De la télévision à la tribune du Parlement «Si il y a un cadre du parti qui a su le mieux donner corps au concept de soutien critique au gouvernement prôné, depuis 2007, par l'USFP, c'est bien Ahmed Zaidi», souligne un militant socialiste de longue date. Tribun aux qualités d'orateur reconnues, Ahmed Zaidi occupe avec aisance, depuis bientôt quatre ans, la fonction de président du groupe parlementaire de l'USFP. Homme de consensus, conciliant et doté d'une grande capacité d'écoute, comme le décrit son entourage, il n'a pas été choisi par hasard pour la mission de rapporteur de la dernière commission d'enquête parlementaire sur les événements de Laâyoune. Des qualités qu'il a sans doute hérité de ses longues années passées devant la caméra en tant que présentateur du JT principal. Car c'est à la télé que Zaidi a fait l'essentiel de sa carrière professionnelle. Il l'a rejoint le 16 avril 1974 très exactement, après avoir réussi le tout premier concours de recrutement de la TVM. Il venait alors de sortir d'une année sabbatique après que la Faculté de droit lui ait refusé de poursuivre ses études, en 1973, pour une vague histoire d'équivalence de diplômes. Zaidi venait de rentrer d'Algérie, la même année après deux ans d'études en droit à Oran et Alger. Il n'a pas pu certes aller plus loin, mais ce n'était que partie remise. Ce natif de Bouznika, en 1953, village où il a fait ses études primaires avant d'aller à Rabat pour des études secondaires, en 1965, n'était pas homme à s'arrêter en si bon chemin malgré les écueils qui ont marqué sa vie. A commencer par le début des années 70, quand à l'issue des ses études secondaires, il s'inscrit en droit. Mais, par manque de chance, éclatent, en 1971, des grèves à l'université qui se sont soldées pas une année blanche. Zaidi s'en va, donc, quérir le savoir et un peu de tranquillité ailleurs, chez nos voisins de l'Est. Il dépose sa démission en 1985, à cause de la tutelle de Basri sur le département de l'information Après ses premières années à la télévision où il s'est illustré par un suivi de près de la question du Sahara, la nostalgie des bancs de la fac le gagne de nouveau et cette fois encore il s'arrête, juste après la licence, en première année de DES pour se rendre en France où il a suivi un long stage au Centre de formation des journalistes au CFPJ. De ces premières années à la télé, il retient le fait qu'il a permis, grâce aux téléspectateurs de découvrir, pour la première fois, le mode de vie des habitants du Sahara. Il a suivi, pendant 9 ans, les batailles qu'avaient menées les FAR contre le Polisario. Sa passion pour le sujet lui a valu le surnom de «l'homme du Sahara». Les points forts de sa carrière, c'est aussi une série d'entretiens avec d'illustres personnalités. L'ancien chancelier allemand Willy Brandt, l'ancien président sénégalais Léopold Sédar Senghor, Yasser Arafat, le roi Hussein de Jordanie, … et même un certain Hosni Moubarak, lors du Sommet arabe de Casablanca en 1985. Le 11 avril de cette année, le département de la communication passe sous la tutelle du ministre de l'intérieur de l'époque Driss Basri. Impensable pour Ahmed Zaidi qui renoue avec ses vieux démons «révolutionnaires». «Je ne pouvais pas travailler dans des conditions où mes supérieurs hiérarchiques étaient un caïd et un gouverneur qui, en plus, ignoraient tout du monde du journalisme et de la télévision», se rappelle-t-il. Il demande audience au ministre pour lui présenter sa démission de son poste de rédacteur en chef. Ce dernier l'en dissuadera avec un argument imparable. «Il m'a fait comprendre que des instructions d'en haut veulent que je continue à couvrir les activités royales», se souvient-il. Parallèlement, il assure un cours de journalisme de télévision à l'Institut supérieur de journalisme (aujourd'hui devenu ISIC) entre 1985 et 1992, année au cours de laquelle il quitte définitivement la télévision, pour se consacrer entièrement à sa carrière politique. Six campagne électorales pour trois mandats Car Zaidi est avant tout un homme politique qui a milité très jeune dans les rangs de l'Unem avant de rejoindre l'USFP. Le politicien se définit lui-même comme un battant qui a «littéralement arraché» ses trois premiers mandats de député au nom de l'USFP. «Je suis peut-être le seul parlementaire à avoir faire six campagnes électorales pour trois mandats», dit-il. De sa première campagne électorale, en 1993, il garde encore un arrière-goût amer. Malgré ses 20 000 voix, c'est son rival, un ex-ministre, Abdelkamel Rerhaye, qui est déclaré élu aux élections de juin 1993. «Il est clair que les résultats des élections étaient truqués», affirme Zaidi. Mais, ce dont il se rappelle encore plus c'est cette première marche de contestation dans l'histoire du Maroc qu'ont entrepris les habitants de sa circonscription en direction de la résidence royale à Bouznika pour protester contre cette flagrante manipulation de leur volonté exprimée par la voie des urnes. Ahmed Zaidi qui eut un appui national et international sans précédent a présenté un recours et le Conseil constitutionnel a statué en un temps record. Il lui fallut un seul mois pour rendre son jugement, mais le ministère de l'intérieur en mettra plusieurs pour l'exécuter. Entre-temps, Zaidi dû être hospitalisé d'urgence à l'étranger. Et c'est le moment que choisit le ministère de l'intérieur pour annoncer des élections partielles. Zaidi n'eut le choix que de refaire campagne, alors même qu'il portait encore ses bandages post-opératoires. Il deviendra alors député. Les deux scrutins suivants, celui de 1997 et celui de 2002, ont également été annulés suite à des recours sans que la mise en cause ne le concerne. En 1992, lors des communales d'octobre, l'ancienne vedette de la télé n'eut, par contre, pas trop à souffrir pour se faire élire président de sa commune, Bouznika. Plus tard, il devient président de Cherrat suite à un découpage électoral qui a fait de cette commune l'une des plus pauvres du Royaume, puisque ne disposant pas de budget ni même pas, à ses débuts, d'un local. Depuis cette date, il préside à la destinée de cette commune rurale qui lui fait confiance déjà en 1977 au point d'en faire, à l'âge de 24 ans, le plus jeune conseiller communal dans le monde rural au Maroc, également au nom de l'USFP dont il est, aujourd'hui, membre du bureau politique.