Plusieurs universités publiques ont déjà développé des MOOCs au profit de leurs étudiants. Les résultats sont tangibles par l'accroissement du taux de validation. Les écoles et universités privées privilégient l'apprentissage des langues à travers l'e-learning. Les établissements d'enseignement supérieur sont face à de nouveaux défis dont notamment une nouvelle génération d'étudiants très connectée et qui privilégie les outils numériques pour apprendre, se renseigner et rester en contact avec le monde extérieur. En effet, l'avènement d'internet et l'utilisation grandissante des outils numériques obligent à adapter les modèles d'apprentissage et méthodes d'enseignement. Cette évolution présente une opportunité de taille dans le monde de l'enseignement, «d'une part grâce à son développement exponentiel au service de l'apprentissage et, d'autre part, grâce à l'implication des jeunes et leur accès à ces technologies», explique Abdellatif Miraoui, président de l'Université Cadi Ayyad à Marrakech. Plusieurs universités et écoles, publiques ou privées, sont déjà conscientes de la nécessité d'accorder une place au digital, ou encore le développer davantage dans le cursus de formation des étudiants. Elles sont plusieurs à avoir déjà adopté une pédagogie inversée ou hybride. C'est le cas de l'Université Cadi Ayyad qui a fait le choix d'adopter ces options au détriment de la pédagogie classique. «Cette nouvelle pédagogie permet aux étudiants d'interagir avec les cours administrés à l'université et de développer leur autonomie», explique M.Miraoui. Il faut savoir que cette université est pionnière en matière de digitalisation. D'ailleurs, elle a inscrit la politique numérique dans le cadre d'un projet ambitieux nommé «vers une smart university» qui a été concrétisé en 2014-2015, en collaboration avec Microsoft et Maroc Telecom. «Ce projet d'envergure a permis de doter l'université d'une couverture Wifi généralisée. Ce qui a permis de développer des solutions et des services numériques, à savoir la préinscription à distance, la requête et les demandes sur plateforme, la gestion des examens et l'affichage des résultats sur des comptes personnalisés, le suivi des étudiants à distance...», ajoute M. Miraoui. Même son de cloche au niveau de l'Université Mohammed V de Rabat dont le président, Saaid Amzazi, souligne : «Nous assistons actuellement à une véritable effervescence à l'échelle de toutes les universités du Royaume, d'Oujda à Agadir, en passant par Kénitra, Settat et Beni-Mellal, dans la construction de contenus numériques pédagogiques. Des plateformes pédagogiques et des studios d'enregistrement ont ainsi vu le jour ainsi que des centaines de MOOCs dans différentes disciplines sont mis à la disposition des étudiants». Notons que c'est la première fois au Maroc qu'un appel à projet d'envergure nationale pour la production de MOOCs a été lancé par le ministère en partenariat avec l'ambassade de France à Rabat. Ainsi, des centres e-learning se sont déployés dans plusieurs universités. En outre, des projets ERASMUS européens ont été initiés pour mettre en place un portail numérique national MUN (Maroc Université Numérique). Cette ouverture numérique ne peut qu'être bénéfique puisqu'elle permettra de palier plusieurs difficultés rencontrées par les étudiants et contribuera aussi à résoudre le problème linguistique, mais aussi celui de la massification en réduisant les effectifs dans les amphithéâtres. Parmi les effets concrets de cette dynamique, on peut citer l'impact qu'a eu le lancement au niveau de l'Université Mohammed V du MOOC «comptabilité générale». Il a en effet fait grimper les taux de validation du module de 22 à 44%, d'autant qu'il a enregistré plus de 20 000 inscrits du Maroc, des pays étrangers d'Afrique, d'Europe, d'Amérique et d'Asie. «A la rentrée prochaine, une cinquantaine de MOOCs seront lancés pour les étudiants ayant réussi la première année». A l'UCA, ce sont 4 à 5 points de taux de réussite qui ont été gagnés grâce à ces modules lancés à travers le service MOOC, depuis 2013, avec plus de 2,5 millions de visites. Par ailleurs, l'UCA prévoit également la création d'une plateforme électronique d'apprentissage des langues faisant partie du programme Soft Skills. Une chose est néanmoins sûre, le digital s'est certes frayé une place dans la formation universitaire mais ne vient pas en remplacement de l'enseignement physique, comme l'affirme Yasmine Benamour, administrateur directeur général de HEM. «Nous avons choisi de faire appel au e-learning pour les cours de langues dans un premier temps et avons acquis la licence d'une plateforme d'apprentissage on line venant en support des cours classiques, et les résultats sont satisfaisants», explique-t-elle. L'Université privée de Marrakech (UPM) a adopté la même politique, visant à opter pour l'e-learning pour l'apprentissage des langues étrangères. «Nous nous appuyons en cela sur la première plateforme mondiale et, en plus de l'anglais et l'espagnol qui sont des langues obligatoires dans tous nos cursus, nous offrons l'accès à 24 langues différentes», détaille Mohamed Knidiri, président de l'UPM. Et parmi les nouveautés de cette rentrée universitaire, l'ISGA a intégré l'e-learning dans ses parcours de formation initiale. «Au cours des prochaines années, notre objectif est de développer l'offre de formations à distance dans des domaines prioritaires en formation continue également», ambitionne Mohammed Diouri, fondateur du groupe ISGA. Pour garantir une réussite du e-learning dans sa stratégie de développement, l'école a investi dans la formation d'une équipe dédiée à l'enseignement à distance. Elle a mis également un centre e-learning à la disposition de son corps professoral et une équipe professionnelle certifiée spécialisée en e-learning pour la production de ressources pédagogiques numériques. Son objectif principal est d'apporter conseils et accompagnement aux professeurs de l'ISGA dans la réalisation et à la réussite de leur projet e-learning. En tout cas, l'importance de la digitalisation est bel et bien ancrée dans les processus de formation aussi bien au niveau du secteur public que du privé.