Une partie du blé peut toujours être sauvée. Les récentes pluies sont profitables à l'olivier, aux fruits rouges et aux agrumes. Le bétail pourrait profiter de l'amélioration du couvert végétal. La situation des barrages ne s'est pas encore redressée. Les récentes précipitations pluviométriques ont redonné espoir aux Marocains et surtout aux agriculteurs, pour qui rien n'est encore perdu. Ces pluies salvatrices ont été intéressantes en termes de volume et ont été réparties de manière presque équitable sur toutes les régions. En effet, plusieurs d'entre ces régions en ont profité dont Meknès, Settat, Beni Mellal, Ben Slimane, Midelt ou El Haouz. Pour l'heure, il est encore tôt pour se réjouir, surtout de la situation des barrages qui affichent des taux de remplissage toujours insignifiants. Au 9 mars, le barrage Al Massira enregistre un taux de remplissage de 6,3% (12,4% en 2021), contre 14% pour Bin El Ouidane (28,4% en 2021). Le barrage Hassan II, lui, est à peine à 9% au lieu de 28,7% une année auparavant. De l'avis de Rachid Benali, vice-président de la Comader, les récentes pluies seront profitables à plusieurs cultures. Comme la campagne agricole est toujours en cours, les statistiques officielles sont indisponibles, mais des estimations sont possibles. Ainsi, «une partie du blé devra être sauvée, notamment dans les régions du Gharb, de Saiss (Fès) et du Nord. L'on peut même estimer dès maintenant que 40% des cultures céréalières de ces régions peuvent être récupérées», explique-t-il. Grosso modo, si certains professionnels avaient estimé la production céréalière de moitié au moins, inférieure aux prévisions, soit entre 30 et 40 millions de quintaux (MQtx), ils estiment actuellement qu'elle pourra dépasser les 50 MQtx. A côté de cela, la filière oléicole devra réaliser une saison agricole favorable, «avec une production évaluée à 15% de plus que l'année précédente», considère M.Benali. Ces prévisions sont effectuées consécutivement aux dernières précipitations qui devraient sauver l'olivier qui est cultivé en bour. La superficie irriguée, elle, ne pose pas de problèmes, puisqu'elle tire profit des bassins conduits à partir des nappes souterraines. Ainsi, la production des olives devrait se situer à plus de 1,9 million de tonnes et celle de l'huile d'olives à 200 000 tonnes. S'il y a une autre culture qui a tiré profit de l'amélioration de l'état des nappes phréatiques, c'est bien celles des fruits rouges et ce, grâce à un cumul des pluies totalisant près de 160 mm. Il faut savoir que les plantations des fruits rouges sont effectuées entièrement sous serre et sont en totalité irriguées. Pour cette campagne, «la production des 2 régions, le Gharb et le Loukkos, est presque complètement garantie», envisage Abdeslam Acharki, directeur de la Fédération interprofessionnelle marocaine des fruits rouges (interproberries). Toujours selon lui, «la production pourrait dépasser les 200 000 tonnes, et s'inscrire en hausse par rapport à la campagne précédente. Ces estimations prennent en compte l'hypothèse d'un rendement moyen de 30 tonnes à l'hectare, sachant qu'il peut arriver jusqu'à 70 t/ha». Notre source tient à préciser que l'irrigation prend en considération l'orientation du gouvernement en matière d'optimisation de l'utilisation des réserves souterraines en eau et de rationalisation de son exploitation. Les récentes pluies ont certes été bénéfiques pour bien des cultures mais pour ce qui est de l'élevage, elles ont été des plus importantes. «Avec une volumétrie avoisinant les 40 mm la dernière semaine, les parcours végétaux devraient s'améliorer et la disponibilité de l'aliment ne devrait plus poser de grandes contraintes», rapporte M.Benali. «Le couvert s'est redressé de 30% à 40%, une amélioration qui devrait se confirmer avec les prochaines pluies prévues dans le pays. Toutefois, ledit couvert est profitable surtout aux petits ruminants. Les éleveurs dépendent toujours des matières premières importées de l'étranger (notamment l'Ukraine), qui continuent de subir un surenchérissement, pour assurer l'alimentation de leur cheptel», détaille M'hammed Karimine, président de la Fédération interprofessionnelle des viandes rouges (Fiviar). Enfin, ces pluies seraient également propices aux nouvelles cultures, les cultures printanières, attendues pour la prochaine campagne agricole, avec à leur tête les agrumes. «La filière a signé la fin de sa saison agricole. Nous en sommes actuellement en cours de commercialisation et d'exportation. La récente pluviométrie est donc bénéfique pour les produits de l'année prochaine», signale M.Benali, tout comme pour d'autres cultures comme les pois chiches, le tournesol et certaines variétés du maïs. Tout n'est pas encore perdu. Reste à espérer que le ciel soit plus clément les prochains jours pendant lesquels les précipitations seraient importantes ou même déterminantes quant à l'amélioration de la production de l'ensemble des filières agricoles.