En faisant officiellement son entrée le 1er janvier 2019 chez le groupe Solvay, une icône du capitalisme belge et un des plus grands groupes industriels européens, la Marocaine Ilham Kadri est devenue la première femme d'origine africaine à diriger une société de cette taille en Europe, écrit lundi 7 janvier 2019 le journal Le Monde. "Officiellement entrée chez Solvay mardi 1er janvier, Ilham Kadri va prendre la tête du groupe le 1er mars, après avoir effectué un tour des grands sites", indique le journal qui consacre qui consacre un portrait à cette Marocaine au parcours brillant. "Ilham Kadri est l'une des premières femmes propulsées au sommet d'un grand groupe belge, après Dominique Leroy (Belgacom-Proximus). Et la première dirigeante d'origine africaine pour une société de cette taille en Europe. Une décision hardie pour une maison aussi classique, toujours contrôlée, cent cinquante-cinq ans après sa création, par les descendants des frères Solvay", souligne le journal dans un article sous le titre "Ilham Kadri, l'ex-stagiaire marocaine devenue PDG de Solvay". En octobre dernier, quand sa nomination a été annoncée, certains salariés sont tombés à la renverse (...) car ils s'attendaient à un quinquagénaire, un des membres du comité exécutif. Surprise! le comité des nominations préfère Ilham Kadri née au Maroc et dénichée aux Etats-Unis par le chasseur de têtes Egon Zehnder, indique Le Monde. Comment cette Marocaine a-t-elle été adoubée par cette aristocratie ? De quelle manière a-t-elle cassé le double plafond de verre qui bloque la plupart des femmes et des Maghrébins ?, se demande Le Monde. « Tous les candidats avaient les compétences techniques nécessaires, et le fait qu'elle soit une femme n'a pas joué", assure au journal l'Espagnole Amparo Moraleda, l'une des membres du comité des nominations. "Ce qui a fait la différence, c'est son style de management, sa capacité à transformer l'entreprise, sa personnalité. » La nouvelle dirigeante a pour elle un parcours solide. Née au Maroc en 1969, Ilham Kadri, très bonne en mathématiques et en physique, vient en France pour rejoindre une classe préparatoire, puis suit des études de physique-chimie à l'université Lyon 1 et l'université Laval, à Québec. Une formation complétée à l'Ecole d'application des hauts polymères de Strasbourg. Forte de ce bagage, la jeune ingénieure en physico-chimie macromoléculaire entame une carrière qui la mène auprès de plusieurs groupes industriels. Après Shell en Belgique, elle retrouve la France chez LyondellBasell, revient en Belgique chez UCB, puis passe dans des entreprises américaines : Huntsman, Rohm and Haas, Dow Chemical, Sealed Air. Depuis 2013, elle dirigeait Diversey, une société de 9.200 personnes spécialisée dans les technologies et services pour l'hygiène, filiale de Sealed Air. Elle en a assuré le redressement avant d'organiser sa vente en 2017 à un fonds d'investissement, Bain Capital, pour 3,2 milliards de dollars. C'est cette expérience réussie en Caroline du Nord qui a impressionné les recruteurs de Solvay, assure Le Monde. « Ils cherchaient quelqu'un qui connaisse le secteur, sache la valeur de la technologie, ait un "track record" [une expérience] en matière de transformation, et soit un "global citizen" [un citoyen du monde] à l'aise partout », détaille Ilham Kadri au journal. Sa tâche chez Solvay consiste à améliorer durablement les résultats, notamment dans les matériaux composites, pour que le groupe retrouve en Bourse son lustre perdu. Mais Ilham Kadri se sent prête au défi. « Solvay ? C'est une pépite d'or qui est là. J'ai hâte ! », assure-t-elle. (Avec MAP)