Pour exposer, revendiquer, convaincre, se faire entendre, on doit nécessairement savoir gérer la prise de parole en public. Autant que les idées, l'art de les transmettre est indispensable. Humour, anecdotes, citations…, rien ne vaut quelques digressions pour bien débuter un discours. «Que peuvent nous apporter vos produits ?» Cette simple question avait piégé un directeur commercial lors d'une présentation devant un client. «Pourtant, j'avais fait une bonne présentation, j'avais parlé brillamment de notre entreprise, de nos produits mais, au bout du compte, le client n'a pas signé, pourquoi ? Je n'avais fait que parler de moi et non de lui et des avantages concrets qu'il pouvait retirer de notre offre», dit-il. Ce directeur a commis un péché car il n'a pas gardé à l'esprit son interlocuteur : qui il est, ce qu'il attend, son niveau de connaissance et ce, afin de faire une vraie bonne présentation, à savoir une présentation qui atteint les objectifs fixés. Que ce soit dans une conférence de presse, un conseil d'administration, une table ronde, une intervention télévisée, un orateur laisse toujours une trace dans la mémoire des auditeurs, en bien ou en mal. Au Maroc, la prise de parole a toujours fait peur. Peur de s'exposer, peur de déplaire, peur de s'attirer les foudres des mécontents… Combien de fois n'avons-nous pas entendu cette réaction d'un orateur juste après son discours : «Alors, c'était comment mon intervention ? J'étais à la hauteur?» Cela prouve que les difficultés à parler en public sont chose courante. Selon les spécialistes des ressources humaines, c'est carrément une compétence très recherchée. C'est ainsi que le coaching et les formations en communication se multiplient, faisant croître, depuis quelques années, un nouveau marché du conseil. Dans un monde qui privilégie autant le savoir-faire que le faire-savoir, le fait de ne pas pouvoir captiver l'attention d'un interlocuteur ou d'un auditoire peut en effet avoir des effets désastreux sur une carrière : rater un contrat, ne pas savoir se valoriser lors d'un entretien d'évaluation ou d'embauche… Le secret de la réussite est pourtant assez simple : ne jamais entrer dans la spirale de l'échec et pratiquer le plus possible. «L'échec provoque trop souvent une redoutable perte de confiance en soi. Un échec lors d'une soutenance de thèse peut ainsi empêcher des années plus tard un excellent manager de s'exposer en public», souligne Yasmina Chbani, DG du cabinet Dale Carnegie Maroc… Alors il faut s'exposer et s'exposer encore. Faites passer le maximum d'informations en un minimum de temps A propos de la prise de parole, «il ne faut pas croire que cet exercice est réservé uniquement aux directeurs d'entreprises et autres politiciens», rappelle Mme Chbani. Quel que soit le niveau hiérarchique, on est amené un jour ou l'autre à représenter son entreprise lors d'un débat. Alors, comme les pros, sachez apprendre à délivrer un message sans langue de bois, à éluder les questions gênantes mais aussi à vous montrer à l'aise face à un auditoire. Voici quelques règles essentielles. Pas de langue de bois. Gardez à l'esprit que l'auditoire ne retiendra qu'une partie de votre discours. D'où l'intérêt de bien le travailler afin de faire passer le maximum d'informations en un minimum de temps. Pour trouver les mots qui marquent, mettez-vous à la place de l'auditeur. S'il ne connaît rien à votre activité ou à votre secteur, utilisez des mots simples, sans rien changer à votre manière de parler. Donnez aussi des chiffres ou des statistiques significatifs quand vous parlez de l'activité de votre entreprise. Sachez rebondir sur les différentes questions. Il faut savoir que votre intervention sera parfois l'occasion d'évoquer des questions ou des sujets gênants. En effet, vous ne serez pas là pour débiter tranquillement votre discours et partir. Les participants essayeront sans doute de vous interrompre ou de vous contredire. Quand on est pris de court, difficile d'imaginer dans la seconde une réponse à la question. Mais ce n'est pas une raison pour livrer les idées en vrac. Même si vous improvisez, vos interlocuteurs seront sensibles au soin que vous mettrez à ordonner votre pensée. Dans ce cas, cherchez à reprendre le fil de votre raisonnement pour faire passer votre message. Certains intervenants, par exemple, marquent un temps d'arrêt après une question délicate, ce qui leur permet de rebondir. D'autres préfèrent fragmenter une question longue en sous-questions et d'y répondre étape par étape. De même, il convient de retenir que la prise de parole est indissociable de l'authenticité. En clair, il faut être naturel, sans quoi on passe à côté du sujet. A cet effet, «une préparation intellectuelle et psychologique est indispensable», aiment à répéter les pros de la communication. Gardez par ailleurs un stylo et du papier à portée de main. Vous serez sans doute amené à changer d'idées, à en supprimer quelques-unes, à en apporter de nouvelles… Il est donc important de mémoriser les phrases-clés. Enfin, il faut toujours regarder celui à qui on parle. Cela permet de gagner en confiance. Et, surtout, ne vous laissez pas aller à l'agressivité, car cela se retournera contre vous. Mémorisez les phrases-clés Prendre son temps, c'est aussi gagner en assurance. Le silence est un bon moyen de reprendre sa respiration et de ménager ses effets. Comme le silence, le trac n'est pas forcément non plus l'ennemi à abattre. Il mobilise l'énergie et permet le passage à l'acte de la prise de parole qui, lui-même, fait disparaître le trac. La visualisation et la pensée positive sont aussi des méthodes qui ont fait leurs preuves. Il s'agit d'accepter les regards qui se posent sur vous. «Avant de parler, regardez et laissez-vous regarder» , conseillent en chœur les formateurs à la parole. «Souriez ! L'humeur déteint sur votre interlocuteur. Articulez, appuyez sur les consonnes pour donner plus de poids aux mots». Pour ces exercices, chaque cabinet à ses petites phrases amusantes : «Le fisc fixe exprès chaque taxe fixe excessive exclusivement au luxe et à l'acquis. Répétez !» . «Extériorisez vos émotions pour gagner en sympathie, laissez vos mains s'exprimer, faites des gestes hauts, avancez-vous vers le public avec des gestes d'ouverture… et, bien sûr, prévient encore Yasmina Chbani, préparez votre exposé». Si vous vous contentez de préparer de magnifiques – et souvent trop nombreux – supports visuels, votre présentation risque de traverser de fortes turbulences ! «Tout est ensuite question de naturel et d'improvisation».