Au moment où le ballon d'or en exercice s'est envolé pour Jeddah pour rejoindre le club d'Al Ittihad, une certaine presse de l'Hexagone déverse son fiel. La désormais ancienne star du Real Madrid et de l'équipe de France, Karim Benzema, a choisi d'aller jouer en terre d'Islam avec Al Ittihad Club. Certains médias de l'Hexagone se sont tout à coup mis à décortiquer cette «grande offensive saoudienne visant les stars du football européen». On parle également du Fonds souverain saoudien (PIF), un des plus riches au monde, qui serait en chasse de toute star du ballon rond ; on avance même une liste soi-disant déjà établie. En plus de Ronaldo et Benzema il y aurait également pour cibles Luka Modric, Hugo Lloris, N'Golo Kanté, Sergio Ramos, Jordi Alba et Sergio Busquets, Angel Di Maria ou encore le Brésilien Roberto Firmino... Pour un observateur marocain lambda, dépourvu des moyens des médias français, la première chose à soulever c'est l'absence des noms d'autres «stars» du football européen officieusement approchés par des responsables sportifs saoudiens : Yassine Bounou et Hakim Ziyech. On a omis d'en parler dans les longues diatribes consacrées à ce sujet. La deuxième chose à relever dans ce qui se publie sont les phrases assassines glissées au milieu d'un texte qui parle de transactions footballistiques, du genre «l'Arabie Saoudite tente d'améliorer son image liée à un islam rigoriste», «toutes ces initiatives lui valent d'être accusée de vouloir "blanchir par le sport" son bilan en matière de droits humains», «les Saoudiens veulent concurrencer la Premier League anglaise», «une nation en quête de reconnaissance» et ainsi de suite. Mais est-ce que l'Arabie saoudite a vraiment besoin de Messi ou de Benzema pour être un acteur reconnu ? Où sont passés son poids diplomatique, cultuel, et économique et sa fameuse production de pétrole ? Mais dans une presse qui se respecte et ne se met pas totalement au service des services, on lit, dans un article du «New York Times» que le but de l'Arabie saoudite est de s'imposer comme puissance de sport pour, à terme, organiser avec l'Egypte et la Grèce la Coupe du monde de 2030. Et même plus tard les Jeux olympiques et paralympiques. Au Maroc on s'est toujours intéressé au championnat saoudien en raison de la présence permanente de joueurs ou de techniciens marocains pratiquant au pays des Haramayn. Et à propos de stars recrutées par l'Arabie, cela ne date pas de Ronaldo. En 1978, Roberto Rivelino part jouer à Al Hilal. Il y remporte le Championnat d'Arabie saoudite en 1979 puis la Coupe du Roi l'année suivante. Pour ceux qui ne connaîtraient pas ce joueur, c'est le capitaine d'équipe du Brésil de 1974 à 1980. C'est l'héritier du numéro 10 après Pelé et cela, dans le temps, avait une grande signification. Dans la même période où Rivelino jouait au championnat saoudien, deux grands talents y figuraient aussi. Il s'agit de feu Mustapha Choukri, alias Pétchou avec le club d'Al Wahda et feu Abdellatif Beggar. Par la suite, la liste des footballeurs marocains va déborder de noms, de Salaheddine Bassir, à Camacho et Said Rokbi jusqu'à Hamdallah, Azarou, Fayçal Fajr ou encore Mourad Batna, pour ne citer que ceux-ci.