La bataille des jetons empoisonne le secteur. La bataille des jetons qui fait rage dans le secteur des peintures a finalement atteint le Conseil de la concurrence. Depuis quelques années, en effet, grands et petits industriels sont aux prises au sujet de la pratique des jetons très ancienne dans le secteur. L'idée est simple : pour encourager les peintres à prescrire leurs produits à leurs clients, des fabricants ont eu l'idée de glisser dans chaque pot de peinture un jeton, d'une valeur de 70, 100 voire 200 DH, que le peintre peut reconvertir par la suite chez le droguiste soit en argent liquide soit en produit du même fabricant. Mais aujourd'hui, des industriels, notamment les grands comme Colorado et Akzo, dénoncent la pratique car elle tourne à la concurrence déloyale et demandent à ce qu'elle soit bannie. En face, les petits industriels, eux, refusent, estimant qu'il est injuste que les grands, qui ont eux-mêmes profité de ce système, veuillent les en priver. N'ayant pu trouver un terrain d'entente au sein de leur association professionnelle, les industriels s'en sont remis à l'arbitrage du Conseil de la concurrence. Mercredi 7 juillet, une réunion a été organisée au siège du conseil à Rabat, sans résultat. En fait, et comme l'explique un responsable lui-même, «le recours au conseil n'avait aucune utilité car nous sommes impuissants de par les textes qui nous régissent ; nous ne pouvons entamer d'enquête ni instruire un dossier que si nous sommes saisis par l'association». Or les membres de l'association sont eux-mêmes partagés sur la question. Au-delà, ce nouvel épisode des peintures vient une fois de plus mettre en lumière l'absence de marge de manœuvre du conseil. D'ailleurs, ce dernier n'a même pas le droit de rendre public son rapport d'activité tant que le Premier ministre ne l'y a pas autorisé. Qui a parlé d'indépendance ?