Le département de la pêche met en place des mesures visant une meilleure connaissance de la situation de sa prolifération et la possible exploitation de son stock. Depuis plus de deux ans, de fortes abondances d'un poisson communément appelé la bécasse de mer, dont le nom scientifique est Macroramphosus sp, ont été détectées aussi bien par l'Institut National de Recherche National (INRH) à travers ses campagnes acoustiques en mer que par les professionnels de la pêche commerciale. Cette population de poisson qui est constituée de deux espèces distinctes, Macroramphosus gracilis et Macroramphosus scolopax est aujourd'hui présente dans nos côtes principalement au niveau de la zone sud de Cap Boujdor, et avec des densités moins importantes dans la zone nord entre Boujdor et Agadir. La bécasse de mer, connu localement au nom de « Rabouze », est un petit poisson osseux qui jusqu'à présent ne suscitait pas d'intérêt à la consommation humaine et son seul usage connu dans le monde est sa transformation en farine de poisson. Son abondance a provoqué des inquiétudes auprès des professionnels de la pêche qui redoutent un possible remplacement des espèces actuellement dominantes dans notre écosystème marin, telle que la sardine, le maquereau etc., par cette espèce de bien moindre intérêt alimentaire et économique. Le suivi de la bécasse de mer montre une colonisation progressive de l'écosystème allant des eaux du large vers les fonds côtiers. Selon les études scientifiques actuellement disponibles, aucune preuve n'indique un impact direct de type prédation sur les autres stocks, d'autant que cette espèce est essentiellement planctophage. Toutefois l'expansion de cette espèce pourrait avoir un effet de compétition spatiale et trophique (d'ordre alimentaire) sur les autres stocks et à ce titre, l'INRH demeure très vigilant sur le suivi de l'évolution de ce phénomène. Les facteurs et les processus écologiques présidant à l'explosion et à la régression « spontanée » et rapide de la bécasse de mer sont , un sujet de recherche prioritaire pour l'INRH, allant des questions d'écologie de l'espèce aux aspects d'exploitation et de valorisation. Par ailleurs, son exploitation est une option qui permettrait de limiter son expansion et réduire sa capacité supposée néfaste de compétition, trophique ou spatiale, vis-à-vis des autres stocks exploités. Dans ce contexte, le Ministère de l'Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement rural et des Eaux et forêts a mandaté l'INRH pour affréter un bateau ayant les capacités techniques suffisantes pour mener une étude pilote d'exploitation de la bécasse de mer. Dans l'objectif d'une exploitation éventuelle des stocks de bécasse de mer, le Ministère a également enclenché, avec l'appui scientifique de l'INRH et en concertation avec l'ensemble de la profession, la mise en place d'un dispositif permettant de réglementer la pêche et la transformation industrielle de ce poisson. Les premiers tests de transformation de la bécasse de mer marocaine ont montré que la farine qui en résulte contient des taux protéiniques relativement similaires à ceux d'autres espèces et présente donc un intérêt économique évident. Rappelons que la présence de la bécasse de mer est signalée dans les eaux atlantiques marocaines depuis les années cinquante du siècle dernier, mais elle échappait à l'attention des pêcheurs. Ce n'est qu'en 1973 que sa présence avait été mise en évidence lors de ses déplacements vers la côte, engendrant une capture accidentelle par les sardiniers et les chalutiers qui l'ont destinée à la transformation en farine de poisson. Depuis cette période, la bécasse de mer est régulièrement détectée à de faibles quantités dans les observations scientifiques en mer, sans susciter d'intérêt commercial auprès des pêcheurs.