La signature de 19 contrats-programmes des filières agricoles a été l'occasion pour le Chef du gouvernement de récapituler le chemin parcouru par le Royaume en termes de souveraineté alimentaire et indiquer la voie à suivre pour la consolider. Difficile pour un Aziz Akhannouch de raccrocher les crampons de ses bottes de premier interlocuteur des fellahs du bled... Il a passé tout de même 14 ans à la tête du département de l'Agriculture. Normal alors que le Salon international de l'Agriculture de Meknès (SIAM) – lancé à la veille de sa prise de fonction et qui a pris de l'ampleur au fil de ses trois mandats – reste un de ses domaines préférés, pour ne pas dire son jardin de curé. Le Chef de gouvernement n'allait donc pas rater le rendez-vous de l'inauguration officielle de la reprise du SIAM post-Covid (du 2 au 7 mai) et encore moins le moment phare de l'événement : Celui de la signature de 19 contrats-programmes avec les principales filières de production avec son enveloppe financière de 110 milliards de dirhams, dont 47% de contribution du privé.* Une nouvelle génération donc de contrats-programmes qui s'inscrit dans le cadre d'une vision stratégique (elle-même) de deuxième génération pour le secteur agricole. Generation Green, on connait, vise à consolider les acquis indéniables du Plan Maroc Vert conçu et piloté par le cabinet Akhannouch et qui a amorcé une métamorphose de la politique agricole d'un pays où on disait que « pleuvoir, c'est gouverner ».
Tangible & éloquent Le bilan minutieusement établi et chiffré avait d'ailleurs été présenté à l'échéance 2020 de cette stratégie, mais le Chef de gouvernement n'a pas manqué de synthétiser à Meknès ses réalisations aussi tangibles qu'éloquentes : chaque dirham de subvention publique dépensé a mobilisé 2,3 dirhams d'investissements privés qui ont totalisé 79 milliards de dirhams : doublement de la contribution du secteur agricole au PIB autour de 14,8%, création de plus de 35 millions de journées de travail supplémentaires dans le monde rural, valorisation de 2 milliards de mètres cubes d'eau d'irrigation. Aussi, il y a eu le développement des filières végétales et animales de manière à assurer la couverture nationale des besoins de base avec des taux atteignant 100% pour les légumes, les fruits et la volaille. Une prouesse accomplie alors que la valeur des exportations agricoles a été multipliée par 2,7. Ce bilan sonne comme la meilleure réponse à ceux qui remettent en cause l'édification des bonnes bases pour assurer au Maroc sa souveraineté alimentaire, thématique d'ailleurs choisie pour cette 15ème édition du SIAM. « Peine perdue pour quiconque veut surenchérir politiquement sur le Plan Maroc Vert... Les Marocains savent ce qui a changé dans leurs assiettes ces dernières années », ironise Aziz Akhannouch. C'est vrai que les quadras peuvent se souvenir, entre autres, du calvaire de la disponibilité de la brique de lait « Centrale » pendant les Ramadans des Nineties...
Contraintes & souveraineté La problématique de souveraineté alimentaire est certes devenue plus accrue ces dernières années, en raison de la sécheresse (inédite depuis 1981) qui a contraint l'Exécutif à fermer les vannes de l'irrigation sur une partie non négligeable des surfaces cultivées. Le renchérissement des prix des intrants au niveau mondial est venu rendre plus ardue la tâche d'alimenter les marchés de manière régulière et de limiter, autant que possible, le yoyo de la courbe des prix. « Le gouvernement agit par l'intermédiaire du ministère de l'Agriculture et du ministère des Finances afin de réduire le coût de production pour les agriculteurs et, de facto, les prix pour le citoyen », rassure dans ce sens le Chef du gouvernement. Concernant l'exportation, il a tenu à remettre les choses dans l'ordre. « Nous sommes pour l'exportation, mais avec un marché intérieur bien approvisionné et des prix des produits agricoles sur le marché intérieur à la portée du citoyen », insiste-t-il pour rappeler une approche qui a toujours été de mise. Pour preuve, ce récent rapport d'un expert de la Banque mondiale qui soutient que le Maroc n'a pas exporté plus de 5,2% de son eau agricole sur la période 2012-2019. De quoi faire couler les contre-vérités au sujet de l'abus sur notre balance « hydrauli-commerciale ».
L'élément humain Dans ces nouveaux contrats-programmes, 27 % des incitations sont destinées au financement des technologies d'économie d'eau pour l'irrigation. Et aux filières qui ont connu des perturbations dans les chaînes de valeur et de production, une attention particulière a été accordée. Le budget programmé au profit du lait et viandes rouges dépasse 26 milliards de dirhams, soit 22% du budget total, avec comme objectif l'augmentation de la production de 40% et de 216.000 têtes le cheptel de vaches laitières. Idem pour le secteur maraîcher auquel 8 milliards de dirhams sont alloués de manière à augmenter la production d'environ 54%. L'intérêt porté à ces filières traduit la volonté ferme du gouvernement de continuer d'œuvrer pour leur développement et leur performance. Cela incarne également la capacité de Generation Green de s'adapter à la conjoncture tout en gardant le focus sur ses axes stratégiques qui au-delà de la valorisation et de la modernisation des filières, place l'élément humain au centre de la politique agricole. À rappeler que ce plan stratégique, présenté devant le Souverain en 2000, a pour ambition de favoriser l'émergence d'une nouvelle génération de classe moyenne paysanne englobant 350.000 familles. D'où cet appel d'Akhannouch aux agriculteurs de « s'atteler à Generation Green », tout comme ils l'avaient fait pour le Plan Maroc Vert. C'est par là que passeront le train de développement du secteur agricole et l'émergence d'un nouveau Maroc rural...