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Marrakech : Ces saints qui veillent sur la cité
Publié dans La Vie éco le 10 - 09 - 2022

Ville aux somptueux riads, aux jardins féeriques, à la palmeraie d'une beauté sans égale... Marrakech c'est aussi la cité des sept saints. Les célébres «Sabâatou rijal», vaillants hommes de foi et gardiens de la ville et de son histoire authentique. Qui sont-ils ?
Qui n'a pas, une fois au moins dans sa vie, fredonné l'air d'une célèbre chanson de Ismaïl Ahmed, «Ya Marrakech ya Ourida» (Ô Marrakech, fleur éclose entre les palmiers...). Et qui n'a pas déjà dit ou entendu dire la fameuse formule «Chayellah A Sebâatou rijal». Mais sait-on qui sont ces hommes et qu'ont-ils fait pour la ville, la science et la foi, pour mériter une telle place dans cette cité. En effet, il s'agit de sept hommes de foi, des oulémas et théologiens, médecins et imams qui ont fortement contribué, chacun dans son côté et à sa manière, à prêcher la bonne parole.
Abou Al-Abbas Assebti, le défenseur des démunis
Une action qui lia forcément ces hommes à l'histoire de toute une ville, à commencer par Abou Al-Abbas Assebti ou Sidi Belabbas dont la zaouiya est très célèbre à Marrakech. Originaire de Sebta, d'où son nom «Assebti», Abou Al Abbas Ibnou Jaâfar Al-Khazraji Assebti est né en 1129 (524 de l'hégire). A l'âge de 10 ans, il perdit son père, sa mère mit ainsi un terme à ses études et le casa apprenti auprès d'un tisserand. Mais le jeune enfant, supportant très mal ce choix qui ne correspondait pas à ses ambitions, prit la fuite et rejoigne le cercle du maître Mohamed Al-Fakhar, ami du célèbre Cadi Ayyad, autre saint de la ville), tous deux symboles de l'âge d'or culturel que connaît la cité à l'époque. Impressionné par les capacités d'apprentissage et l'investissement de l'enfant, le Cheikh Al-Fakhar l'initie au soufisme et surtout à un verset coranique qui deviendra le leitmotiv de l'œuvre du saint : «Dieu ordonne la justice et la charité». A l'âge de 16 ans, il quitta Sebta pour Marrakech. Il fit, dès son arrivée, forte impression auprès des populations désemparées des environs de la cité. Rapidement, il entama une longue retraite spirituelle sur les pentes du Jbel Gueliz. Sa réputation grandissait au point qu'il fut invité par Abou Yaâqoub Yousouf à gagner Marrakech où le nouveau Souverain l'inscrit d'ailleurs sur le registre des «Talabat al-Hadar» (sorte de cabinet chargé de l'étude et du suivi des requêtes des citoyens), et bénéficie à ce titre d'une école dôtée de biens en habous. Il y dispense des cours de grammaire et de calcul, mais s'illustre par sa faculté à se mettre au service de ses étudiants, même pour les tâches les plus humbles. Il met en place de son vivant un dispositif d'assistance aux plus vulnérables qui servira par la suite de matrice aux dispositifs futurs de la zaouiya. Mais la renommée du saint est surtout due à ses prêches sur la voie publique, inhabituels chez les maîtres soufis qui privilégient généralement l'ascèse et les causeries entre initiés. Vêtu d'une simple toge de laine, il harangue les passants pour les inciter à faire preuve de générosité. Il vilipende l'avarice des grands, responsable selon lui des fléaux que connaît le pays comme la sécheresse. Il va jusqu'à mettre en cause le Souverain Yaâcoub Al-Mansour lui-même.
Son comportement iconoclaste suscite parfois la perplexité, voire l'hostilité des fouqaha. On lui reproche notamment son langage peu châtié, son attitude ambiguë vis-à-vis des femmes, sa tendance à passer devant les portes des mosquées aux heures de prières sans daigner entrer. Il va même jusqu'à se voir intenter un procès pour hérésie, procès dont l'issue «miraculeuse», selon les chroniqueurs, serait en réalité due à l'intercession du Souverain lui-même, qui lui avait auparavant confié la direction d'un hospice, ainsi que la présidence de la prière rogatoire pour la pluie. Il décède en 601 de l'hégire (1205) à l'âge de 75 ans. Après la disparition du saint, sa renommée et sa popularité n'a fait que s'accroître au fil des siècles. Son intercession est invoquée autant par les puissants que par le petit peuple. Encore aujourd'hui, les marchands de beignets dédient à Abou Al-Abbas Essebti leurs premiers beignets de la journée, tandis que les paysans font de même avec leur première gerbe de blé. Cette dédicace est appelée la «abbassia», pratique d'ailleurs étendue à l'inauguration de commerces, cafés, snacks, restaurants ou autres. A la zaouiya dont la vraie histoire n'a débuté qu'au XVIIe siècle, des milliers de nécessiteux convergent à ce jour, témoignant de la place singulière que tient le saint dans la mémoire collective de Marrakech.
