La Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc offre son espace à l'artiste peintre Azdine Hachimi Idrissi. Jusqu'au 7 mars, l'exposition «Connotations cosmiques» explore le cosmos, comme espace et comme concept immatériel. Si l'univers, dans son infinité matérielle et dans son mystère vital, a souvent préoccupé les scientifiques et les philosophes, il a de tout temps hypnotisé l'œil artiste, épris de formes et de géométries variables, tout comme de vide et de non-matière. Ce n'est pourtant pas une thématique aisée que d'explorer le cosmos, ni de le matérialiser sans risquer de le réduire, de l'amoindrir. C'est donc un défi de taille que celui que s'est lancé l'artiste peintre Azdine Hachimi Idrissi pour restituer l'univers dans son infinitude, dans amplitude et dans son mystère. La Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc offre son espace à l'artiste peintre Azdine Hachimi Idrissi.
L'œil qui balaie l'exposition du premier regard se trouve tout de suite happé par une répétition hypnotique des tourbillons d'astres qui se meuvent sans s'importuner dans une forme de dynamique céleste. Tantôt chaude, tantôt froide, les tonalités des toiles évoquent aussi bien le commencement que la fin, le big-bang originel que la poussière de l'anéantissement. «En effet, on est devant deux univers superposés : l'un chaud, apparent, clair, indubitable et ouvert à toute interprétation ; l'autre froid, latent, confus, hypothétique et hermétique à toute spéculation», confirme le critique d'art Said Mellouki. Et dans cette élégie picturale, chacun peut y aller de son esprit, de son humeur. Pour l'auteur et poète Khalil Hachimi Idrissi, «on voit tout de suite que nous sommes face à un récit premier, une sorte de création du monde, qui très tôt inscrit dans son mouvement des éléments culturels qui identifient invariablement la culture marocaine». Et d'ajouter : «Un récit premier ? Et si c'était la fin, un big-bang intersidéral qui aspire toute la matière, toute civilisation, toute épopée humaine, toute vanité ou tout orgueil ? Un trou noir en action qui réduit la matière – ou plutôt la non matière- à sa plus simple expression»... Le journaliste culture Mohamed Naït Youssef y trouve quant à lui quelque poésie. «Il s'agit d'une poésie recherchée à la fois dans l'immensité du cosmos et l'étrangeté de l'espace. Dans ses travaux les formes géométriques, à savoir les cercles, les carreaux, les rectangles... ne sont pas ici pour combler ou meubler un vide, mais elles donnent à voir un autre monde regorgeant de sens et de significations. L'œil erre dans les formes, se jette volontairement dans le cercle vicieux de l'existence, dans le ciel étoilé de l'univers infini». Docteur en littérature française, enseignant, directeur du complexe culturel Moulay Rachid et activiste culturel, Azdine Hachimi Idrissi n'en est pas à sa première exposition. Une première collection nommée «Retour aux sources» avait donné à voir de lui, un ensemble de toiles où la mosaïque marocaine occupait un espace important, se confluant dans un espace chimérique itératif et symbolique. Azdine Hachimi Idrissi se saisit de l'art pour aborder autrement des questions philosophiques aux vérités insaisissables comme ne peuvent le faire les mots et comme seule la peinture sait communiquer.