A l'heure où la France commence à mettre en place son enseignement en ligne, Marrakech a fait figure de pionnier. Depuis le mois d'avril dernier, l'Université Cadi Ayyad propose à ses étudiants des cours en ligne, pré-enregistrés. Et cela, gracieusement. L'Université Cadi Ayyad de Marrakech se met à l'heure de l'Open University. Près d'une année avant que la France ne lance son propre programme de MOOC, le Maroc fait figure de pionnier en Afrique, devançant de loin la République Française. En effet, depuis, le mois d'avril, 40 cours ont été enregistrés et seront distribués gracieusement aux étudiants qui le désirent . "L'objectif n'est pas de s'inspirer des MOOC, les cours massifs en ligne, mais de relever le niveau et la qualité de l'enseignement universitaire," explique Abdellatif Miraoui, président de l'Université Cadi Ayyad et de l'association des Universités Francophones. Pour lui, il ne s'agit pas d'offrir des formations diplômantes en ligne, sur le modèle des MOOC Américains et Européens, mais bien de donner aux étudiants des supports de cours magistraux. Ce qui permet que les cours en amphithéâtres puissent se concentrer sur l'essentiel et développer des points de culture générale. "Nos enseignants se plaignent souvent de ne pas avoir assez de temps pour travailler. En outre, il y a un problème de surpeuplement des amphithéâtres qui sont par ailleurs mal sonorisés. Les étudiants ne sont donc pas dans des conditions optimales pour apprendre. Par l'Université en ligne, nous nous focalisons sur les étudiants de niveau moyen, et qui ont besoin de répétitions et de suivis approfondis. Rappelons que souvent, le niveau en langue française n'est pas suffisant, et il faut reprendre le cours à plusieurs reprises pour qu'il soit assimilé ", poursuit le président d'Université. A l'international, les MOOC sont une expérience qui n'enregistre que 10% de réussite dans le suivi. Mais pour ce qui est des Universités marocaines, pour peu que l'on passe de 20% à 30% de réussite, Abdellatif Miraoui parle de réussite de l'expérience dans ce cas là. Cours en ligne, mais présence obligatoire "Nous ne cherchons pas à dispenser les élèves de présence en classe", temporise A. Miraoui. Pour lui, il ne s'agit pas d'un MOOC proprement dit, mais d'un changement dans la pédagogie d'enseignement pour "sauver" ceux qui le veulent. Donc pas de certificat de réussite à la clé. Mais l'expérience s'inspire d'une autre, celle d'Itunes U initié par le géant de l'informatique Apple, pour rendre les cours accessibles aux auditeurs libres. "Certains de nos enseignants sont d'accord pour que leurs cours soient visibles par tous. D'autres ne le sont pas, mais pour cette première initiative, nous nous sommes basés sur le volontariat des professeurs qui ont bien voulu se prêter au jeu de la scénarisation des cours devant la caméra". Et les résultats sont là pour le prouver : les enseignants adhèrent et parfois désignent un camarade photogénique pour enregistrer les modules de base de ce type d'enseignement. Les moyens pour tenter l'expérience sont quasi nuls: il suffit de disposer d'une caméra et d'un enseignant, et on peut enregistrer le cours en ligne, le poster pour être suivi par tous ceux qui s'y intéressent. Pour les autres universités, les retombées indirectes sont énormes, puisque les programmes de formations initiales sont les mêmes partout au Maroc, et même en Afrique du Nord et de l'Ouest. Reste que pour les étudiants, la difficulté réside dans l'accès au matériel. Si on estime qu'un lecteur DVD, vendu prix coûtant est accessible à tous, par contre l'ordinateur portable nécessaire l'est moins. "Nous pouvons nous en sortir avec une tablette. Le wi-fi est disponible dans l'enceinte de l'université, et, à terme, nous comptons établir des prix de mérite pour les étudiants méritants: un PC ou une tablette. De nos jours, rien n'est plus inaccessible en matière de nouvelles technologies", conclut Abdellatif Miraoui.