Difficile de dire combien de compagnies pratiquent ce type d'assurance et quels sont les produits qu'elles commercialisent. Pourtant cette niche recèle un grand potentiel. Assurance automobile, assurance maladie, assurance habitation, assurance voyage..., sont des produits qui font aujourd'hui partie intégrante de la vie d'un grand nombre de Marocains. D'autres produits d'assurance sont, en revanche, beaucoup moins connus et ne suscitent pas beaucoup d'engouement. C'est le cas notamment d'un produit d'assurance non obligatoire et dont l'existence est assez récente au Maroc : l'assurance affinitaire. Il s'agit d'un contrat d'assurance complémentaire proposé lors de l'achat d'un bien ou d'un service par un distributeur non assureur. L'assurance affinitaire peut prendre la forme d'une extension de garantie d'un bien de consommation (smartphone, ordinateur, téléviseur, machine à laver, réfrigérateur, etc.), d'une assurance sur ce bien en cas de perte – négligence inclue – (vol, casse ou oxydation), ou encore d'un service (remboursement des frais engagés en cas d'annulation de voyage, assistance). L'assurance affinitaire peut être souscrite au moment de l'achat d'un bien en magasin, auprès d'un banquier (assurance liée à la carte bancaire), ou dans certains cas en ligne. Afin de faire le point sur la situation de ce service au Maroc, une étude sur «les Marocains et les assurances affinitaires» a été réalisée par le cabinet de conseil Think ONE, à l'occasion de la première édition des Trophées de l'Assurance, qui s'est tenue en février dernier à Casablanca. L'étude en question est une enquête menée dans neuf régions du Royaume, auprès de 600 personnes dont 51% perçoivent un revenu mensuel entre 3.000 et 7.000 DH, 33% un revenu entre 7.000 et 15.000 DH et 16% un revenu supérieur à 15.000 DH. Parmi les participants, 80% ont déjà souscrit à une assurance (tous types confondus), en particulier l'assurance automobile (53 %), suivie de l'assurance santé, de l'assurance crédit emprunteur et, enfin, de l'assurance habitation (12%). Encore au stade embryonnaire Sur l'ensemble des personnes interrogées, 66% déclarent avoir déjà bénéficié d'au moins une assurance ou garantie affinitaire, 27% affirment avoir un intérêt pour ce type de produit et 76% en connaissent au moins une, notamment l'extension de garantie pour les véhicules de transport et l'assurance carte bancaire. Les extensions de garantie des produits de l'électroménager, l'assurance annulation de voyage, l'assurance casse ou vol de téléphone portable sont, quant à elles, beaucoup moins connues. En termes de budget, 23% des répondants se disent prêts à consacrer au moins 250 DH par an à ce type de produits, à condition que les dispositions du contrat soient claires et que celui-ci soit facile à résilier. Parmi les évènements qui ont marqué l'évolution du marché, à noter le lancement, en 2019, par Atlanta Assurances, en partenariat avec la filiale marocaine du groupe Bosch, de la première assurance affinitaire au Maroc dédiée aux produits de l'électroménager (sous forme d'extension de garantie). Mais force est de constater que le marché de l'assurance affinitaire ne s'est pas beaucoup développé au cours de ces dernières années. Parmi les explications avancées, il y a le fait que les compagnies d'assurance marocaines ne disposent pas de chiffres sur la sinistralité, contrairement aux compagnies des pays européens où l'assurance affinitaire existe depuis des décennies. Car si les biens de consommation sont généralement les mêmes qu'en Europe, la manière dont ils sont utilisés au Maroc n'est pas forcément la même. Il n'en reste pas moins que l'assurance affinitaire constitue une niche assez intéressante et qu'il existe de réelles perspectives de croissance sur le marché marocain. Bachir Baddou, directeur général de la Fédération marocaine des sociétés d'assurances et de réassurance (FMSAR), constate à son tour qu'«au Maroc, l'assurance affinitaire n'est pas encore très développée. Ilya des compagnies qui s'y intéressent et qui développent des offres, mais il est difficile de dire combien de compagnies pratiquent ce type d'assurance et quels sont les produits qu'elles commercialisent». Et de nuancer : «Il s'agit néanmoins de petites primes. C'est un marché certes en devenir, mais qui restera relativement petit». Dans les pays où elles sont pratiquées, les assurances affinitaires sont souvent critiquées pour le peu d'informations communiquées aux clients, ainsi que pour le défaut de transparence au niveau des conditions de garantie, surtout en cas de dommage accidentel et de vol. Ce qui fait dire à Hicham Benjelloun, conseiller en assurance, qu'«il est nécessaire pour les souscripteurs de bien s'informer, au préalable, sur les dispositions du contrat, notamment en ce qui concerne les clauses d'exclusion et les limites de garantie». La page verso du contrat, avec ses petits caractères, recèlent souvent bien de dispositions surprises. Information & rétractation En France, les clients disposent, depuis ce 1er janvier, d'un délai de rétractation d'un mois et non plus de deux semaines pour renoncer à leurs contrats d'assurance affinitaire. L'objectif est d'éviter aux clients d'être la proie de vendeurs mal intentionnés ou pas suffisamment formés à la vente de ce type de produits. D'autres mesures devraient prochainement entrer en vigueur, telles que la séparation des contrats d'assurance affinitaire de l'acte d'achat du bien ou du service, ainsi que l'obligation de faire apparaître clairement le nom de l'assureur sur les documents contractuels remis à l'assuré. De même que l'assureur devra envoyer, chaque année, au client une information complète comprenant, entre autres, le montant des primes de l'année à venir, ainsi qu'un rappel des conditions de résiliation du contrat. Une évolution du cadre légal qui va dans le sens de la protection de la clientèle et dont d'autres pays pourraient bien s'inspirer.