Trier et hiérarchiser ses idées. Avoir en tête le plan de son intervention constitue déjà la moitié du travail. Autant que les idées, l'art de les transmettre est indispensable. Une préparation intellectuelle et psychologique est nécessaire. Il faut rester naturel. Dans une conférence de presse, une intervention radiotélévisée ou un séminaire, le bon orateur laisse très souvent une empreinte indélébile dans la mémoire des auditeurs. Mais autant que les idées, l'art de les transmettre est indispensable à leur acceptation ou à leur compréhension. Pour un manager appelé tous les jours à faire passer un message, il s'agit là d'une règle incontournable. Que l'on communique sur un projet en comité de direction ou que l'on présente un produit à un prospect, elle est la même. Reste que tout le monde n'a pas des prédispositions à tenir en haleine un public, même très restreint. Si cette qualité n'est pas innée, on peut en revanche l'acquérir. Sur la place, un certain nombre de cabinets organisent des séances de «mise en situation», avec caméras à l'appui, pour corriger l'expression orale et physique des cadres et autres politiciens. Selon Mouslim Kabbaj, président d'IS Force, Institut supérieur de formation, de consultance et d'expertise, le media training a fait ses preuves dans le monde de l'entreprise. L'intérêt a commencé aux Etats-Unis, et plus précisément en politique, avec John F. Kennedy dans ses premières prestations télévisées. Extériorisez vos émotions pour gagner en sympathie Compte tenu de l'incontournable exposition aux médias et à des auditoires de plus en plus exigeants, les managers s'y sont mis depuis. Aujourd'hui, son efficacité n'est plus à démontrer. «Il permet une prise de conscience de sa propre communication en tant qu'acteur et spectateur et une remise en cause de ses habitudes et de ses tics par la simulation et la répétition, par une sorte de jeu de rôles. Les niveaux de difficulté pour sortir progressivement de sa zone de confort et «prendre des risques» peuvent être ainsi mieux maîtrisés», explique M. Kabbaj. Amina Bennis, cadre marketing dans une centrale d'achats, convaincue des bienfaits de cette technique, confirme : «A chaque fois que je prenais la parole lors d'un conseil d'administration ou une conférence de presse, c'était toujours la même angoisse. La gorge qui se noue, les idées qui se brouillent, la voix qui s'affaiblit… Je paniquais. Dès lors, j'ai suivi des cours en matière de communication orale pour m'améliorer. Cela m'a permis de renforcer ma confiance». Confiance ? C'est justement ce dont il s'agit. Il suffit de voir des débats télévisés ou des conférences de presse pour voir comment certains managers, qui maîtrisent l'art de communiquer, arrivent à s'en sortir, même dans les situations les plus embarrassantes, alors que d'autres bafouillent, même s'ils n'ont rien à se reprocher. Pour Mohamed B., journaliste et écrivain, et qui a l'habitude d'intervenir dans des débats télévisés, l'important est de bien travailler son message. «Surtout lorsque vous passez en direct. Vous n'avez plus le droit à l'erreur», appuie-t-il. Quel que soit le contexte, le communicant «doit concevoir un message qui donne envie d'adhérer ou du moins informe, sensibilise». Pour éviter les malentendus, il existe quelques règles de base. Et pour commencer, on doit se poser les bonnes questions sur le message qu'on souhaite transmettre. Comment exprimer mon message dans le langage de mon auditoire? Qu'est-ce qu'il a besoin de savoir pour comprendre la réalité qui fonde mon choix? Que va-t-il y gagner ou que risque-t-il d'y perdre ? De même, il convient de retenir que la prise de parole est indissociable de l'authenticité. En clair, il faut être naturel, sans quoi on passe rapidement à côté du sujet. A cet effet, «une préparation intellectuelle et psychologique est indispensable», aiment à répéter les pros de la communication. Il est indispensable de trier et de hiérarchiser ses idées. Un premier plan en tête constitue déjà la moitié du travail. Sur papier, c'est encore mieux. Regardez et laissez-vous regarder Une fois devant son auditoire, l'orateur devra user de son talent non pas pour impressionner le public mais pour faire passer le message et créer le contact. Loin des grandes théories, le discours doit être structuré, profond et de proximité. Il faut utiliser des mots simples