La procrastination est la conséquence naturelle d'une surcharge de travail Face à la surcharge de travail, de plus en plus de personnes repoussent à plus tard certains dossiers pour pouvoir mieux les traiter. Une erreur, selon Majda Benlemlih, consultante chez Dale Carnegie Maroc, qui évoque dans cette interview les conséquences sur le travail et les moyens de remédier à cette mauvaise habitude. La procrastination est-elle courante chez les employés et managers ? Oui, et de plus en plus, car les individus n'ont jamais eu autant de travail ! Or, paradoxalement c'est le fait d'en avoir trop qui nous paralyse et entraîne la procrastination. Nous sommes dans le culte de la performance, de la réussite professionnelle à tout prix, aussi, une des manières de réagir à cette situation est de tomber dans ce piège. Il y a bien sûr des personnes qui adorent procrastiner pour avoir le plaisir de boucler le dossier urgent à la dernière minute, car pour elles, urgence rime avec efficacité, ce qui est malheureusement, le plus souvent, faux ! Mais le dénominateur commun des «procrastinateurs» c'est une mauvaise gestion du temps qui se traduit par une quantification du temps pour le traitement d'une tâche inadéquate, d'une priorisation quasi inexistante ! Enfin, procrastiner c'est le summum du stress : celui qui nous rend «amorphes» et nous paralyse, et cela peut aussi provenir de l'environnement de travail de la personne : un entretien d'évaluation qui s'est mal passé, un manager tyrannique ou trop «gentil», un souci à la maison… Vous le voyez, les causes sont multiples et les pièges nombreux ! Quelles sont ses conséquences sur le travail ? Tout simplement un retard dans l'ensemble de la chaîne de valeurs de l'entreprise. Comme vous le savez, le travail en mode projet est de plus en plus courant et combien de fois entendons-nous les participants se plaindre du fait que certains acteurs d'un projet sont défaillants retardant ainsi le livrable commun. En ce monde de l'instant, de la proactivité, de l'efficience, la procrastination est un ennemi redoutable dans lequel peuvent rapidement s'engouffrer nos concurrents ! Sans oublier l'ambiance au sein d'une équipe qui est fragilisée. La procrastination peut pourtant être bénéfique… Parfois, ça fait du bien de prendre le temps de souffler ! Nous ne pouvons pas être super efficients 10 heures par jour ! Aussi, il est important de savoir parfois aller progressivement. De même qu'il s'agit de ne pas culpabiliser à chaque «crise de procrastination». Enfin, il ne faut pas confondre procrastination et recul. Parfois, il est indispensable de se reposer, de traiter un dossier avec lenteur car cela est nécessaire. En d'autres termes, la procrastination est bénéfique pourvu que nous la maîtrisions et non le contraire. Comment peut-on lutter contre ce phénomène ? Pour sortir de la procrastination, il est important d'agir sur notre moral à travers la pensée positive, donc sur notre motivation. En clair, combattre certaines idées qui peuvent bloquer notre action tel que : «Ils vont trouver mon travail médiocre», «je ne suis pas du matin»… Mais la responsabilité première revient au manager direct qui doit être attentif à tout signal et réagir rapidement avant que le «mal» ne soit trop profond. Ainsi, une discussion avec le collaborateur, un échange pour mieux comprendre les raisons de son mode de fonctionnement et un plan d'action correctif (je veux être mis sur des missions plus valorisantes, j'ai besoin d'une formation, je voudrais être plus responsabilisé/challenge…) permettront certainement de lui redonner du tonus ! Et je terminerais par un de nos principes Dale Carnegie que nous appelons les «4 bonnes habitudes» : – débarrassez votre bureau de tout ce qui ne concerne pas le travail en cours ; – exécutez vos tâches par ordre d'importance ; – résolvez un problème sur le champ si vous avez suffisamment d'éléments pour décider ; – apprenez à organiser, à déléguer et à superviser.