Dans chaque crise, il y a forcément des opportunités ou, du moins, des enseignements qui peuvent s'avérer précieux pour l'avenir. Ce principe est parfaitement illustré par la pandémie qui, en dépit de ses effets immédiats sur la santé, la vie quotidienne et l'économie, s'est révélée un déclencheur de nombreuses révolutions. L'actuelle crise d'Ukraine, qui est d'une tout autre nature, n'échappe pas non plus à la règle. Les répercussions qu'elle commence déjà à avoir sur l'économie mondiale et plus particulièrement sur les échanges internationaux et sur les prix des matières premières, confirment d'abord quelques options prises par le Maroc depuis fort longtemps. Ainsi, l'Europe, avec toute sa puissance, se trouve aujourd'hui dans une impasse à cause de sa dépendance énergétique vis-à-vis du gaz russe qui représente dans certains pays, dont l'Allemagne, près des deux tiers de la consommation. Cette dépendance s'est construite au fil des décennies et au gré des politiques publiques européennes en prenant en considération des paramètres et données qui étaient valables à une époque mais plus maintenant. Aujourd'hui, l'Europe semble piégée entre la nécessité de faire preuve de fermeté face à la Russie et l'impératif d'assurer un approvisionnement sécurisé en gaz pour chauffer les millions de ménages européens et le fonctionnement des industries. Ce dilemme est valable pour plusieurs produits et denrées névralgiques comme le blé, les engrais, les minerais, les métaux... Tout cela conforte le Maroc quant à certains choix stratégiques pris depuis longtemps sur des thématiques cruciales, voire vitales, comme l'eau, le développement de l'agriculture…L'objectif étant d'assurer, entre autres, l'autosuffisance alimentaire, la transition énergétique axée en grande partie sur des énergies renouvelables dont les sources, comme le soleil et le vent, sont présentes en abondance au Maroc, la transformation de l'industrie...Ces options n'ont pas été prises dans des situations de détresse ou d'urgence et, pourtant, plus les années passent plus leur pertinence se trouve confirmée. D'un autre côté, ce qui se passe en Europe actuellement pourra demain apporter des opportunités certaines en termes d'investissements et de co-développement au Maroc qui, en plus du savoir-faire et de la compétitivité, a démontré à plusieurs reprises aux Européens qu'il constitue, non pas une base de repli alternative au gré de la conjoncture, mais un partenaire fiable, durable, performant et respectueux des valeurs universelles.