La haute saison touristique de la ville, qui coïncide avec le printemps, s'annonce aussi désastreuse que celle de l'année précédente. Contre 21 productions cinématographiques en 2019, les studios de la ville ont accueilli seulement trois films en 2020. L'investissement annuel de l'industrie du cinéma a totalisé 1,2 milliard de dirhams en 2019. Ouarzazate risque de souffrir de la pandémie de la Covid-19 plus que toute autre ville touristique au Maroc. Pour cause, la haute saison est imminente et s'annonce aussi désastreuse que celle de l'année 2020. D'habitude, cette période se prolonge depuis mars jusqu'à fin mai, avant le début de la saison de haute chaleur. En 2020, les opérateurs n'ont évidemment pas pu rattraper le léger retard de 2% accusé en 2019, par rapport à 2018. En effet, le nombre des nuitées est passé de 388 000 en 2018 à 380 000 l'année suivante. Cette légère baisse n'altère en rien la croissance régulière enregistrée depuis 2010, où les établissements classés de la ville avaient totalisé plus 377 000 nuitées. En termes d'arrivées aux hôtels classés, la baisse entre 2018 et 2019 est de 1% seulement. À partir du mois de juin 2020, certaines destinations balnéaires ont connu une légère éclaircie, qui s'est confirmée durant le mois d'août. L'industrie cinématographique est meurtrie Pour Ouarzazate, rien de cela n'a été possible, car la région connaît des chaleurs extrêmes durant la saison estivale. En 2020, l'activité cinématographique, génératrice d'arrivées touristiques, a également été touchée. Comparativement à 2019, où 21 grandes productions ont eu lieu dans les studios d'Ouarzazate, seuls trois films y ont été tournés. Depuis 2015, le nombre de films tournés dans la ville est passé de 12 à 18 en 2018. Selon Said Anadam, directeur de l'OFC (Ourazazate Film Commission), «l'investissement annuel de l'industrie du cinéma a totalisé 1,2 milliard de dirhams en 2019, dont 452 millions de dirhams pour la seule catégorie de production marocaine. Pour ce qui est des productions étrangères, elles ont accumulé 796 millions de dirhams la même année», souligne-t-il. Cet élan d'investissement, qui a confirmé une tendance haussière, ne s'est évidemment pas poursuivi en 2020. En amont, les investissements des productions étrangères sont passés de 280 millions de dirhams en 2016, à 731 millions en 2018. Quant aux productions nationales, elles avaient totalisé 305 millions de dirhams en 2018. Pour sortir de cette situation, l'OFC préconise des mesures comme «la création d'un fonds de soutien aux entreprises fragilisées par la crise et la mise en place de subventions et de crédits sans intérêts». L'OFC propose la même mesure au profit des techniciens du domaine cinématographique et aux porteurs de projets. Ce qui a également nui à l'activité touristique à Ouarzazate est l'annulation des grands événements sportifs dans la région de Draâ-Tafilalet. Le Marathon des sables, le Rallye Aicha des gazelles et le Titan Desert sont des exemples de compétitions sportives qui accueillent pas moins de mille participants et drainent une grande couverture médiatique qui bénéficie à la région, Ouarzazate en premier. Ouarzazate tire l'activité au Draâ-Tafilalet Doté du plus grand aéroport du Draâ-Tafilalet, Ouarzazate influe fortement sur l'activité touristique dans les autres sites de la région. En effet, les arrivées aéroportuaires y sont généralement destinées aux innombrables sites de la région, offrant un nombre considérable de produits et d'offres touristiques. Cela explique que la durée de séjour moyenne à Ouarzazate ne dépasse pas deux jours. Ainsi, des sites aussi prisés comme Kalaât-Mgouna, la palmeraie de Skoura, les Gorges de Dadès et ceux de Todgha, les Oasis d'Oued Draâ et les dunes de M'hamid se trouvent impactés négativement par la situation désastreuse dans laquelle le tourisme se trouve actuellement à Ouarzazate. La ville est également l'entrée de la région pour les touristes qui y accèdent par la route venant de Marrakech, d'où plusieurs circuits touristiques nationaux démarrent. La situation est d'autant plus noire que la route nationale qui relie Marrakech et Ouarzazate est en travaux au niveau du fameux col de Tizi n'Tichka, et ce depuis plus de six ans.