De nombreux promoteurs n'ont pas atteint leurs objectifs. Le social inexistant, le haut standing trop cher… les MRE n'ont pas beaucoup acheté. Les grands promoteurs spécialisés dans l'économique sont en revanche satisfaits. Les promoteurs immobiliers sont déçus. Contrairement à la tradition, la période estivale n'a pas été excellente. «Sur le plan strictement financier, l'été n'a pas été vraiment désastreux, mais beaucoup de promoteurs n'ont pas réussi à atteindre les objectifs qu'ils s'étaient fixés», estime Mohamed Koutbi, directeur de la Fédération nationale de la promotion immobilière (FNPI). Un avis que partagent plusieurs professionnels de l'habitat, que ce soit à Casablanca ou dans d'autres régions du pays. «Il faudrait adopter une approche régionale dans l'analyse du comportement du secteur immobilier. Mais, grosso modo, nous avons remarqué durant ces trois derniers mois une stagnation et un certain ralentissement de l'activité», explique-t-il. Pour cet autre promoteur de Casablanca, qui s'exprime sous couvert d'anonymat, les affaires n'ont pas été mauvaises mais l'été 2007 n'a pas été le cru auquel le secteur s'attendait. «La preuve, j'ai pu m'offrir un mois de vacances», ironise-t-il. Moins bien que l'été 2006 William Simoncelli, directeur général de Carré Immobilier Maroc, confirme cette tendance dont les raisons sont, selon lui, en rapport étroit avec la cherté de l'offre résidentielle. Il qualifie la saison de moyenne. De fait, l'immobilier a été jugé trop cher et souvent inexistant dans les villes qui intéressent le plus la cible privilégiée de l'été, les Marocains résidents à l'étranger. La pierre arrive en tête de liste des investissements les plus prisés par ces derniers : près de 80% de leurs investissements se font dans le secteur immobilier. Une véritable manne financière pour les promoteurs immobiliers qui réalisent entre 25 et 40% de leur chiffre d'affaires annuel en période estivale. Pas cette année. L'explication est simple : cette clientèle est portée habituellement sur le logement économique dont l'offre a considérablement baissé cette année, notamment dans les grandes villes. La demande a été tellement importante et l'offre limitée que les prix ont atteint des records, s'accordent à dire les professionnels. Sur l'ensemble de l'année toutefois, les spécialistes de ce segment, Addoha, le groupe Jamaï et, bien évidemment, les filiales du groupe Al Omrane, sont satisfaits. Dar Lakbira a cartonné Du côté d'Al Omrane, on garde le sourire. En plus du social, essentiellement dans des villes comme Tanger, Fès, Meknès et Agadir, le produit Dar Lakbira a particulièrement séduit les MRE. Le lancement officiel de la seconde tranche de ce programme destiné aux petits promoteurs immobiliers et aux groupements de petits épargnants en juillet 2007 n'était pas un hasard. Sur le segment du moyen et haut standing, c'est un autre problème qui se pose: les produits offerts sont excessivement chers. «Les trois mois qui ont précédé l'été ont connu une flambée sans précédent des prix du mètre carré», fait remarquer Mohamed Koutbi. Et le responsable de la FNPI de donner l'exemple de Casablanca. «Prenez le cas d'un promoteur immobilier qui vendait ses appartements moyen standing en mars 2007 à 8 500 DH le m2. En juin de la même année, il en demandait 11 000 DH». Des prix qui, effectivement, n'encouragent guère à l'achat. Mais ce n'est pas tout. Durant cet été, on a assisté à un nouveau phénomène, à savoir la croissance de la demande se rapportant à l'immobilier touristique, notamment de la part des mêmes MRE. «Ces derniers ne semblent plus être intéressés par l'offre résidentielle classique. Nous avons constaté cet été un intérêt très grand pour l'acquisition de résidences touristiques», explique William Simoncelli. Son cabinet gère en effet la commercialisation de plusieurs projets sur la côte méditerranéenne du pays, notamment Kariat Smir, à Restinga, et Mixta Assafia à Martil. Le premier projet est de standing alors que le second comporte essentiellement des logements sociaux. Et le succès est au rendez-vous pour les deux segments. «L'offre touristique a changé et est ainsi devenue plus attractive pour cette clientèle dont les habitudes et les motifs de retour au Maroc ont également changé», souligne l'agent immobilier. Lots équipés, maisons traditionnelles, appartements sociaux, moyen ou haut standings ou encore villas : tous ces produits ne sont apparemment plus bons pour les MRE. Si la première génération cherchait essentiellement des biens immobiliers dans la ville ou le village d'origine, les nouvelles générations de MRE semblent être plutôt portées sur les résidences secondaires où passer leurs vacances au Maroc. Les temps ont changé !