Jérôme Mouthon, Président de la French Tech Maroc La French Tech Maroc référence pas moins d'une cinquantaine de jeunes pousses dans l'Agritech. L'accompagnement financier est indispensable et chaque start-up peut être mise en péril sans financement. L'AgriTech séduit de plus en plus au Maroc grâce à sa forte dynamique enclenchée dans l'agriculture marocaine. Plusieurs porteurs de projet y ont vu une opportunité pour développer de nouvelles solutions dans ce domaine. Explications avec Jérôme Mouthon, président de la French Tech Maroc. De plus en plus, on observe une émergence de start-up dans l'AgriTech dans le monde avec comme objectif de répondre à des questions de développement et de croissance économique et en favorisant une croissance durable. Qu'en est-il du Maroc ? Il est important de rappeler que nous appelons AgriTech, l'innovation au service de l'agriculture. Les enjeux de l'AgriTech sont surtout liés aux changements climatiques et aux différents sujets environnementaux, au développement de nouvelles pratiques de production et de consommation, à la diversité des agricultures et enfin à la pérennité économique des exploitations agricoles. Au Maroc, nous voyons de plus en plus de projets se créer autour de l'AgriTech et force est de constater qu'ils sont tous différents les un des autres. Nous avons organisé conjointement avec la French Tech Tunis, un AgriPitch pour les start-up tunisiennes et marocaines qui développent des projets autour de l'AgriTech et c'est une start-up marocaine qui a remporté le Pitch, Renove Protein, spécialiste de l'élevage et de la transformation des insectes en ingrédients premiums actifs pour les animaux de compagnie, poissons, plantes et les humains. Les entrepreneurs sont-ils nombreux à se lancer dans ce domaine ? Dans la communauté des «amis» de La French Tech Maroc, nous avons environ une cinquantaine de personnes référencées dans cette Tech. Ils ne sont malheureusement pas encore assez nombreux, mais de plus en plus, nous voyons des porteurs de projets arriver aussi avec des start-up qui pensent techno autour de l'agriculture. La data est déjà présente au sein de quelques projets, comme l'avait expliqué une personne de chez Sowit, en 2019 lors d'un petit déjeuner que nous avions organisé. Sowit est une start-up installée entre la France et le Maroc qui combine la télédétection (drone et satellite), l'agronomie et l'intelligence artificielle pour fournir aux agriculteurs africains des informations leur permettant d'intensifier durablement leurs productions. Donc oui, les entrepreneurs marocains se lancent plus facilement qu'avant et sans hésiter à «révolutionner» complètement la chaîne de production. Si on prend les estimations énoncées par les organismes en Afrique, c'est plus de 200 000 emplois qui devraient être créés d'ici 2025, dans le secteur de l'agriculture liée à la Tech. Le métier d'agriculteur ne cesse d'évoluer ainsi que leurs besoins, et chaque pays africain devra faire face aux challenges économiques, réglementaires et sociétaux que cela implique. Avez-vous des exemples de start-up qui ont particulièrement retenu votre attention ? Nous en avons quelques-unes bien sûr, à l'instar de Renov Protein, ou encore Sowit déjà citées, nous avons Misra, Elastic-Solutions, Novaton ou encore Terrafrica tech. Comment les accompagnez-vous ? La French Tech Maroc est une communauté qui est surtout là pour aider les porteurs de projets à rencontrer tout l'écosystème dont ils pourraient avoir besoin, en local mais aussi à l'international. Fort de 48 communautés dans le monde La French Tech permet aux entrepreneurs marocains, inscrits sur notre base de données, de pouvoir échanger avec des entrepreneurs du monde entier évoluant dans la même Tech et peut être même dans des activités similaires. Le fait de pouvoir échanger leur permet de se challenger sur leur business model, leur organisation et bien sûr le financement qu'ils sont susceptibles d'aller chercher pour le lancement ou l'industrialisation de leur projet. Nous orientons aussi les membres de notre communauté vers les incubateurs de la place comme le Kluster de la Chambre Française et d'Industrie du Maroc avec qui nous travaillons en étroite collaboration. L'accompagnement financier est important pour le développement de ces start-up. Qu'est-ce qui pourrait les mettre en péril ? L'accompagnement financier est même indispensable car les projets dans l'AgriTech sont lents à se mettre en place car il faut convaincre et éduquer le marché et pour assurer «le proof of concept» cela peut prendre parfois plusieurs mois. Sans financement, la start-up ne pourra pas développer son projet et sera «rattrapée» par les charges mensuelles avant que l'exploitation de leur entreprise permette d'absorber le point mort mensuel. Une fois le POC réalisé, il lui faudra une deuxième vague de financement pour déployer et industrialiser, donc oui, l'accompagnement financier est indispensable et chaque start-up peut être mise en péril sans financement.