Après coup de Mr Et-Tayeb Houdaifa. Il fut un temps où les terrasses paraissaient comme les parures les plus précieuses des cafés. Elles remplaçaient tous les théâtres en plein air concevables pour amuser l'homme. Elles étaient les terrasses mêmes de la vie. On s'y sentait libre, heureux, en état de sympathie avec le reste du monde. On y écoutait murmurer la vie. C'était un bruit de jeunes filles en fleur, de pas flâneurs ou décidés, de bavardages incertains et de poésie. Aujourd'hui, à moins de trouver refuge en ces lieux huppés et surprotégés, où un thé imbuvable coûte davantage qu'un pastiche, siroter sa boisson favorite à la terrasse d'un café relève du calvaire. A peine attablé, un cireur vous proposera ses services. Vous parvenez à vous en défaire, et c'est un autre qui se pointera à votre horizon. Tant que vos pompes ne brilleront pas d'un vif éclat, vous en serez assailli. Aux terrasses défile, pour votre intranquillité, toute la palette des mendigots : les infirmes, les souffreteux, les solides gaillards oisifs, les figures patibulaires… Si vous ne leur donnez pas la pièce, certains passent leur chemin, tandis que d'autres insistent, s'incrustent, il y en a même qui vous injurent ou sifflent votre verre… Vous n'échapperez pas non plus au harcèlement des vendeurs à la sauvette ni aux monologues extérieurs d'azimutés écumant les artères de la ville. De quoi vous dégoûter des terrasses. Mais celles-ci ont leurs accros. Ils ont le mérite de braver une foule de désagréments pour en assouvir leur désir. A leur bon thé !