L'Education nationale mobilise à elle seule 26% du Budget, suivie par la Défense nationale et l'Intérieur. Huit ministères réunissent à eux seuls 91% des dépenses de personnel de l'administration. Les augmentations les plus importantes concernent l'Energie, l'Environnement et la Justice. Quels sont les ministères les mieux lotis en matière de dotations budgétaires ? En examinant les enveloppes budgétaires de chaque département, toutes natures de dépenses confondues (personnel, matériel et investissement), on constate que les gros budgets sont allés à des secteurs qui constituent la priorité de l'heure. Surtout, ce sont ces secteurs-là où les hausses de dépenses sont les plus importantes. Ainsi, huit ministères sur trente-cinq départements ministériels et institutions (comme les Hauts commissariats, le Parlement, etc.) financées par le Budget général de l'Etat ont reçu, au titre de l'exercice 2010, une enveloppe de 124,5 milliards de DH, soit 65,15% des dépenses totales du Budget général, hors dépenses relatives à la dette. Mais il s'agit, il est vrai, des plus gros en termes d'effectifs et d'attributions : Education nationale, Santé, Justice, Equipement et Transport, Agriculture et Pêche, Energie, Intérieur et Défense. Près de 60% (58,9% exactement) de ce montant va aux salaires (73,4 milliards DH), 16% aux dépenses de matériel et dépenses diverses (19,8 milliards) et 25,1% à l'investissement (31,2 milliards). Ces huit ministères réalisent 91,2% des dépenses de personnel, 72,8% des dépenses de matériel et 58% des investissements. Agriculture et pêche maritime : hausse des dépenses de paiement et baisse de celles du personnel En termes d'importance de l'enveloppe budgétaire reçue, le ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur, de la formation des cadres et de la recherche scientifique, occupe la première place : 49,5 milliards DH, soit une augmentation de 7,5% par rapport au Budget 2009. Pour l'essentiel (73,5%), cette enveloppe va à la rémunération des salaires : 36,4 milliards de DH. Les 13,1 milliards de DH restants sont répartis entre les dépenses de matériel (6,8 milliards) et les dépenses d'investissement (6,3 milliards). C'est un effort colossal en direction de la formation. Il faut, pour prendre la mesure de cet effort, rapporter l'enveloppe allouée au secteur à la richesse nationale : 6,7% du PIB estimé de l'année 2009. Par rapport aux dépenses, hors dette, du Budget général, les dépenses d'éducation représentent 26%. Dans la mesure où cet effort est constant, puisque, bon an mal an, les dépenses d'éducation représentent environ le quart des dépenses du Budget général, les interrogations sur les résultats obtenus paraissent des plus légitimes. Si l'on met de côté les départements défense et intérieur, qui viennent respectivement en deuxième (26,6 milliards de DH) et troisième place (16,16 milliards de DH), c'est le ministère de la santé qui occupe la quatrième place avec un budget de 10,5 milliards DH, en hausse de 7,4%. Là encore, plus de la moitié de l'enveloppe (55,2%) va aux salaires, soit 5,8 milliards de DH ; le reste se partageant entre les dépenses de matériel (2,9 milliards) et d'investissement (1,8 milliard). Par rapport à 2009, les dépenses de personnel ont augmenté de 7,4%, celles de matériel de 2,1% et celles dédiées à l'investissement de 16,8%. Il y a là un effort plus important en direction de l'investissement, même si la structure des dépenses reste dominée par les rémunérations. Le ministère de l'agriculture et de la pêche maritime a, lui, vu son budget augmenter de 16% à 7,35 milliards de DH. Cela reflète la nouvelle orientation pour ce secteur : développement d'une agriculture à forte valeur ajoutée, mise à niveau du tissu productif, renforcement des infrastructures de la pêche (comme la construction par exemple de 40 points de débarquements aménagés) et la préservation des ressources. C'est ainsi que la structure des dépenses de ce ministère est, elle, dominée par les dépenses d'investissement en hausse de 26,4% à 5,5 milliards de DH. Par contre, les dépenses de personnel ont baissé de 22,8% à 687,45 MDH et celles de matériel et dépenses diverses ont augmenté de 32,7% à 1,46 milliard de DH. Le budget du ministère de la justice a augmenté de 25% Autre gros ministère et gros budget, celui de l'équipement et du transport : 6,3 milliards DH, soit une augmentation de 13% par rapport à 2009. Comme pour l'agriculture, ce sont les dépenses d'investissement auxquelles est dédié l'essentiel (87,3%) de l'enveloppe du département. Les dépenses de personnel en revanche ont légèrement diminué à 660 MDH contre 663,8 en 2009 et celles de matériel et dépenses diverses en stagnation à 114,4 MDH. L'énergie, les mines, l'eau et l'environnement, autre priorité du gouvernement, en particulier avec la nouvelle stratégie énergétique, a lui aussi vu son budget augmenter de 20,3% à 4,76 milliards de DH, dont 4,1 milliards pour l'investissement (+ 24,2%), 443,7 MDH pour le personnel (- 0,4%) et 220,7 MDH pour les dépenses diverses (+ 2,6%). Enfin, la Justice, nouveau grand chantier de réforme pour 2010 : son budget est en hausse de 25,3% à 3,07 milliards de DH et cette augmentation concerne toutes les «catégories» de dépenses. Les salaires augmentent de 15,8% à 2,2 milliards de DH, les dépenses de matériel de 97,5% à 534,3 MDH et l'investissement de 42,8% à 334,1 MDH. Il faut préciser ici que s'agissant des dépenses d'investissement, les ministères disposent également de crédits d'engagement pour 2011 et suivants et cela porte sur des sommes très importantes. A titre d'exemple, les crédits d'engagement du ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique s'élèvent à 8,14 milliards de DH, ceux de la santé à près de 3 milliards de DH et ceux de l'équipement et transport à 3,5 milliards de DH, etc. Au total, ce sont 28,2 milliards de DH de crédits d'engagements qui sont prévu dans le projet de Budget 2010.