L'INRA a développé plusieurs variétés de céréales, de légumineuses alimentaires et d'arbres fruitiers résistantes ou tolérantes à la sécheresse. Elles sont aujourd'hui en cours de multiplication ou d'inscription au catalogue officiel national. Le changement climatique et la diminution des précipitations qui en résulte, engendrant la rareté des ressources en eau, affectent de plus en plus le rendement des cultures. Pour faire face à cette situation, l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), investit dans des programmes d'amélioration génétique des variétés pour la production de nouvelles variétés de cultures plus résilientes à la sécheresse. Ce processus est réalisé en évaluant la diversité biologique des espèces végétales et en réalisant des croisements guidés à l'aide d'outils modernes fournis par la biotechnologie, souligne Faouzi Bekkaoui, directeur de l'INRA. Le cycle de développement des variétés améliorées pouvant prendre une longue période qui peut aller jusqu'à 14 ans, les chercheurs de l'INRA, pour réduire ce temps, utilisent des outils de «speed-breeding» qui consistent à avoir plus d'une génération par an et ainsi réduire le cycle d'amélioration par 3 à 5 ans, ajoute le chercheur. C'est dans le cadre de ces programmes que l'INRA a développé de nouvelles variétés de blé dur et d'orge qui sont plus résilientes à la sécheresse. Ces variétés baptisées respectivement «Nachit» et «Khnata» sont dans le process de multiplication et devraient être disponibles pour les agriculteurs dans 2 à 3 ans. Pour l'heure, les observations préliminaires de cette année ont montré que les triticales sont plus tolérants à la sécheresse. Cette espèce qui vient d'un croisement de blé et de seigle montre aussi des rendements supérieurs au blé. A noter que les triticales sont utilisés dans l'alimentation animale comme fourragère. Cependant, la variété peut être mélangée dans une proportion de 10% avec le blé pour faire du pain. C'est donc une opportunité pour investir dans l'adaptation au changement climatique et à la diminution de la pluviométrie. Les variétés résilientes ayant un système racinaire plus développé qui aide la plante à absorber plus d'eau que les variétés avec un système racinaire moins développé et permettre une croissance de la plante. Les récentes études ont ainsi mis en exergue que la diversité génétique reste le seul moyen pour atténuer les effets des changements climatiques, Le recours à la biotechnologie a montré aussi son effet positif. Le cas du maïs cultivé aux USA est un exemple en la matière. Depuis le début des années 90 elle a largement contribué à l'atténuation des effets de changements climatiques et a permis une augmentation et stabilisation de rendement pour environ 30 années. Les espèces apparentées jouent également, un rôle crucial pour l'atténuation des effets des changements climatiques. Ces espèces sont conservées dans la banque de gènes de l'INRA et sont utilisées dans les programmes de sélection pour le développement des variétés plus adaptées et plus particulièrement résistantes aux maladies et à la sécheresse. La création de la variété de blé dur Faraj est une variété résistante à la sécheresse et un exemple en la matière. A noter que l'INRA mène des travaux sur la création variétale des principales cultures céréalières (blé tendre, blé dur, orge), légumineuses alimentaires (fève, féverole et lentille), fourragères (avoine, lupin, vesce, pois fourrager et maïs), oléagineuses (colza et tournesol) et arboriculture fruitière (amandier, figuier, abricotier, grenadier et pêcher). Le bilan actuel de l'institut s'élève à plus de 355 variétés inscrites au catalogue officiel répartis entre 31 espèces végétales. Afin de contrer la dégradation attendue de la qualité de l'eau, les programmes de recherche de l'institut visent également à développer des variétés tolérantes à la salinité ou tolérantes au sel. Ressources génétiques L'ensemble des programmes menés sont l'un des meilleurs moyens pour contribuer à assurer une production durable. Face à l'impact des changements climatiques sur les ressources génétiques d'intérêt agronomique et agroalimentaire, la banque de gènes implantée depuis 2003 par l'INRA dans le centre régional de la recherche agronomique de Settat est justement dans ce contexte un de ces moyens développés. Et ce, pour renforcer la productivité agricole et par delà assurer la sécurité alimentaire nationale. Pour rappel, c'est une collection, composée de 69 626 accessions réparties sur 162 genres et 568 espèces, qui est conservée dans la banque de gènes de l'INRA, faisant du Maroc l'un des pays du pourtour méditerranéen des plus riches en la matière. Pour aller de l'avant dans le domaine de la gestion des ressources génétiques végétales, animales et microbiennes, le Maroc investit aujourd'hui dans un centre national des ressources génétiques (CNRG). Objectif : la préservation des ressources génétiques et par delà, le développement durable.