L'indépendance énergétique du Maroc est primordiale. Sa réalisation est tributaire du développement de nouvelles filières et écosystèmes, à l'instar des industries éoliennes, solaires et d'hydrogène vert. La décarbonation comme levier de croissance durable est un sujet d'actualité. Ce n'est donc pas étonnant que cette thématique ait attiré l'attention des entrepreneurs et chefs d'entreprises. Récemment, la CGEM et le Club de chefs d'entreprises France-Maroc ont largement abordé cette question lors d'une rencontre organisée à Casablanca. Le Maroc étant un pays précurseur en Afrique dans le domaine, cette rencontre, à laquelle a pris part la ministre de la transition énergétique et du développement durable, Leila Benali, a bien évidemment été l'occasion pour dresser le bilan du processus de décarbonation engagé aussi bien par le Maroc que par la France. Et cela dans le cadre des Objectifs de développement durable (ODD) et conformément aux orientations de la Stratégie nationale de développement durable et des recommandations du Nouveau modèle de développement. Il a été ensuite question de passer en revue les réformes et initiatives pionnières adoptées par le Maroc dans le cadre de sa stratégie pour le développement durable, notamment le Plan Climat National, de sensibiliser les chefs d'entreprises à cette thématique et de mettre en lumière les opportunités d'investissement vertes qui s'offrent à eux afin d'assurer une transition inclusive à l'horizon 2030. Le décor ainsi planté, c'est en toute logique que l'on est passé aux perspectives. Mais auparavant le gouvernement a tenu à réitérer son entière implication dans ce chantier. «La décarbonation est un sujet prioritaire de la réforme du secteur énergétique, très actuel au regard de la flambée des prix des matières premières et de l'impact de cette inflation directe et indirecte sur l'économie nationale», a commenté, dans ce cadre, Mme Benali dans une déclaration à la MAP. Et de poursuivre : «Nous nous joignons à la CGEM pour étudier les réformes engagées par le Maroc en matière de décarbonation, lesquelles sont appelées à être accélérées, avec l'implication effective du secteur privé, afin d'améliorer la transparence sur les coûts de transactions des services et sur les opportunités d'investissement». Intervenant par visioconférence, le ministre de l'industrie et du commerce, Ryad Mezzour, a, quant à lui, mis en exergue les initiatives lancées par le Maroc pour la décarbonation industrielle. Il a noté que son département est disposé à appuyer les initiatives et projets de décarbonation des petites et moyennes entreprises (PME) industrielles via le programme d'accompagnement «Tatwir croissance verte». Après avoir appelé à faire valoir le modèle marocain en matière d'industrie décarbonée, le ministre a souligné l'importance de l'indépendance énergétique dont la réalisation est tributaire du développement de nouvelles filières et écosystèmes, à l'instar des industries éoliennes, solaires et d'hydrogène vert. «Nous sommes en capacité de faire de la destination Maroc une terre d'investissement incontournable», a-t-il estimé, citant à ce titre l'avantage concurrentiel, la compétitivité du marché national, l'intégration en profondeur de la chaîne logistique, l'élargissement des réseaux de distribution, la multitude d'accords de libre échange ratifiés par le Maroc, ainsi que la qualité du capital humain de qualité. Pour le président de la CGEM, Chakib Alj, les enjeux de la décarbonation offrent «une grande opportunité pour la croissance de nos entreprises et de notre économie en général». Cette thématique, assure-t-il, «est encore plus d'actualité aujourd'hui au regard de la hausse inédite des coûts des énergies fossiles». En décarbonant, poursuit le président du patronat marocain, «nous sommes gagnants à plus d'un titre». L'économie bas carbone contribue à la lutte contre les changements climatiques, à la baisse des coûts des facteurs de production afin de renforcer la compétitivité du tissu industriel et plus généralement réduit la dépendance du Maroc en matière d'énergie. A travers différentes initiatives lancées avec ses partenaires, la CGEM est résolue à accompagner les entreprises marocaines pour réussir cette transition qui permettra aussi au Maroc de se positionner dans les nouvelles chaînes de valeurs mondiales, a fait valoir M. Alj. Notons que cette rencontre a été organisée par la CGEM en partenariat avec le Mouvement des entreprises de France (MEDEF) International, le Club des chefs d'entreprises France-Maroc, Zénata écocité, le groupe Suez environnement et CIH Bank. L'économie nationale progressivement plus sobre en carbone L'économie marocaine devient plus sobre en carbone avec une baisse moyenne annuelle de 2,2%, depuis 2004, de l'intensité des émissions nationales par unité de PIB. Des chantiers ambitieux ont été engagés par le Maroc en matière de décarbonation conformément à la Stratégie nationale de développement durable (SNDD) qui vise à assurer une transition verte et inclusive à l'horizon 2030. Sur la base de la SNDD le Royaume s'est doté d'un Plan Climat National qui trace les orientations phares pour réussir les efforts d'adaptation des secteurs vulnérables. L'ambition nationale a été rehaussée avec une Contribution déterminée au niveau national (CDN) actualisée qui vise à réduire les émissions de GES de plus de 45% à l'horizon 2030. En