Il n'y a pas si longtemps que ça, la femme marocaine était traditionnellement en rupture avec le sport. Il a fallu attendre le début des années 1970 pour qu'elle puisse légitimement commencer à faire son entrée dans le monde sportif. Le 8 mars de chaque année, on évoque cette lutte de la femme marocaine pour ses droits, sa présence aux côtés de l'homme quelle que soit la situation. Alors, par où on commence ? Par Malika El Fassi, la seule femme ayant signé le Manifeste de l'indépendance en 1944 ? Ou par la pilote Touria Chaoui, première femme arabe, musulmane et africaine à avoir tenu les commandes d'un avion, après avoir obtenu le brevet de pilotage en 1951, à l'âge de 16 ans... Elles sont nombreuses ces femmes qui ont honoré le Maroc à travers les années. Rien que dans le domaine des sports, on retrouve Nawal El Moutawakel, première femme arabe, musulmane et africaine qui a gagné une médaille d'or olympique en 1984, à Los Angeles, ouvrant ainsi la voie aux générations suivantes qui vont cartonner par la suite dans le domaine de l'athlétisme. C'est le cas notamment de feue Fatema Aouam qui a pulvérisé le record mondial du double mile en 1987, ou encore Nezha Bidouane, championne du monde aux 400 mètres haies, Hasna Benhassi dans les 800 mètres, et la liste est longue. Et si on se contentait uniquement de cette saison, on peut citer Khadija El Mardi qui a gagné la médaille d'argent aux Championnats du monde de boxe avant de récidiver en septembre dernier avec une médaille d'or au Championnat d'Afrique de la même discipline. On peut également citer l'arbitre internationale Bouchra Karboubi et aussi la belle prestation de la sélection nationale féminine de football et des joueuses des FAR championnes d'Afrique. Cela, sans oublier, bien entendu, l'accueil historique par S.M. Mohammed VI des mères des joueurs de l'équipe nationale suite au grand exploit réalisé au Mondial du Qatar en guise de reconnaissance des valeurs originales marocaines inculquées à leurs enfants. Au Maroc, le foot féminin brille sur tous les fronts Le rayonnement du football national n'est désormais plus l'apanage des hommes. La discipline au féminin a fait bien des pas en avant depuis près d'une vingtaine d'années, grâce à la vision clairvoyante du Souverain. Les débuts n'étaient pas faciles. Il y avait beaucoup de contraintes et d'embûches à surmonter, sachant que les familles marocaines, de manière générale, n'ont jamais toléré que leurs filles jouent au football. Mais les encouragements de la FRMF et les échos du foot féminin à travers le monde ont fini par changer la donne. Le football au féminin s'est rapidement imposé en quelques années. Aujourd'hui, tous les clubs de football au niveau national sont obligés d'avoir une section féminine. D'où cette rapide évolution. Finale de la CAN, le nouveau virage En juillet 2022, le Maroc a organisé la CAN (femmes). Lors de leur première rencontre, les Lionnes vont battre l'équipe du Burkina Faso pour enchaîner avec une série de victoires face au Sénégal, l'Ouganda, avant de créer la surprise en éliminant l'équipe nigériane, pourtant favorite et grande habituée de ce championnat continental, lors de la séance des tirs au but. Epuisées après cet exploit, les Lionnes vont succomber lors de la finale jouée contre une autre équipe favorite, l'Afrique du Sud. Mais il faut reconnaître que personne, ou presque, ne s'attendait à ce que l'équipe nationale féminine du Maroc éliminerait un mastodonte de la compétition en demi-finale. Il suffit de rappeler que l'équipe du Nigéria féminine de football participe pour la quatorzième fois à la CAN et compte huit participations en Coupe du monde (quarts de finale en 1999). Malgré la défaite en finale, tous les Marocains ont fortement applaudi l'équipe nationale. D'ailleurs, le public était très nombreux tout au long de cette compétition, femmes, hommes, enfants… Tous étaient derrière des Lionnes très appliquées autant sur le plan de jeu que du côté fair-play... Les spectateurs montraient clairement leur fierté de la prestation de l'équipe nationale qui, par la même occasion, est devenue la première sélection arabe à participer à une Coupe du monde féminine de football. Celle de 2023 qui se déroulera en Australie et en Nouvelle-Zélande, du 20 juillet au 20 août prochains. Les Lionnes se trouvent dans le 8e groupe aux côtés de l'Allemagne, la Colombie et la Corée du Sud. Des Lionnes professionnelles parmi la sélection Plusieurs joueuses professionnelles font partie des Lionnes de l'Atlas dont la plus célèbre est Rosella Annie Ayane, l'attaquante au club anglais de Tottenham Hotspur. Née de père marocain et de mère anglaise, Rosella a d'abord joué, jeune, sous les couleurs de l'Angleterre. Mais son cœur va vite basculer du côté des Lionnes de l'Atlas et du pays d'origine de son père. Rosella a laissé une très bonne impression lors de la CAN et on compte beaucoup sur elle lors de la prochaine Coupe du monde. Il y a aussi Alia Belkrim (FC Zurich/Suisse), Soukaina Ouzraoui Dikki (FC Bruges/Belgique) au même titre que Sanae Daoudi (Guingamp/France). Ainsi, la voie du soccer est largement ouverte devant les filles marocaines. Les joueuses de l'A.S. FAR Championnes d'Afrique On peut dire que l'équipe féminine du club des FAR, section football, se positionne en tant que leader parmi les autres équipes féminines. Elle dispose déjà d'un palmarès assez consistant : 8 titres de championnat et 8 Coupes du Trône. En 2022, l'ambition des coéquipières de Fatima Zahra Tagnaout prendra une autre dimension, à savoir le sacre continental en remportant la Champions League après avoir écrasé les Sud-Africaines du Mamelodi Sundowns FC par quatre buts à zéro. D'un autre côté, avec plus de sept joueuses en équipe nationale, les FAR constituent ainsi la colonne vertébrale des Lionnes de l'Atlas, avec Ghizlaine Chebbak comme capitaine, celle-là même qui sera élue meilleure joueuse de la dernière CAN. Après avoir raté le sacre lors de la première édition, qui s'est disputée en novembre 2021 au Caire, les filles des FAR avaient à cœur de se rattraper, qui plus est, devant leur public. Et le pari fut gagné.