Des météorites rares et mystérieuses dans les lieux. Plus de 120 du genre exhibées Un patrimoine riche en enseignements sur notre système solaire, à préserver et surveiller. Shergottite, cratères d'impact, uréilite..., le musée de météorites de l'Université Ibn Zohr est une véritable caverne de curiosités et de richesses. Plus de 120 météorites de différents types et fragments du genre sont exhibés aujourd'hui dans les lieux. Ces ''messagers du ciel'', comme appelés, sont en effet des trésors géologiques porteurs d'informations inestimables. La météorite martienne de Tissint découverte dans la région de Tata a été la première à être exposée dans ce musée, créé depuis 2016, indique Abderrahmane Ibhi, expert marocain de météorites, docteur en pétrologie minéralogique et professeur à la Faculté des Sciences d'Agadir. Il est aussi le fondateur responsable du musée universitaire de météorites. «C'est le seul musée dédié aux météorites dans le monde arabe et en Afrique», ajoute-t-il. La visite de ce lieu d'exposition peut durer des heures, car chaque pièce exposée est une histoire. La météorite martienne découverte à Tissint dans la région de Tata est notamment une pièce rare qui véhicule de nombreuses informations. «C'est un cadeau du ciel pour les laboratoires de recherche marocains. Jusqu'à présent, ni les vaisseaux de la NASA ni les vaisseaux russes n'ont réussi à rapporter des échantillons de roches de la planète rouge. Les seuls dont ils disposent sont ceux arrivés sur terre par des pluies de météorites», souligne le collectionneur. Ce sont des nomades de la région d'El Aglâb, commune rurale de Tissint, situé à 60 km au Sud Est de la ville de Tata, qui ont trouvé des morceaux de roches de cette météorite près de leur campement. Une expédition scientifique formée de deux enseignants chercheurs et un étudiant du Laboratoire de pétrologie minéralogie et matériaux de l'Université Ibn Zohr se sont dépêchés sur les lieux. «Il a fallu payer les nomades pour amener les scientifiques sur les sites de leurs trouvailles pour relever les coordonnées et ramasser quelques tout petits fragments qui en restent», poursuit l'enseignant chercheur. Ces points de chute et autres informations étaient nécessaires pour établir le strewnfield de la météorite de Tata. Les strewnfields sahariens, ces surfaces propices à la prospection des météorites, étant aussi importants que les météorites elles-mêmes. La météorite de Tata est une Shergottite typique d'une roche arrachée d'un volcan de la planète rouge. Sur le plan scientifique, elle est considérée unique. Selon les chercheurs, les informations dont elle est porteuse sont très intéressantes pour l'étude des fluides de la planète rouge. Ce sont plus de 15 kg, de fragments de la météorite de Tata qui ont été très rapidement collectés au total par les nomades et les chercheurs, ce qui permet d'avoir dans les laboratoires et dans les collections des échantillons exonérés d'intempéries. Une uréilite, c'est la dernière météorite en date arrivée en superstar dans le musée de l'Université Ibn Zohr. Les micro-diamants découverts au sein de cette météorite sont en fait un phénomène mystérieux d'importance. Les recherches menées les ont identifiés comme un type de météorite pierreuse assez singulière par rapport aux autres météorites pierreuses connues. Elle tire son nom du village d'Urey dans la République de Mordovie en Russie, où une météorite de ce type chuta le 4 septembre 1886. Jusqu'à récemment encore, on ignorait totalement à quel type de corps parent elles pouvaient être associées, indique le Pr Ibhi. Des chercheurs marocains du musée universitaire de météorites, Université Ibn Zohr et des homologues italiens de l'Institut de cristallographie et de l'Institut des sciences et de la technologie des plasmas se sont penchés sur cette famille rare de météorites. Ces experts estiment que ce petit fragment rocheux a environ 4,6 milliards d'années, soit le même âge que le système solaire. Ainsi, ce morceau de roche se serait formé à partir du même nuage de poussière et de gaz qui a donné naissance au soleil et aux planètes. Pendant que les planètes du système solaire subissaient des événements et transformations importants, cette météorite aurait chaviré dans la ceinture d'astéroïdes entre mars et jupiter. Ce type de roche extraterrestre contient le carbone sous forme des composés organiques, notamment des acides aminés, des sucres, des alcools, etc., que l'on trouve dans tous les êtres vivants ou sous forme de composés minéraux, notamment le graphite, le diamant et lonsdaléite notamment. Baptisée «NWA 12606» cette météorite est ainsi particulièrement intéressante. Cette roche extraterrestre de 197 grammes a été trouvée en 2018 à environ 30 km au Sud-Est de Midelt, dans la région du Draa Tafilalet (Maroc, coordonnées approximatives de 32°39′08.7′′N, 4°41′42.6′′W), a subi un métamorphisme de choc intense, et le graphite supposé être le matériau carboné d'origine pourrait être partiellement transformé en diamant par l'impact de choc provoqué par une collision du corps parent dans l'espace. «Lorsqu'une météorite contenant du graphite s'écrase sur la Terre, la chaleur et la pression de l'impact peuvent transformer cette formation de carbone en un type de diamant rare et extrêmement dur», explique à ce sujet le Dr Ibhi. Des recherches scientifiques supplémentaires sur ce sujet et une analyse par d'autres techniques sont aujourd'hui nécessaires pour étudier plus en profondeur l'échantillon pour révéler l'histoire de nucléation et de croissance de ces phases précieuses. Pour les experts de telles données sont un véritable patrimoine qui doit être archivé. Pour cela, une prise de conscience collective est aujourd'hui nécessaire afin de préserver et de transmettre ce patrimoine riche en enseignements sur notre système solaire que représentent les météorites sahariennes. Dans certaines contrées, la valeur scientifique de telles roches est parfois peu prise en compte, et certains tentent d'en tirer profit en les proposant à la vente à l'étranger.