outre, le Maroc, en restant fermement attaché aux objectifs de l'Accord de Paris, a également élaboré une Stratégie bas carbone 2050 (SBC), basée sur la nouvelle ambition de la CDN et sur le pari du Nouveau modèle de développement «Maroc champion de l'énergie compétitive et verte» d'ici 2035 en faisant de l'énergie un levier d'attractivité et de développement. Pour ce qui est du secteur de l'électricité, le projet de transition énergétique initié par le Maroc prévoit 52% d'énergie renouvelable dans la capacité installée totale à l'horizon 2030. Aujourd'hui, 50 projets d'énergies renouvelables cumulant une puissance installée d'environ 4 GW sont en exploitation et une soixantaine de projets de différentes tailles sont en cours d'autorisation, de développement ou de réalisation, pour alimenter notamment des unités industrielles. S'agissant du programme de décarbonation industrielle, le gouvernement a entamé la mise en œuvre d'un portefeuille de projets visant à doter les zones industrielles du Royaume en projets d'énergies renouvelables, dont les premiers besoins ont été estimés à 800 Gwh par an. Le premier projet est déjà autorisé pour la zone industrielle de Kénitra et d'autres sont en cours d'autorisation. Les projets réalisés à ce jour sont rendus possibles grâce à la mise en place d'un cadre législatif, réglementaire et institutionnel approprié et amélioré en continu pour tenir compte de l'évolution rapide du secteur de l'énergie, mais surtout des orientations du Maroc La décarbonation, un levier essentiel de croissance La décarbonation est un levier essentiel de la croissance économique, a souligné, mardi à Casablanca, la ministre de la Transition énergétique et du développement durable, Leila Benali. La décarbonation, explique-t-elle, pourrait rimer dans l'esprit de certains avec décroissance, mais bien au contraire elle constitue un levier essentiel de la croissance, d'attractivité et de développement. En outre , la ministre a affirmé que la décarbonation est un sujet d'actualité, qui est parfois mal compris, alors même qu'elle assure une source d'opportunités industrielles et commerciales. Notant que le contexte inflationniste actuel a été accru par l'impact secondaire de la hausse des prix des matières premières, notamment des énergies fossiles, Mme Benali a mis en avant l'importance de l'augmentation de l'électricité renouvelable et de la multiplication des services d'efficacité énergétique, de stockage et d'économie circulaire comme principaux leviers de décarbonation des mix énergétiques. Et de soutenir: «Ceci ne se fera pas sans l'accès de manière durable au marché international du gaz naturel et sans changements transformationnels dans les processus de production». Mme Benali a également estimé que la transition énergétique nationale devra être accompagnée par d'autres leviers, notamment la recherche, le développement, l'innovation et l'industrialisation dans les domaines des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique en matière desquels le Maroc a réalisé des avancées durant cette dernière décennie. Parallèlement, elle a relevé les efforts consentis pour l'amélioration du retour sur capitaux investis dans ce chantier érigé comme prioritaire, appelant le secteur privé, national et international, à faire preuve de rigueur en matière de transparence sur les coûts de transactions services et sur les opportunités d'investissement Un rôle significatif à jouer dans l'approvisionnement de l'Europe en énergie verte Le Maroc peut, dans un avenir proche, réduire sa dépendance énergétique et jouer un rôle significatif dans l'approvisionnement de l'Europe en énergie verte, a indiqué le président de la CGEM, Chakib Alj. Il a estimé que le potentiel que recèle le Maroc en matière d'énergies renouvelables, notamment sa capacité de production de l'hydrogène vert, peut lui permettre d'approvisionner l'Europe en énergies propres. A ce titre, il a rappelé les engagements du Royaume dans la dynamique mondiale de lutte contre le changement climatique qui ambitionne de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 44,5% et de passer de 35% à 52% de ses capacités de production énergétique basées sur les énergies renouvelables à l'horizon 2030. En vertu de la réalisation de ces ambitions, M. Alj a souligné l'implication du secteur privé et son rôle clé, en particulier dans le déploiement de solutions de décarbonation à travers les financements qu'il peut mobiliser et les innovations technologiques qu'il peut générer, ajoutant que la décarbonation représente une véritable opportunité. Selon lui, l'économie bas carbone constitue un levier de réduction des facteurs de production pour une meilleure compétitivité des entreprises et leur permet d'être au diapason des nouvelles réglementations internationales notamment le mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (MACF) de l'Union européenne qui prendra effet en 2026. Cette dynamique a servi à catalyser l'émergence d'une industrie nationale verte, décarbonée, circulaire et ayant fortement recours aux énergies renouvelables, a fait constater le président de la CGEM, notant qu'elle représente également une aubaine pour les entreprises en termes d'accélération des relocalisations industrielles vertes et d'accompagner de la reconfiguration des chaînes de valeurs mondiales qui sont en cours, rendant ainsi la destination Maroc plus attractive.