En 2022, ils étaient plus de 100.000 personnes à bénéficier du programme de chantiers nationaux. Et parce que la greffe a tenu, le gouvernement lance la phase 2 encadrée par 4 conventions. Après le succès rencontré par la première édition du programme Awrach1, le gouvernement a procédé au lancement, officiel, d'Awrach II. S'il est vrai que l'Exécutif n'a pas attendu le 11 mars pour remettre en branle la machine, puisqu'on avait assisté, depuis le début de l'année, aux premières déclinaisons régionales, il n'en demeure pas moins que ce moment de ce mardi 11 avril à Rabat revêt un caractère particulier. En effet, deux membres du gouvernement (le ministre délégué chargé du Budget et le ministre en charge de l'Inclusion économique) et autant de hauts cadres (en les personnes du directeur général de la CNSS et celui par intérim de l'Anapec) ont procédé à la signature de quatre conventions, visant à réunir les conditions optimums pour réussir le challenge de créer au moins 125.000 opportunités d'emploi, des 250.000 répartis entre 2022-2023 que compte le programme, au cours de la phase 2 d'Awrach. S'il devait y avoir un seul leitmotiv qui traverse le discours gouvernemental, le mot «emploi» figurerait en première place. Plutôt normal, quand on prend en ligne de compte le double poids que pèse le chômage, notamment des jeunes, et sur les concernés et sur leurs familles directement, mais aussi sur le tissu sociétal dans son ensemble. Certes, pendant des années, après de multiples diagnostics qui n'ont fait que confirmer un état de santé qu'on ne connaissait que trop, on a procédé par des traitements ventilés dans le temps. Toujours est-il qu'on avait surtout tendance à subdiviser les populations cibles avec une «focalisation» sur les «diplômés chômeurs». Chemin faisant, on avait laissé sur le bord de la route des dizaines de milliers de jeunes, dont pratiquement personne ne parlait, sans diplômes. Double calvaire. Or, c'est en réponse à cette préoccupation que le gouvernement, tout en prêtant attention aux différents pans des sans-emploi, a pris sur lui de consacrer, en partie, le programme Awrach à cette population. Une réponse à double foyer, en fait. Car, autant elle constitue une «issue» même provisoire bien qu'appelée à s'inscrire dans le pérenne, pour les bénéficiaires, elle est aussi au service des territoires, des associations et autres coopératives et TPE. La nature des chantiers étant, entre autres, de servir de leviers pour le développement d'actions au profit de la collectivité, ainsi qu'un moyen de renfort du capital humain de certaines entités dont les petites structures de production.
De quoi s'agit-il... Revenant aux quatre conventions signées, dans le détail, la première fixe les modalités de versement des crédits nécessaires au déploiement de la phase 2023 du programme. Il est question, en fait, de la définition des procédures et des modalités de transfert des salaires et des primes d'appui à l'emploi destinées aux employeurs concernés et ce, que ce soit pour les chantiers publics provisoires ou ceux d'appui à l'emploi durable, par l'intermédiaire de la CNSS. La Caisse étant chargée pour servir les salaires aux employés recrutés dans le cadre de ce programme. Pour ce qui est de la deuxième convention, il s'agit d'un contrat-programme ayant pour objet d'acter les «chantiers d'appui à l'emploi durable» et les «chantiers provisoires prioritaires au niveau national» (CPPNN). Par ailleurs, la troisième convention porte sur un manuel de procédures fixant les modalités d'octroi de la prime d'appui à l'emploi (PAE), ainsi que la mise en œuvre des CPPNN. Sachant que la PAE est une subvention incitative, à hauteur de 1.500 DH/mois, pendant une durée de 9 mois pour chaque bénéficiaire intégré. L'objectif, précise-t-on, étant de permettre aux personnes rencontrant des difficultés d'insertion sur le marché du travail pendant une durée minimale de 12 mois, de développer des compétences pour une insertion durable. De même que cette prime permet à l'employeur de renforcer ses RH tout en bénéficiant d'un appui financier. La quatrième convention, elle, un avenant à la procédure relative au programme «TAEHIL», vise à faire profiter les non-diplômés, bénéficiaires de la PAE, de la formation contractualisée pour l'emploi. Concrètement, les chercheurs d'emploi inscrits à l'Anapec, qui sont au moins titulaires d'un baccalauréat ou lauréats de la formation professionnelle et sélectionnés par un employeur dans le cadre d'une action de recrutement, mais aussi les candidats, non diplômés, relevant du programme Awrach, sont éligibles pour bénéficier de cette formation. C'est qu'il ne s'agit nullement d'offrir une «occupation provisoire et rémunérée» pour les bénéficiaires, mais surtout de renforcer leur employabilité pour une insertion durable dans le tissu productif. En effet, ce n'est pas pour rien que le gouvernement a prévu, dans le cadre de la Loi de finances 2023, la conséquente enveloppe de plus de 2 milliards de dirhams injectés dans ce chantier. Et le meilleur retour sur investissement sera, justement, d'inscrire les effets de ce programme dans la durée.
Awrach 1, le bilan C'est sur la base de l'encourageant bilan d'Awrach 1 que le gouvernement a dessiné les contours d'Awrach 2. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. En effet, pas moins de 103.599 personnes en ont bénéficié, avec cette précision d'importance que 30% des bénéficiaires sont des femmes. Par ailleurs, avec le souci d'assurer un certain équilibre territorial entre le milieu urbain et le monde rural, 50% des bénéficiaires sont issus des campagnes marocaines. Et comme ce programme est mû par l'ambition de donner leur chance à certaines franges quasiment exclues, et pendant des années, du circuit de l'employabilité, 70% des bénéficiaires d'Awrach 1 n'ont aucun diplôme. Un autre détail à retenir, aussi, est relatif au fait que plusieurs dizaines de milliers de bénéficiaires, 30.000 exactement, se sont vu offrir des formations pouvant les aider à se maintenir dans le tissu productif au terme de l'expérience.