Les tarifs ont fortement baissé sur certains types de contrats. RMA Watanya est toujours en pole position, mais elle est talonnée de près par Wafa Assurance qui a relégué Axa à la troisième place. Depuis la levée, en juillet 2006, de l'administration des tarifs pour la responsabilité civile de la branche automobile en marge d'une libéralisation graduelle, la concurrence entre les acteurs principaux du marché marocain de l'assurance n'a jamais été aussi acharnée qu'au cours de ce dernier trimestre 2007. En effet, dans le sillage d'une concentration qui s'accélère (rachat d'Essaâda par le groupe Saham, actionnaire de référence de CNIA) et d'un remodelage continu du secteur avec pour faits marquants pour la seule année 2007 le désengagement de l'Ona du capital d'Axa Assurances Maroc (AAM), l'introduction en Bourse d'Atlanta/Sanad et l'entrée annoncée de la BCP dans celui de la Marocaine Vie, la guerre des tarifs fait rage. On relève que AAM, qui vient de perdre son rang de dauphin en juin 2007, essaie vaillamment de ne pas se laisser distancer avec près de 16% de parts de marché et ce, en déployant de gros efforts pour compenser les contrats collectifs d'assurance vie qu'elle a perdus à la suite de son divorce avec l'Ona. Aussi, la branche dommages de la filiale du leader européen de l'assurance connaît-elle une évolution remarquable (+ 20% à 1,2 milliard pour le seul premier semestre de l'année qui s'achève), en partie due à un effort sur les tarifs, seul moyen rapide de gagner des points avant de consolider la croissance par la suite. La bancassurance dominée par Wafa Assurance Dans la même logique, la guerre pour le fauteuil de leader fait désormais rage entre RMA Watanya, née de la fusion-absorption, en 2004, entre Al Watanya et RMA, et Wafa Assurance, le bras armé en assurance du «champion national» des métiers financiers. Car, depuis que cette dernière est montée, à fin juin 2007, à la deuxième place du podium grâce à des primes émises de 1,6 milliard de DH (+42% par rapport à la même période de 2006), la distance qui la sépare de la filiale du groupe Benjelloun se réduit considérablement. Dans cette course poursuite, Wafa Assurance dispose d'un atout indéniable : la force de frappe du réseau d'agences bancaires de sa maison mère (plus de 600 points de vente, contre 350 pour BMCE Bank). Un point fort qui se traduit, logiquement, par la position de numéro un de la bancassurance. Au terme de l'exercice 2006, Wafa Assurance affichait un montant global de primes émises, à ce titre, en progression de 65% à 1,08 milliard de DH (soit 45% de son chiffre d'affaires global), contre 758 MDH pour RMA Watanya et 542 MDH pour AAM. La CNIA veut jouer les trouble-fête Aussi, la question qui taraude les observateurs du secteur pour la fin 2007 est-elle de savoir si Wafa Assurance arrivera à coiffer au poteau l'actuel leader. Certes, combler 3 à 4 points de parts de marché d'écart en un seul semestre est loin d'être une mince affaire, mais l'année 2006 a déjà prouvé que la filiale d'Attijariwafabank est capable de telles prouesses en hissant sa part de 12,3% à 16,2%. Un tel scénario serait, ni plus ni moins, un cauchemar pour RMA Watanya qui s'apprête à s'introduire en Bourse en 2008 et qui voudrait sortir au marché avec l'étiquette de leader. Les statistiques annuelles de l'année 2007, produites par la Fédération marocaine des sociétés d'assurance et de réassurance (FMSAR), feront donc, en mars prochain, saliver bon nombre de parties prenantes. Derrière le trio de tête, les challengers affûtent également leurs armes pour se positionner sur des créneaux juteux et/ou avancer plus vite que le marché. C'est le cas par exemple de la CNIA qui, à défaut d'absorber Es Saâda, sa nouvelle sœur au sein du groupe Saham qui souffre d'une insuffisance importante de provisions techniques, est sur le point de récupérer le portefeuille d'assurance vie de celle-ci. Cette croissance externe permettrait à la CNIA de renforcer sa position sur ce créneau qui assure l'essentiel de la croissance du secteur (+ 27% contre + 7% pour la branche non-vie). Quoi qu'il en soit, pour peu qu'elle reste loyale, cette concurrence à couteaux tirés et la frénésie d'innovations qui l'accompagne (contrats à unités de compte introduits pour la première fois au Maroc en cette fin d'année) ne peuvent être que bénéfiques pour le consommateur et la diffusion des produits d'assurance en général. D'ailleurs, celle-ci demeure encore très limitée avec un taux de pénétration (primes émises / PIB) d'à peine 3%, contre plus de 8% en moyenne en Europe.