Al Cadi Ayyad, le juste des justes
Un deuxième grand saint de Marrakech n'est autre que Al Cadi Ayyad dont d'ailleurs l'université de la ville porte le nom depuis sa création en 1978, mais pas seulement. Originaire de Sebta, Al Cadi Ayyad Ibnou Moussa Al Yahsouby est né en 476 de l'hégire (1083). Afilié à l'école juridique Cadi Ayyad aurait appartenu à un clan arabe historique d'origine yéménite remontant à l'Imâm Mâlik Ibn Anas. À la suite de la conquête du Maghreb occidental par les Omeyyades de Cordoue, Ibn Abi Âmr, soucieux de contrôler la route de l'or, fit installer de nombreux Andalous au Maghreb. C'est dans ce contexte que le père d'Al Cadi Ayyad s'installa à Sebta. Ayyad se consacre à des études de théologie et fut considéré comme un expert en la matière à un âge très précoce. À 27 ans, il fut choisi pour participer à une consultation théologique sur le célèbre traité d'Al-Ghazali «Renaissance des sciences religieuses», ouvrage très critique du fiqh de l'époque.
En 1114, il quitta Sebta pour l'Andalousie afin d'augmenter le champ de ses connaissances en suivant les enseignements de maîtres réputés comme Ibn Rochd (Averroes) et Ibn Siradj. Après un an de pérégrination à Cordoue, Murcie et Alméria, Ayyad retourna à Sebta où il fit partie du conseil du gouvernement. En 1121, il est nommé Cadi (juge), fonction qu'il exerça pendant 16 ans. Cette période sera la plus prolifique de sa vie en termes de fiqh et d'implication dans l'administration de la ville et du pays. Son travail lui vaudra de se faire remarquer par le sultan qui le désignera Cadi à Grenade vers 1135. Cette période sera de courte durée. Les fonctionnaires en place, étant trop habitués à la corruption, se sentirent asphyxiés par les règles droites et l'intégrité du Cadi. Ils le calomnièrent auprès du Sultan. N'ignorant pas les intrigues tramées contre lui, il prétexta des raisons de santé et retourna à Sebta un an plus tard. Il restera en disgrâce auprès du sultan jusqu'à la mort de celui-ci en 1143, date à laquelle son héritier, Tachfin Ben Ali, lui rendra son titre de Cadi de Sebta. Al Cadi Ayyad se rendit ensuite à Salé, capitale Almohade, où il fut extrêmement bien reçu par le sultan auquel il jura allégeance. Cependant, le Al Cadi Ayyad et les habitants de Sebta ne s'étaient pas ralliés à la nouvelle dynastie par conviction. À la première occasion, ils se révoltèrent à nouveau et profitèrent d'un affrontement entre les troupes d'Abdelmoumen et les Berghouata pour massacrer le gouverneur en place et ses partisans sous les ordres de Al Cadi. De peur des représailles, Al Cadi Ayyad alla chercher un appui auprès de Yahia ben Ali ben Ghania, descendant des Almoravides et gouverneur des Iles Baleares. Ce dernier s'associa avec les Berghouata mais ils furent mis en déroute par l'armée d'Abdelmoumen. Al Cadi Ayyad sera exilé à Tadla en tant que juge auprès des tribus nomades de la région. En 1149, il trouvera la mort dans des conditions obscures. Selon certains, il serait mort à Tadla de raisons naturelles et son corps aurait été transporté à Marrakech. Pour d'autres, il aurait fini ses jours à Marrakech et y aurait été assassiné par les Almoravides. Inhumé près de Bab Aylen , sa tombe ne sera aménagée et reconnue comme celle d'un érudit de renom que sous la dynastie Mérinides. Il sera par la suite élevé au rang de saint par le sultan alaouite Moulay Ismail. Dans la culture urbaine, Al Cadi Ayyad représente le savoir et la soif de connaissance. Il est également la personnification de la droiture et de l'intégrité. Sa sépulture est la deuxième étape du pèlerinage des sept saints de Marrakech.
Al Jazouli ou la preuve par l'écrit
Souvent, au passage à côté d'une zaouiya de celles que regorge Marrakech, on entend les disciples réciter «Al mounfarija», «Al bourda» ou «addouâa Annaciri», des textes mythiques extraits du riche ouvrage de prières et d'implorations «Dala'il al-Khayrat» Une compilation extrêmement populaire, divisée en 7 sections pour chaque jour de la semaine et auquel un autre saint de Marrakech doit aussi sa réputation. Il s'agit de Sidi Mohamed Ben Slimane Al-Jazouli.
