Officiellement... Ouverture d'un nouveau poste-frontière entre le Maroc et la Mauritanie, passant par Smara, Amgala et atteignant Bir Oum Grein en territoire mauritanien    L'Ambassadeur de Chine à Rabat M. Li Changlin : Le renforcement de la coopération médiatique entre la Chine et le Maroc, un pilier fondamental des relations bilatérales    Les magistrats de la 47è promotion prêtent le serment légal    UA: Le Roi assure Mahmoud Ali Youssouf du soutien absolu du Maroc    Marlaska souligne la "grande expérience" du Maroc en matière d'organisation d'événement et la coopération "imbattable"    Face à l'hydre de l'économie informelle, les autorités marocaines affûtent leur lame    Refus d'expulsion d'Algériens de France: Paris serre la vis à Air Algérie    SM le Roi félicite Mahmoud Ali Youssouf suite à son élection à la tête de la Commission de l'UA    Prépa. CAN U17 Maroc 25: Le Maroc et l'Egypte se neutralisent    Ligue des champions : les résultats des barrages retour    Mondial 2030: Des commissions communes pour unifier les efforts des pays organisateurs    Fake News : La caravane passe, les chiens aboient !    Sept individus interpellés à Fès pour escroquerie, de fraude et de falsification    Transport : le Maroc et la Turquie renforcent leur coopération en matière de déploiement des tachygraphes    Le Maroc nommé destination officielle de la Fashion Week de Londres    Nizar Baraka lance des projets routiers et hydrauliques à Chichaoua    Visite de Dati au Sahara : L'Algérie ressort du maquis    Mohamed Jadri : "La vulnérabilité à la pauvreté, surtout de la classe moyenne, est assez élevée"    Fin des pourparlers entre la Russie et les Etats-Unis à Riyad : Moscou salue une "réunion productive"    Prépa. CAN U17 Maroc 25: Un tournoi international U17 à Rabat débute ce mardi    Abdelati El Guesse. Le Marocain se qualifie pour les Mondiaux en salle    USA : Appels à la démission du maire de New York    Le parlement français adopte définitivement le budget 2025 de la Sécurité sociale    Températures prévues pour le mercredi 19 février 2025    Le DG de l'OMS salue l'Initiative Royale de création du Prix international Mohammed VI pour la sécurité routière    Afrique : Entre élections, crises et transformations géopolitiques    M. Bensaïd salue la coopération maroco-française dans divers domaines    Maroc-France : signature de plusieurs accords de coopération dans le domaine culturel    Rachida Dati à Laâyoune : Réaction épidermique des autorités militaires d'Alger    Expo «Face Value» : le Ghanéen Adjei Tawiah révèle la profondeur de l'âme humaine    Fadila El Gadi décorée de l'Ordre des Arts et des Lettres de la République française    Ouverture de la 4e Conférence Ministérielle Mondiale sur la Sécurité Routière : des engagements forts et une reconnaissance internationale    Akhannouch : « Le Maroc résolument engagé à renforcer la sécurité routière »    Alerte météo. Chutes de neige et fortes averses, mardi et mercredi, dans plusieurs provinces    Le Conseil de l'Europe salue l'engagement du Maroc en faveur de la protection des enfants contre les abus sexuels en ligne    Mondial 2030 : La tente, l'identité architecturale "marocaine et unique" du stade de Benslimane    Fenerbahçe : Youssef En-Nesyri attire l'attention de Manchester United et Arsenal    Maroc : les livraisons de ciment en hausse de 13,8 % en janvier    M. Laftit s'entretient à Marrakech avec son homologue saoudien    Pourquoi perturber la visite de la ministre des Transports israélienne au Maroc ?    L'ONDA dévoile sa nouvelle stratégie "Aéroports 2030"    Visite de Rachida Dati au Maroc : Voici les accords de coopération signés entre le Maroc et la France    Meta prévoit de déployer un câble sous-marin de 50 000 km à travers le monde    Comité consultatif du Conseil des droits de l'Homme : le Maroc élu à la présidence    Externalisation : le rendez-vous manqué ?    Politique : un an après sa disparition, le legs de Mohamed Bensaïd Aït Idder interroge la démocratie    L'utilisation des eaux usées pour l'irrigation... une menace sérieuse pour la santé et la sécurité des Marocains    Kamel Daoud poursuit son éclat littéraire en remportant le prix "Choix Goncourt de la Chine" pour son roman    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Vive le réalisme managérial !
