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Kool Food : histoire d'un mariage raté avec un fonds d'investissement
Publié dans La Vie éco le 23 - 04 - 2018

« Le redressement judiciaire ne signifie pas la mort d'une entreprise. Au contraire, il peut être le début d'une renaissance». C'est Anas Lahlou, gérant de Kool Food, société spécialisée dans la fabrication de produits de confiserie et de chocolat, qui exprime ces propos comme dans un cours de management. Une évidence, peut-on dire. En réalité, c'est loin d'être le cas car, d'après les statistiques du ministère de la justice, 90% des procédures de redressement judiciaires finissent par la liquidation. Mais quand ce commentaire vient d'une personne comme lui, difficile de ne pas le partager d'autant qu'il a vécu cette expérience dramatique de descente aux enfers que redoute tout patron, surtout dans un environnement où l'échec est stigmatisé.
La société est en effet passée de la lumière à l'ombre avant de retrouver la voie de la rédemption. Retour en arrière pour comprendre cette histoire, un véritable cas d'école en réalité dans un monde où purs entrepreneurs et investisseurs financiers veulent mettre à profit des synergies pour développer ensemble des affaires. Kool Food a été créée en juillet 2010 par Anas Lahlou qui exerçait jusque-là dans l'importation de produits de grande consommation. Le démarrage est fulgurant. En deux ans seulement (2012), le chiffre d'affaires est propulsé à 105 MDH. Il est vrai que sur le segment des produits à «1 dirham», le cœur de son activité, la demande est toujours tonique. Pour financer la croissance, il fallait donc un partenaire de taille. Dans le même temps, le fonds émirati Abraaj, entré au Maroc en 2011, cherchait des opportunités d'investissement. Il manifeste son intérêt pour cette PMI prometteuse et une lettre d'intention est signée en 2013.Au moment d'entrer dans le capital, le fonds exige, selon M. Lahlou, l'entrée dans le tour de table de Comaner Maroc. «C'était une condition suspensive», raconte le gérant de Kool Food. Il obtempère, cédant au géant de la finance. Le capital est alors ainsi réparti : Abraaj prend 40%, son partenaire 14%, Anas Lahlou 40% et un associé turc 6%.
Un investisseur pressé
Aussitôt après, en mai 2014, le nouveau gros associé, fort de sa majorité, et voulant certainement aller très vite, exige le transfert immédiat de l'usine, alors sise dans des locaux de la propriété de Kool Food à Ain Sebaa, pour emménager dans des locaux surdimensionnés à l'extrémité opposée du Grand Casablanca. Le fondateur et associé historique hésite et résiste. Cette attitude est d'autant plus compréhensive qu'il fallait non seulement déménager un outil de production, mais aussi tenir compte du volet social. Ce n'est pas en effet une sinécure que de convaincre plus de 250 salariés de se déplacer sur près de 30 km dans l'urgence.
L'usine est donc relocalisée sur un site de 13 000 m2 couverts pris en location, mais il a fallu 6 mois pour que la réinstallation soit effective. Pendant ce temps, la production était presque à l'arrêt. Ces six mois ont été fatals à l'entreprise. Les pertes dues à la non-activité aspirent plus des trois quarts du capital.
Entre Kool Food et Abraaj, il n'y a donc pas eu de lune de miel. Commence alors un long bras de fer. Le fonds, qui avait promis de remettre au pot 1,5 million de dollars (15 MDH) pour combler le surcoût lié au déménagement intempestif, en plus des 30 MDH initialement injectés dans le capital et autant en compte courant, «rechigne à le faire», selon Anas Lahlou. La situation empire alors que, paradoxalement, les carnets de commande sont bien garnis : pas moins de 70 MDH à honorer pour le seul 2e semestre de 2015.
Soutien sans faille des créanciers
Après avoir vainement relancé Abraaj, M. Lahlou, en tant que gérant, saisit le tribunal de Commerce de Casablanca pour conciliation. En avril 2016, ce dernier met la société sous la procédure de redressement judiciaire et désigne Abderrahim Hassoun en tant que syndic. Anas Lahlou, qui jouait gros à cause d'une caution de presque 130 MDH que voulait faire jouer son associé, convainc le groupe français Corin de venir au secours de son entreprise. Un plan de continuation est ensuite présenté en avril 2017. Entre les banques, les fournisseurs et le compte courant d'associés, les dettes s'élevaient à plus de 150 MDH.
Par le biais de sa filiale Cofrapex, spécialisée dans le négoce, le groupe français rachète les parts d'Abraaj et de Comaner Maroc, et reprend 50% du capital. Des créanciers, confiants dans la viabilité de l'affaire, et notamment la Banque Populaire, ont également apporté leur écot en abandonnant une partie de leur créance. Le conseil financier est assuré par Mohammed Tougani, expert-comptable, commissaire aux comptes et syndic judiciaire.
Pour repartir de bon pied, la superficie est redimensionnée (6500 m2 au lieu de 13000 m2) et le parc automobile réduit. Selon le syndic, qui loue au passage l'attitude des divers fournisseurs et partenaires financiers de la société, «tout va bien maintenant ; le redressement est en bonne voie». Les associés visent un chiffre d'affaires d'au moins 150 MDH en 2018 et le double en 2019. Pour ce faire, la société rénove progressivement son outil de production en vue d'améliorer la qualité, de répondre aux standards internationaux et d'obtenir la certification HACCP et Iso 22000, cette ambition étant surtout dictée par le principe du «manger sain» préconisé par le président du groupe.
Quand on interroge M. Lahlou sur son état d'esprit actuel, il manifeste irritation pour le passé et espoir pour l'avenir. L'histoire de Kool Food permet, en tout cas, de tirer trois enseignements que doit méditer tout dirigeant de PME : ne pas chercher à croître à tout prix, trouver un partenaire sûr, qui investit sur le long terme, et bien étudier les risques de marché.


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