Abou Abdallah Mohamed ibnou Soulayman ibnou Abi Bakr Al-Jazouli Semlali Al Hassani), souvent connu sous le nom de Sidi Ben Slimane, d'Imam Al-Jazouli ou de Cheikh Jazouli,et qui était un soufi fondateur de la confrérie Al-Jazouliyat et autour de la sépulture à laquelle s'est constituée la Zaouïa de Sidi Ben Slimane Al-Jazouli.
Al-Jazouli vivait dans la région historique de Souss où il a étudié et s'est ensuite rendu à la Madrasat As-Saffarîn à Fès où sa chambre est toujours indiquée aux visiteurs aujourd'hui. À Fès, il a mémorisé des œuvres de «Osoul Al-fiqh» et du rite malékite. Après avoir réglé une querelle tribale, il a quitté la région et a passé les quarante années suivantes à la Mecque, Médine et Al Qods. Après son long voyage, il est retourné à Fès où il a terminé le livre de prières Dala'il al-Khayrat.
Il a été initié à la tariqa chadhiliya, un ordre soufi, par un descendant d'Abu Abdallah Mohammed Amghar, cheikh des Banu Amghar. Il a passé quatorze ans en khalwa (ermitage) puis s'est rendu à Safi où il a rassemblé autour de lui de nombreux adeptes. Le gouverneur de Safi l'expulsa et l'empoisonna par la suite. Il mourut en 1465 pendant la prière. Sa tombe à Afoughal est devenue le centre de la résistance saadienne contre les Portugais. Abu Abdallah Al-Qaim choisit Afoughal comme résidence en témoignage du profond respect qu'il éprouvait pour Al-Jazouli. On raconte qu'en 1541, soixante-dix-sept ans après sa mort, son corps a été exhumé pour être transféré à Marrakech et jugé intact. Dans la partie nord de la médina de Marrakech, le sultan saadien Ahmed al-Araj (1517-1544) fit construire un mausolée pour Al-Jazouli. Le mausolée a été agrandi et en partie reconstruit sous le règne des sultans Moulay Ismaïl et Mohammed Ben Abdallah.
Sidi Abdellah El Ghazouani, le gardien du temple
Enterré dans le quartier des ksours, à l'ouest de la médina de Marrakech, sidi Abdellah El Ghazouani connu localement sous le nom de «Moul El Ksour» est un saint des «jbala», originaire de la tribu Ghazouane à Chaouiya. Il voit le jour à Ksar El Kebir au nord du Maroc avant de passer son enfance à Fès. Il se rend à Grenade pour suivre les enseignements théologiques de Cheikh Abou Al Hassane Ali Saleh Al Andaloussi. Ils rentrèrent ensemble à Fès où El Ghazouani se mit au service de la Zaouiya de ce cheikh avant d'être autorisé à aller à Marrakech. Il y devient disciple de Sidi Abdelaziz Attebaâ, autre membre des sept saints. Passionné de techniques hydrauliques et agricoles, il sera responsable des jardins de la Zaouia. Dix ans plus tard, il quitte la ville ocre pour retourner à Ksar El Kebir où il construit une première Zaouiya puis une seconde à Ben Idder. Ses zaouiyas et son enseignement le rendirent célèbre, ce qui agaça le sultan watasside, Mohamed Cheikh, qui l'arrêta alors qu'il se trouvait à Tahanaoute et le fit emprisonner à Fès en 1513. Ses geôliers firent savoir au sultan qu'il s'agissait d'un homme de foi et qu'il n'avait aucune ambition politique. Celui-ci le fit libérer, s'excusa auprès de lui et l'invita à rester à Fès. El Ghazouani accepta et fonda une Zaouiya à Bab Ftouh. Cependant, ses relations avec les watassides ne s'améliorèrent pas. Le fils du sultan se plaindra auprès de ce dernier quand Al Ghazouani aida à construire un canal de Oued-el-Leben à Fès afin de permettre aux habitants de cultiver leurs terres. En 1518, Al Ghazouani décida de quitter Fès pour Marrakech. Il y passe les neuf dernières années de sa vie, respecté et adulé. Il y fonde sa zaouïya en 1519 dans le quartier des Ksour près de la mosquée Mouassine qui lui valut son surnom de «Moul Leksour». Il y transmit son savoir théologique et son savoir-faire agricole jusqu'à sa mort en 1528 à Marrakech d'une crise cardiaque. Il a été inhumé dans sa Zaouia.