Publié dans La Vie éco le 13 - 02 - 2009

La suffisance est le meilleur moyen d'aller droit dans le mur.
Un bon manager doit cesser de penser qu'il faut tout décider par soi-même, tout prévoir, tout planifier, tout vérifier…
Les critiques constituent une ouverture pour le progrès.
Le management moderne est un de ces domaines surprenants dans lesquels une proportion de médiocrité consentie s'avère, en définitive, la stratégie individuelle la plus payante. Si vous êtes vous-même en situation de manager quoique ce soit dans une grande entreprise, pensez-y : être brillant et efficace ne peut que vous conduire dans le mur, tant le danger que vous représentez alors pour votre hiérarchie est avéré. J'ai vu cela tellement de fois, que la lassitude me gagne… rien que de l'écrire. Le tableau finit toujours par se peindre avec les mêmes traits, les mêmes formes et les mêmes couleurs, d'une pâleur extrême : des hauts dirigeants qui ont évincé de leur entourage, savamment, patiemment, viscéralement, tout ce qui ne ressemble pas de près ou de loin à des clones serviles. Des clones serviles qui assument, avec une ardeur inversement proportionnelle à leur frustration, leur rôle saillant de petits chefs auprès de collaborateurs désabusés. Des collaborateurs désabusés qui font preuve de suffisamment de cynisme – après tout eux aussi sont «impactés», comme on dit désormais, par leur prime de fin d'année… – pour avoir l'air de jouer le jeu presque avec l'entrain d'un caméléon en rut sur un kaléidoscope à mille couleurs. Et puis des gens fatigués. Des gens fatigués. Pas du travail accompli ; fatigués d'être là, tout simplement. Parce que rien n'est plus fatiguant que l'insignifiance quotidienne déguisée en B.A. de boy scout.
Agir, plutôt que réagir
Si donc vous êtes un manager avisé – ou une manageuse avisée ! -, ne prenez plus de risques : laissez les autres prendre les décisions, ou retardez au maximum la responsabilité de «trancher». Comme le disait Henri Queuille, «il n'est aucun problème, si complexe qu'il soit, qu'une absence de décision ne finisse par résoudre.» Ne dites jamais «non» à votre propre hiérarchie, ce serait une inutile débauche d'énergie. Non, laissez les évènements imposer leur loi en invoquant le saint pragmatisme. Déléguez éventuellement les décisions importantes à des experts : vous aurez ainsi toujours une échappatoire personnelle. Mais le mieux est encore de se contenter de l'existant : le changement est mauvais. Il remet en cause trop d'équilibres trop complexes ; et puis ne dit-on pas qu'un bon «tiens» vaut mieux que deux «tu l'auras» ? Appuyez-vous sur l'expérience du passé : c'est plus sûr. Refaites donc ce qui a déjà été fait, et toujours été fait ainsi. Ne considérez que le possible.
Garder le regard fixé sur les chiffres de la semaine
Dans le même temps, tenez quantités de discours sur le changement, la réforme des méthodes, des habitudes et des mentalités, ce qu'il faudrait faire… et surtout n'en faites rien ! Ne modifiez pas une stratégie qui donne de bons résultats, même si l'environnement et les conditions changent. En fait, le mieux est de ne pas avoir de stratégie du tout et de ne vous occuper que de vos indicateurs d'incentives : vous trouverez toujours votre justification. N'ayez pas de vision : gardez le regard fixé sur les chiffres de la semaine. Ne soyez pas exigeants : le niveau actuel est bien suffisant pour vos clients. Inutile de chercher à se renouveler tant que les plaintes ne vous menacent pas d'une action en justice. Et encore, aujourd'hui, ça se calcule. Quant à vos collaborateurs, demeurez vague et ne vous engagez pas. Gardez juste un œil sévère sur les horaires et la manière de s'habiller. Préférez l'urgent à l'important. Dès que vous le pourrez, casez vos troupes dans un open space : ils y seront salutairement moins productifs et en plus vous pourrez les surveiller à loisir. Mieux encore : ils se surveilleront les uns les autres, dans une surenchère zélée de figuration inintelligente, mais appliquée, mâtinée de cette saine émulation résultant de la concurrence exacerbée entre collègues. Vous obtiendrez ainsi vos chiffres pour vos indicateurs, même sans avoir atteint l'objectif réel. Justifiez par contre avec enthousiasme et cris d'orfraie la baisse globale des performances qui en découle. A l'évidence, les problèmes proviennent de la crise économique, de la concurrence, de l'Etat, des syndicats, de la Bourse, etc.
