Alors que la rentabilité locative va droit dans le mur à Rabat avec une offre résidentielle qui s'élargit, Casablanca tient la baraque, tandis que le résidentiel touristique parvient à se faire une place au soleil. état des lieux. Les rendements locatifs s'amenuisent alors que la Loi de finances de cette année est venue en remettre une couche : les revenus issus de la location sont désormais soumis à l'impôt sur le revenu (IR) au taux du barème progressif, après abattement de 40%. Depuis 2019, l'imposition de la location était entre 10 et 15%, en fonction du seuil atteint par le cumul des revenus locatifs. Au-delà de l'application de cette nouvelle règle qui aurait rendu frileux certains bailleurs proposant leurs biens immobiliers à la location, force est de constater que cette activité est en stagnation. «Elle est surtout le fait de certaines personnes qui attendent une bonne opportunité pour acquérir un bien, ou dont le lieu de résidence est différent de leur lieu de travail», explique un agent immobilier à Casablanca, qui note le caractère aléatoire de l'activité locative. Yassine Meniari, directeur général de l'agence immobilière Aykana, assure que les rendements locatifs sont à la baisse à Rabat, jusqu'à atteindre 3% en moyenne pour les habitations et entre 5 à 7% pour les plateaux de bureaux et les commerces. Pas plus de 4% à Rabat Selon lui, «ces six dernières années, le marché immobilier à Rabat a connu davantage d'offres avec l'apparition de nouveaux quartiers comme l'Orangeraie, ou de nouveaux projets au quartier l'Océan». Les loyers sont donc tirés à la baisse, à plus forte raison pour les anciens programmes, boudés au profit de la concurrence. A titre d'exemple, les appartements de Prestigia à Hay Riad sont proposés à la location aux environs de 11.000 DH, alors qu'ils partaient pour 17.000 DH il n'y a pas si longtemps. Les appartements de moyen standing à Agdal ou Harhoura sont loués dans les 8.000 DH. Avec un coût de revient de 2,5 MDH, le taux de rendement ne dépasse pas 4%. Et plus le bien est cher, moins son taux de rendement locatif est intéressant. «Alors qu'un studio de 700.000DH peut rapporter jusqu'à 5%, une villa de 10 millions de dirhams, elle, ne génère que 3%», résume Meniari. Stagnation à Casablanca A Casablanca, le constat est différent. De par son dynamisme, la ville blanche ne connaît pas la crise. Les loyers sont stables et les rendements suivent. La location a toujours le vent en poupe, peut-être plus que l'acquisition, selon les spécialistes du secteur que nous avons sondés. Les agents immobiliers contactés font état de prix moyens avoisinant les 7.000 DH au quartier 2 Mars pour un 2 chambres, salon, 5.500 DH à Bourgogne, 8.000 DH au Maârif et jusqu'à 10.000 DH dans les très huppés Racine et Gauthier. Des tarifs qui dépendent évidemment de la consistance du bien, de son état, de la finition qui y est mise, de son orientation... Mais, en tout état de cause, les rendements locatifs ne tombent pas en dessous de 5% dans la capitale économique et montent jusqu'à 7% dans les quartiers périphériques. Dans les villes touristiques, comme Marrakech, Agadir ou Tanger, c'est encore mieux. Les rendements locatifs y sont bien plus intéressants. En cause, les prix élevés de la location proposés et qui augmentent à l'approche de la saison estivale. «Malgré une location pleine de trois mois seulement pendant la période estivale, les vacances de fin d'année et les quelques fêtes religieuses, l'investissement locatif atteint un rendement de 7% et peut même grimper à 10%», estime un agent immobilier. Comme quoi, toutes les villes ne sont pas logées à la même enseigne... La loi ne sert pas les intérêts des bailleurs Le marché de la location immobilière dispose d'un grand potentiel, aux yeux des agents immobiliers. Il n'y a qu'à voir le nombre de biens immobiliers qui sont vacants. De leur côté, certains propriétaires restent réticents quant à l'idée de mettre leurs biens entre les mains de locataires. Outre le changement d'imposition, la loi sur les baux résidentiels et commerciaux est jugée non protectrice des droits du bailleur. «La récupération du bien en cas de besoin est aussi difficile que le recouvrement des impayés des loyers», souligne le DG d'Aykana. Et bien que le droit de résiliation soit acté dans la réglementation par le bailleur, rares sont les fois où un locataire est expulsé en raison du manquement de ses obligations de paiement du loyer. Cela sans parler de l'état déplorable dans lequel les propriétaires récupèrent leur bien !