Sidi Youssef Ben Ali, l'homme de la grotte
Né à Marrakech d'une famille originaire de Himyar du Yemen, Sidi Youssef Ben Ali y a vécu toute sa vie. Il fut le disciple de Cheikh Abou Azza et Cheikh Abou Ousfour qui lui enseignèrent les sciences religieuses. Dès son plus jeune âge, il fut atteint par la lèpre, maladie connue de l'époque. Sa famille finit par l'expulser. Rejeté de tous, il alla se réfugier dans une grotte située dans le quartier extra-muros réservé aux malades à l'extérieur de Bab Aghmat à l'Est de la Médina. Au vu de son état physique, il était attendu qu'il décède rapidement mais Sidi Youssef Ben Ali survivra longtemps en vivant seul dans cette grotte, ce qui lui valut le surnom de «Homme de la grotte» (ou Moul Lghar). La rumeur se répandit concernant ses capacités de résistance à la faim et aux maladies, témoignant une foi inébranlable dans la miséricorde d'Allah. Il fut comparé au Prophète Ayoub de par sa résilience et sa patience face aux souffrances physiques et morales, ce qui lui valut une réputation dépassant les murs de la ville. Des locaux, des hommes d'influence et parfois même des savants du reste du Maroc et d'Andalousie lui rendaient visite dans sa grotte pour lui demander conseils sur des affaires personnelles et publiques.
La sépulture de Sidi Youssef Ben Ali, mort en 1196, se trouve à Bab Aghmat, près de la grotte où il vécut.
Au fil du temps, la réputation ne cessa d'accroître jusqu'à devenir un des plus grands saints de la ville. Au XVIe siècle, le sultan Saadien Moulay Abdallah Al-Ghalib fit construire un mausolée et une Zaouiya au-dessus de la grotte dans laquelle il fut enterré.
A la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe, le sultan alaouite Moulay Ismail instaura le pèlerinage annuel, la rituelle «Ziyara» des sept saints de Marrakech et fit du mausolée de Sidi Youssef Ben Ali sa première étape. A partir des années 1920, tout un quartier allait se former au sud de Bab Aghmat et prendre le nom du saint. Les sept saints de Marrakech ou les «Sabaâtou rijal» sont répartis sur l'ensemble de la médina de la ville ocre et près de chaque porte des accès de la médina se trouve un, d'où cette idée de «saints gardiens» de la cité et de «rijal lablad».
Sidi Eshili ou les yeux de la foi
A Bab Er-robb, la porte sud de la ville de Marrakech, non loin de Bab Agnaou, se trouve la sépulture d'un autre saint de Marrakech localement connu sous l'appellation de «Sid Eshili». En réalité, son nom est Abou Al-Kassem Abderrahman ben Abdallah, dit aussi Imam Souheïli, et est un imam, saint et érudit andalou né en 1114 à Malaga et mort en 1185 à Marrakech. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, notamment «Rawd al Ounouf» (le Jardin Florissant). Selon ses biographes, l'origine de son nom (Annassab ou Annisba) de Soheïli, serait dérivé de Soheïl, village situé près de Malaga où il serait né en l'an 509 de l'hégire. Né aveugle Souhaili a grandi dans une famille pauvre, mais religieuse et de bonne éducation. Son père lui a enseigné l'arabe et l'a aidé à mémoriser le Coran. Postérieurement, de célèbres érudits de cette époque lui ont enseigné d'autres sciences, à Malaga et dans autres villes de l'Andalousie. Il meurt en 1185 à Marrakech, où il fut enterré.
Abdelaziz Attebaâ, la relève d'Al-Jazouli
Autre saint d'origine marocaine ayant voué sa vie au soufisme serait Abdelaziz Attebaâ ou Sidi Abdelaziz ibn Abdelhaq Attebaâ Al-Hassani ou Sidi Attebaâ. Il est connu pour avoir été le fondateur de la première zaouiya soufie de l'ordre Al-Jazouli à Marrakech. Attebaâ tire ses principes d'Abou Madyan, comme rapporté dans l'ouvrage d'Al Majiri «Bidayat al-murid» (les débuts du disciple, rassemblant les «principes de base de la conduite soufie». Durant sa vie, Attebaâ se rendait fréquemment à Fès, où il dispensait des enseignements sur le soufisme et dirigé des récitations de l'ouvrage d'Al-Jazouli «Dala'il al-Khayrat», (précédemment cité) à la mederssa Al-Attarine. Son mausolée à Marrakech est visité par de nombreux pèlerins tout au long de l'année. Suite à son décès en 1499, il a été remplacé à la tête de la Zaouiya par Abdallah Al-Ghazwani.


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