Interdiction des jetons de peinture Nadia El Rhzaoui- MAP La très décriée pratique anti-concurrentielle des jetons de peinture, qui avait cours depuis plusieurs années, a été catégoriquement interdite au grand bénéfice du consommateur. La pratique contestée par plusieurs opérateurs a été officiellement prohibée en mars dernier par le ministère de l'Industrie, du commerce, de l'économie verte et numérique, une interdiction qui s'inscrit dans le cadre des mesures édictées par la loi pour la protection du consommateur et de la liberté des prix et de la concurrence. Cette pratique consiste à échanger un jeton ou ticket introduit dans le pot de peinture contre une somme égale au nombre de points qu'il contient et dont la valeur peut dépasser 100 DH. Elle bénéficie uniquement à l'artisan peintre, puisque le prix (du pot) est supporté en sa totalité par le consommateur. Les professionnels et fabricants de peinture de bâtiment ont été avertis. Ils ont l'obligation de retirer, de façon définitive, du marché tous types de jetons d'ici le 30 avril, faute de quoi, des sanctions seront infligées aux contrevenants. Le ministre de l'Industrie, du commerce et de l'économie verte et numérique, Moulay Hafid Elalamy, les avait d'ailleurs réunis, en mars dernier pour les informer de cette mesure à laquelle il ont tous accepté de se conformer. Le ministère a ainsi interdit catégoriquement la pratique du jeton sous toutes ses formes (tickets, tickets à gratter, points de fidélité, cartes de fidélité, carte à points, applications informatiques, QR code...), ainsi que tout programme d'intéressement ou fidélité lié à la vente de la peinture, qu'il soit destiné au peintre, au revendeur ou autres et ce, quelle qu'en soit la forme. Cette pratique qui était devenue monnaie courante profitait exclusivement à l'artisan peintre qui perçoit auprès des distributeurs sa valeur en espèces. Ces derniers en général les droguistes remettent les jetons collectés aux fabricants et reçoivent, en contrepartie, les produits de peinture avec des dégressifs sur le prix d'achat. »Il est inadmissible que ce genre de pratique continue de sévir sur le marché national au nom de la concurrence », avait souligné le ministre, déplorant que cette pratique conduisant au renchérissement du prix se fait au détriment du citoyen, en violation des lois en vigueur de la protection du consommateur, de la liberté des prix et de la concurrence. Pour mettre à exécution cette décision, le ministère a mis en place, en parallèle, un dispositif de contrôle déployé au niveau des usines, des circuits de distribution et à l'import pour veiller au respect de l'arrêt de cette pratique. Abdessamad Jennane, membre de l'Association marocaine des industries de peinture (AMIPEC), s'est dit »particulièrement satisfait » de la résolution de ce problème et de la dynamique engagée par le ministère, à même de favoriser la relance et le développement de ce secteur, outre la redynamisation de l'AMIPEC qui a tant souffert de cette problématique. »L'idée étant de renforcer cette association pour mieux servir les industriels, les partenaires revendeurs et peintres en plus d'offrir au consommateur final un produit de qualité, conforme aux normes nationales et internationales avec le meilleur rapport qualité-prix », a-t-il assuré. Mohamed Salimi, un client qui s'apprêtait à repeindre sa maison, s'est réjoui de l'interdiction de ce subterfuge marketing car le prix du pot de peinture est supporté en sa totalité par le consommateur final, notant que l'artisan peintre ne sera plus en mesure de faire des recommandations répondant à ses propres intérêts au détriment du consommateur final et ne pourra plus orienter le choix de ses clients vers les plus offrants. Le client, qui bien souvent ignore le système de jetons glissés dans le produit, était le grand perdant car il devait se plier aux choix de l'artisan peintre qui désormais, ne va plus opter pour des pots de peinture spécifiques sur la base d'un intéressement mais va se tourner vers des produits de meilleure qualité et choisir la marque la plus adaptée, a-t-il indiqué dans une déclaration à la MAP. Pour Abdallah, un autre client qui a fait part de son satisfecit suite à cette décision, la pratique du bonus absorbe des budgets conséquents, faisant observer que si le professionnel engrange des bénéfices avec les jetons glissés dans les pots de peinture et l'applicateur profite d'une promotion sur un produit et se fait payer par deux parties, ce n'est pas le cas pour le client qui n'en tire aucun bénéfice. Il faut bien signaler que cette pratique est incriminée par le code pénal marocain. Dans son article 339, le texte stipule que ''la fabrication, l'émission, la distribution, la vente ou l'introduction sur le territoire du Royaume de signes monétaires ayant pour objet de suppléer ou de remplacer les monnaies ayant cours légal est punie de l'emprisonnement d'un à cinq ans et d'une amende de 500 à 20.000 dirhams''.