration fiscale, de rationaliser les dépenses, notamment les transferts vers les entreprises publiques, et d'étendre l'utilisation du Registre Social Unifié à tous les programmes sociaux. Des réformes ambitieuses à accélérer Pour stimuler la création d'emplois et rendre la croissance plus inclusive, la mission du FMI préconise d'accélérer la mise en œuvre des réformes structurelles. «La réforme des entreprises publiques, la mise en place du Fonds Mohammed VI et l'application de la nouvelle Charte de l'investissement devraient contribuer à stimuler l'investissement privé, tout comme les nouvelles initiatives visant à renforcer la lutte contre la corruption et les pratiques anticoncurrentielles», a indiqué le chef de mission du FMI au Maroc. En outre, a-t-il ajouté, la réforme du régime d'assurance chômage et l'amélioration des politiques actives du marché du travail pourraient favoriser la création d'emplois à court terme. Des efforts supplémentaires sont toutefois nécessaires pour améliorer la participation des femmes au marché du travail, qui se situe à un niveau «historiquement bas». Quant aux réformes «ambitieuses» du secteur de la santé et du système éducatif, elles promettent, selon la même source, d'améliorer l'accès à ces services et leur qualité, mais aussi de renforcer l'accumulation de capital à long terme. La mission du FMI a de même estimé que «les progrès récemment observés dans la libéralisation du marché de l'électricité, ainsi que ceux à venir, devraient encourager la transition vers les énergies renouvelables». Enfin, Roberto Cardarelli a souligné que le plan des autorités pour développer les infrastructures «est essentiel pour atténuer les problèmes de pénurie d'eau, tout comme l'ajustement des coûts de l'eau et le redoublement des efforts pour parvenir à une utilisation plus efficiente des ressources hydriques».