Plus de 100 variétés céréalières sont inscrites au catalogue officiel. La tolérance aux changements climatiques, combinée au rendement et à la qualité, est la caractéristique des nouvelles plantes. L'INRA reprend le programme de multiplication des semences. Le mot d'ordre de l'agriculture de demain est celui de l'adaptation aux changements climatiques. Avec la raréfaction de plus en plus croissante de la pluviométrie, l'allongement des périodes de sécheresse, la hausse des températures sur toute la planète, le secteur agricole devra s'acclimater avec ces évolutions. Le Maroc a déjà pris en compte ces facteurs dans ses stratégies agricoles et notamment la Génération Green 2021-2030 qui donne une importance indéniable à la conservation des sols et à l'utilisation rationnelle de l'eau. D'ailleurs, l'amélioration génétique est l'un des axes de cette stratégie qui devra contribuer à la réalisation de ces objectifs. A ce titre, l'INRA, seul organisme qui entreprend des programmes de création variétale, travaille à bras-le-corps pour le développement de nouvelles variétés productives et adaptées aux différentes zones agro-climatiques. Il s'agit principalement des cultures céréalières, fourragères et légumineuses. A cette date, plus de 100 variétés de céréales (blé dur, blé tendre et orge) ont été créées et inscrites au catalogue officiel depuis les années 80, en plus de plusieurs autres relatives aux autres cultures. La création de ces variétés tolérantes aux changements climatiques trouve toute son importance quand on sait que la Génération Green vise aussi à améliorer les rendements de 50% pour passer à 30 q/ha. «Si l'on arrive à cette cible, le Maroc s'approchera intimement de l'autosuffisance. Nous disposons de tous les moyens nécessaires pour y arriver, en combinant la génétique, la conduite technique et tout l'entretien que nécessitent les plantations comme traitements phytosanitaires, analyse du sol, suivi...», explique Dr Faouzi Bekkaoui, directeur de l'INRA. Et de préciser que les variétés actuellement utilisées sont anciennes et n'ont pas les tolérances nécessaires. D'autant que 20% seulement des agriculteurs s'approvisionnent en variétés améliorées, les autres demandent toujours les anciennes, par habitude, par héritage culturel, par réticence à la nouveauté, ou encore par méconnaissance, toutes les contraintes peuvent être évoquées. Il est nécessaire de souligner ce que l'on entend par une plante tolérante aux changements climatiques. En fait, la tolérance ne veut pas dire que la plante améliorée n'exprime pas de besoins en eau ou qu'elle ne nécessite qu'une faible irrigation. Loin s'en faut. M.Bekkaoui souligne que les plantes ont, dans leur majorité, besoin de 80% d'eau, même celles améliorées génétiquement. Pour ainsi dire, une plante tolérante répond à 3 paramètres. Le 1er est relatif à sa capacité à étendre ses racines pour absorber ses besoins en eau et en minéraux, même en période de déficit pluviométrique. Le 2e est lié à l'aptitude de la plante à maîtriser l'eau et diminuer la transpiration ou son évaporation, et ce, à travers la production d'une cire qui vient coller à la feuille et à partir de laquelle la plante tire toujours ses besoins hydriques. Le 3e et dernier concerne la durée du cycle. Autrement dit, plus il est court, moins la plante risque de subir les contrecoups d'un changement subit du climat. En plus de faire face au réchauffement climatique, ces variétés tolérantes assurent un rendement élevé. Pour le blé tendre, par exemple, les variétés Malika, Snina et Lina se caractérisent par un potentiel de rendement élevé par rapport à la majorité des variétés de blé tendre, avec respectivement 71q/ha, 63 et 65 comparativement aux 46 q/ha présentés par le témoin Achtar. Elles ont également la particularité de résister aux principales maladies et ravageurs et de bénéficier d'une bonne qualité technologique. Pour l'orge, les variétés Khnata et Ksiba ont montré une précocité et une bonne performance dans les zones arides et semi-arides avec un rendement potentiel élevé atteignant 90q/ha. Il est à noter qu'au-delà de la tolérance et du rendement, l'INRA accorde une attention importante à la qualité du grain. Il faut dire qu'avant les années 90, ce paramètre était moins important dans les programmes d'amélioration des céréales que les contraintes d'adaptation, de productivité et de résistance aux maladies et aux insectes. Depuis l'introduction du Plan Maroc Vert et maintenant de la stratégie Génération Green, l'aspect qualité prend une part significative dans la sélection des variétés céréalières. A titre d'illustration, l'introduction du «béta glucane» dans l'orge favorise principalement la réduction du taux de cholestérol et la réponse glycémique. D'ailleurs, il a bénéficié de 3 allégations santé de l'Agence européenne de sécurité alimentaire des aliments (EFSA), Santé Canada et l'Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA). L'INRA ne cesse de déployer les moyens humains, financiers et techniques en faveur d'une agriculture durable et résiliente. Si l'effort porte actuellement sur les céréales, les légumineuses et les cultures fourragères, en matière d'amélioration génétique, les autres cultures, comme l'arboriculture fruitière par exemple attirent l'attention de l'institut également. Il ne s'agit certes pas de création variétale mais plutôt d'adaptation des techniques de précision, essentiellement en terme d'irrigation. Allusion faite à l'irrigation déficitaire, à la nano-irrigation..., qui, elles, ont montré une économie d'eau considérable. En tout cas, «le programme de multiplication des semences est une priorité pour l'institut. Nous avons un objectif d'inscrire 30 à 50 variétés supplémentaires dans le catalogue officiel à l'horizon 2030», conclut M.Bekkaoui. Encore faut-il que ces variétés soient adoptées par les agriculteurs. D'où un effort de communication et de sensibiliser à poursuivre tant par l'INRA que par les parties concernées. L'INRA déploie plusieurs efforts pour la communication sur les variétés créées Pour la promotion et la communication sur ses nouvelles variétés, l'INRA a adopté une approche de transfert basée sur les plateformes de démonstration. Elles ont été installées dans des domaines expérimentaux de l'INRA représentant les principaux bassins de production. Parmi elles Saïs (Douyet), Zaër (Marchouch), Tadla (Afourer), Chaouia (Sidi El Aydi) et Haouz (Tassaout). Le but est de montrer le progrès génétique de ces nouvelles obtentions, afin d'augmenter le taux de leur utilisation et leur appropriation par les agriculteurs et les sociétés semencières. Dans chaque plateforme, les nouvelles variétés de céréales, légumineuses alimentaires, cultures fourragères et oléagineux ont été installées. de même des journées d'information sont organisées au niveau de toutes les plateformes.