Une pénurie des matières premières en provenance de Chine pourrait survenir en mars/avril. Afin de diversifier leurs sources d'approvisionnement, les donneurs d'ordre se tournent vers le Maroc. Le salon Fashion Tex et Home Tex, organisé habituellement à Casablanca en mars, a été reporté au mois de juin. Les industriels du textile dans la co-traitance et les produits finis se préparent à une pénurie éventuelle des matières premières en provenance de Chine. «Les industriels craignent en effet une rupture d'approvisionnement en intrants : tissus et accessoires. Mais pour le moment, leurs stocks suffisent. Par contre, une hausse des commandes des donneurs d'ordre européens pourrait survenir en notre faveur comme dans différents pays du bassin méditerranéen. A cause de l'épidémie du Coronavirus (Covid-19) en Chine, les donneurs d'ordre commencent à prendre conscience de la nécessité de diversifier leurs sources d'approvisionnement car ce type de problèmes pourrait devenir récurrent», déclare Fatima Zahra Alaoui, directrice générale de l'Association marocaine des industries de textile et d'habillement (Amith). Selon un industriel textile marocain, certains co-traitants de Tanger ont déjà bénéficié de cotations supplémentaires au même titre que des spécialistes dans la chaussette. Cette hausse des commandes est très attendue par le secteur, d'autant plus que l'activité de 2019 n'était pas assez performante pour le Maroc. Un transfert de commandes chinoises vers le Maroc D'après les statistiques d'Eurostat, les exportations de textile et d'habillement n'ont augmenté que de 0,7% pour atteindre 3 milliards d'euros, alors que l'ensemble des fournisseurs de l'UE progressaient de 3,7%. Une reprise des commandes des donneurs d'ordre européens serait donc la bienvenue. Encore faut-il obtenir les intrants nécessaires. «Les commandes de marchandises ayant été réalisées en décembre auprès des usines chinoises arrivent par conteneurs dans les deux mois et seront donc honorés. Par contre, les pénuries de matières premières peuvent survenir en mars/avril à cause des commandes en souffrance de janvier et février», remarque Khalid Oustad, directeur général de Moroccan Textile Market, agence de négoce, conseil et expertise. Depuis lundi 2 mars, une reprise graduelle de la production en Chine a été annoncée. Pour Mme Alaoui, les coûts du transport de marchandises sont, à leur tour, susceptibles d'augmenter. «On a certes la possibilité de s'approvisionner de Turquie mais les prix des intrants sont beaucoup moins compétitifs que ceux de la Chine. On attend que la situation se stabilise. Pour l'instant, le secteur pâtit d'un manque de visibilité», déclare Mme Alaoui. Un industriel marocain qui a l'habitude de s'approvisionner en intrants de Turquie ne pâtit guère de ces chamboulements. «Etant donné que j'importe mes matières premières de Turquie, mon entreprise est moins vulnérable à la situation qui prévaut en Chine à cause du Coronavirus», remarque cet industriel qui préfère se concentrer sur le marché local. A l'international, des salons du textile et de l'habillement sont annulés, voire à moitié vide. C'est le cas du salon «Première vision à Paris» où il n'y avait pas d'exposants chinois, avec seulement la moitié du nombre de visiteurs habituels. «De plus, les donneurs d'ordre européens sont toujours réticents à envoyer leurs acheteurs en Chine. D'ailleurs, même le salon Fashion Tex et Home Tex, organisé habituellement à Casablanca en mars, a été reporté au mois de juin», remarque la DG de l'Amith.