et compréhensibles. Prendre son temps, c'est aussi gagner en assurance. Le silence est un bon moyen de reprendre sa respiration et de ménager ses effets. Mais pas trop car, parfois, il peut signifier que vous êtes déstabilisé. Vous risquez alors de combler ce vide gênant par des tics verbaux du genre «euh, effectivement, normalement…». La visualisation et la pensée positive sont également des méthodes qui ont fait leurs preuves. Il s'agit aussi d'accepter les regards qui se posent sur vous. «Avant de parler, regardez et laissez-vous regarder», conseillent les formateurs de la parole. Souriez aussi ! L'humeur déteint sur votre interlocuteur. Articulez, appuyez sur les consonnes pour donner plus de poids aux mots. Pour ces exercices, chaque cabinet à ses petites phrases préférées: «Les chaussettes de l'archiduchesse sont sèches et archisèches» ou encore «Le chasseur sachant chasser sans son chien chasse bien». Extériorisez vos émotions pour gagner en sympathie, laissez vos mains s'exprimer, faites des gestes hauts, avancez-vous vers le public avec des gestes d'ouverture… Enfin, sachez faire retenir à votre auditoire les idées claires du discours. Il n'est pas question de l'apprendre par cœur. Trop dangereux ! Un petit trou de mémoire et ce sont toutes les idées qui partent en fumée. Seules l'accroche et la conclusion sont à connaître sur le bout des doigts. Pour le reste, contentez-vous d'avoir la structure en tête en vous aidant notamment d'une fiche où vous inscrirez les idées-clés. Huit méthodes pour peaufiner une intervention orale 1 – Commencez par déterminer le temps de préparation C'est votre première sortie en public ? Prenez le temps de bien préparer votre speech. Trois à quatre jours avant l'intervention, c'est l'idéal pour que le discours puisse mûrir. Quel temps y consacrer ? Au moins le double du temps de parole. 2 – Triez vos idées avant de parler Les professionnels de la com doivent le savoir. Les auditeurs ne retiennent que le tiers de ce qu'ils entendent. Pour ne pas submerger l'auditoire, dégagez trois ou quatre idées-clés qui constitueront l'ossature de votre discours. Notez-les sur une fiche. Lors de votre intervention, veillez à respecter l'ordre des idées : comment introduire, comment argumenter et comment imaginer et conclure son discours. 3 – Ne cherchez pas à tout «caser» N'essayez pas de tout placer dans votre discours. Partez plutôt de votre temps de parole et demandez-vous ce que vous pouvez y faire tenir. Et rappelez-vous que l'attention de l'auditoire se relâche au bout de quelques minutes. 4 – Respirez pour chasser le trac Un signe de stress ? Vous perdez le fil de vos idées ? Ne réagissez pas contre le trac. Entraînez-vous à des exercices de respiration. Moins vous vous opposez au stress, plus la peur diminue. 5 – Adoptez une posture dynamique Les outils naturels dont nous disposons sont très importants à maîtriser : le regard, la voix (puissance, débit, phrasé, émotions), le corps (gestuelle, positionnement dans l'espace…). La voix par exemple: se faire entendre est une chose, se faire comprendre à haute et intelligible voix en est une autre. Il faut trouver le temps de bien articuler chaque mot. La prononciation, ça se travaille. Les gestes traduisent également votre état interne, votre authenticité. Ils doivent donc être en accord avec votre discours. Ne gesticulez pas trop. Ne restez pas non plus figé derrière votre chaise. Quant à la posture, tenez-vous droit, prenez appui sur vos jambes et ne pliez pas vos bras. Si vos mains tremblent, gardez-en une dans la poche et utilisez l'autre pour étayer vos paroles. 6 – Regardez l'auditoire avec calme Laissez votre regard se poser sur l'auditoire. Evitez de trop fixer vos fiches ou votre écran. L'orateur doit chercher des yeux les regards qui adhèrent à ce qu'il dit, une façon de renforcer sa confiance en soi. 7 – Placez des anecdotes, des exemples, des expériences vécues… Rien ne vaut une anecdote ou un exemple pour retenir l'attention de son public. Notez-les de façon plutôt détaillée sur votre plan. 8 – Anticipez les questions, les objections ou les critiques qui fâchent Ne vous laissez pas interrompre à tort et à travers. Sachez réagir avec délicatesse et amabilité aux différentes interventions de l'auditoire. Listez par avance les arguments qu'on pourrait vous opposer afin d'être mieux armé pour y répondre.