L'exonération de la TVA sans droit à déduction sur certains médicaments pèsera sur la trésorerie des officines. Pour le système du tiers payant, ils veulent un délai de remboursement de 15 à 20 jours au lieu de 60. Officine Expo tient sa cinquième édition les 6 et 7 mars à Marrakech. Ce rendez-vous devenu, depuis cinq années, incontournable pour la profession, se tient cette année sur fond d'inquiétude de la communauté des pharmaciens. Ils ont d'ailleurs retenu comme thème central «la construction de la pharmacie de demain». Faisant l'état des lieux du secteur, les organisateurs soulignent que la profession connaîtra un important tournant en raison de plusieurs éléments, notamment l'entrée en vigueur des dispositions fiscales de la Loi de finances de 2009 et l'adoption de projets relatifs à la santé (la politique du générique et la généralisation du tiers payant) qui auront un impact économique certain sur l'activité des officines. Aujourd'hui, le Maroc compte environ 9 000 pharmacies dont une partie (les professionnels ne communiquent cependant pas un chiffre précis) tient difficilement le cap. Et c'est dans les petites villes et, en particulier, sur l'axe Khémisset-Tiflet que l'on compte le plus grand nombre de pharmacies en difficulté. La crise, estiment les organisateurs de l'Officine Expo, risque de s'aggraver si certaines mesures ne sont pas prises pour protéger la profession. Deux facteurs d'aggravation sont signalés par les professionnels. D'abord l'exonération de la TVA sans droit à déduction sur les médicaments et les produits diététiques, obligeant l'assujetti à vendre en hors taxe et à acheter ses inputs avec TVA sans pouvoir pour autant la récupérer. Cette mesure qui ne concernait jusqu'à présent que les produits de parapharmacie est étendue, en vertu de la Loi de finances 2009, à de nouveaux produits (tous les anticancéreux et des médicaments antiviraux des hépatites B et C) pour les pharmacies réalisant un chiffre d'affaires supérieur ou égal à 2 MDH. «Cela va désavantager certaines pharmacies dans la mesure où leurs marges seront grignotées. Nous aurons ainsi un secteur à deux vitesses, ce qui est injuste», dénoncent plusieurs pharmaciens. Outre son impact économique, ce dispositif entraînera un alourdissement de la gestion en raison de la multiplicité des taux de la taxe.
Ils ne veulent plus être considérés comme de simples commerçants Par ailleurs, le projet de généralisation du système du tiers payant présente aussi un risque pour la trésorerie des officines. Le Conseil national de l'ordre des pharmaciens (CNOP) se dit d'accord sur le principe de généralisation «puisque cela permettra un plus grand accès des citoyens aux médicaments. Cependant, ce mécanisme nécessite des mesures d'accompagnement, précisément en matière de délais de paiement des officines. Nous souhaitons un délai de 15 à 20 jours alors qu'actuellement les autorités retiennent un délai de 60 jours». Le CNOP cite le cas français où le délai de remboursement est d'une semaine. Les pharmaciens proposent la réalisation d'une étude préalable à la généralisation afin, disent-ils, d'éviter une aggravation de la crise des officines. Les pharmaciens soulignent, d'autre part, la nécessité de mesures de contrôle des circuits de distribution des médicaments. «Aujourd'hui, la distribution du médicament ne relève plus de la seule officine dans la mesure où les cliniques en vendent, les associations distribuent les produits pour le diabète ou l'hépatite, les pédiatres commercialisent les vaccins. Tout cela se traduit par une perte de chiffre d'affaires et fait que nous n'avons pas ressenti les retombées de l'Amo !», indique un pharmacien. Sans compter, dit-il, que les médicaments chers traitant les maladies lourdes sont exclusivement distribués par la pharmacie centrale de la CNOPS. Au-delà des aspects économiques, les pharmaciens dénoncent la non-reconnaissance de leur statut d'homme de santé. Ils estiment que le refus du droit de substitution révèle que l'on ne leur reconnaît qu'un rôle purement commercial consistant à vendre des médicaments, alors que, disent-ils, «nous avons aussi un rôle d'encadrement et d'accompagnement des patients dans la mesure où nous faisons du conseil et de la sensibilisation. Nous réclamons une reconnaissance de ce rôle et une rémunération, comme cela se fait dans d'autres pays, de l'acte pharmaceutique», dit-on au CNOP. Cette requête sera discutée en marge de la cinquième édition du salon et des propositions seront faites et proposées aux pouvoirs publics.