Pensez d'abord à vous, à votre réseau, et surtout à vos indicateurs. N'admettez jamais une erreur ; vous avez bien un collaborateur qui portera le chapeau. Ecoutez toujours le dernier qui a parlé : il a l'avis le plus récent. Réduisez vos coûts, vous aurez ainsi l'air compétent. Faites toujours semblant de prendre en compte tous les avis. Et surtout promettez toujours : vous invoquerez le « réalisme » pour ne pas tenir.
Aller au contact avec franchise
Si, en revanche, vous avez des tendances suicidaires – après tout, ça vous regarde ! -, alors voilà le mode d'emploi. Essayez d'identifier ce à quoi vous tenez vraiment ; ce qui est fondamentalement important pour vous. Réfléchissez à la vie que voulez, puis resituez votre activité professionnelle dans votre choix de vie : vous restaurerez ainsi l'ordre des valeurs qui vous convient, et retrouverez un peu de sérénité. Soyez tranquille : votre hiérarchie ne vous le pardonnera pas. Regardez autour de vous : découvrez qu'il n'est pas vrai qu'il faille s'entourer de toutes les apparences du pouvoir pour être assuré d'avoir de l'autorité. Allez au contact avec franchise. Relativisez vos craintes et posez-vous : la peur n'a jamais évité le danger ! Cessez de penser qu'il faut tout décider par vous-même, tout prévoir, tout planifier, tout vérifier, tout contrôler pour être assuré que le travail sera bien fait, que les objectifs seront atteints.
Accepter d'être redevable à autrui
Faites de vraies délégations, correctement définies ; assumez franchement votre responsabilité ; et soyez vous-même le collaborateur des autres. Vous verrez se peindre l'indignation sur le visage de vos supérieurs, directeurs et autres dirigeants. Etablissez des règles explicites, permettant à chacun d'apprécier avec justesse sa marge de manœuvre, son pouvoir d'initiative et les limites de ses responsabilités. Prenez conscience du fait qu'il y a toujours un moyen ou un autre pour que votre projet personnel prenne sa place dans une vision collective. Cherchez, et vous trouverez ! Aidez les autres à être un peu plus eux-mêmes dans cet effort de vision collective. Ils vous le rendront ! Vous passerez ainsi pour un extraterrestre incontrôlable, à éliminer le plus rapidement possible. Votre suicide devient réaliste, néanmoins faites encore un effort : soyez rigoureux et montrez-vous exigeant, mais faites preuve d'indulgence. Dites ce que vous faites et faites ce que vous avez dit.
Le respect de la parole donnée est le fondement de l'autorité. Faites confiance, ne fliquez pas vos collaborateurs. Les gens ont toujours plus de capacités qu'on a généralement tendance à le supposer. Leur faire confiance, c'est les former. Considérez le talent d'autrui comme une chance, et non comme un risque pour vous-même. Acceptez les critiques et modifiez votre comportement : c'est vous qui progressez ! Acceptez d'être redevable à autrui. Vous n'êtes pas seul sur le chemin que vous avez choisi d'emprunter. Etre roi est idiot, ce qui compte, c'est de faire un royaume. Faites vôtre cette pensée de René Blanchard : «Chaque individu est un gagnant en puissance. Certains sont déguisés en perdants. Ne vous laissez pas tromper par les apparences». Manager, c'est aller dénicher le gagnant dans chacun de vos collaborateurs. Et là, enfin, vous êtes tout à fait cuit, car ayant fait monter chacun en puissance, vous allez être plusieurs à représenter un danger. Pire encore : vous avez, à l'évidence, pris la tête d'une fronde dirigée contre l'équipe dirigeante en place ! Vos jours sont comptés, et votre équipe en passe d'être disloquée, émiettée, dispersée, éparpillée au quatre coins de la boîte, pour ceux qui ne seront pas virés. Les survivants.
Maintenant, je suis obligé de reconnaître que je connais des managers qui jouent sur les deux tableaux : ils prennent l'allure des premiers, afin de passer pour les guignols de service, conformes au modèle, style gendres parfaits… mais agissent secrètement comme les seconds, avec intelligence et pertinence. C'est la cinquième colonne. Ils ont une bonne couverture et attendent patiemment leur heure, tapis dans l'ombre de collaborateurs plutôt heureux.
Ce sont des perles rares.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.