La part des produits à faible technologie a fortement baissé et celle des produits à technologie moyenne-haute a sensiblement augmenté. Le Maroc reste toutefois classé dans le groupe des pays à technologie moyenne-faible. Les dépenses en R&D augmentent mais restent encore insignifiantes. C'est le talon d'Achille des exportations marocaines : leur contenu technologique demeure encore faible, ce qui les rend peu compétitives sur le marché international. Ce constat n'est certes pas nouveau, mais quel est le degré de sa pertinence ? La Direction des études et des prévisions financières (DEPF) du ministère de l'économie et des finances, voulant y voir plus clair, a réalisé une étude intéressante sur le sujet: «Contenu technologique des exportations manufacturières du Maroc, évolution et analyse comparative». Couvrant une période relativement longue (15 ans), l'étude de la DEPF aboutit à une conclusion que l'on peut juger contrastée. Les exportations marocaines de produits manufacturés, sur la période concernée, ont certes enregistré des améliorations dans leur contenu technologique, mais ces améliorations varient d'un niveau technologique à l'autre. De sorte que, constatent les rédacteurs de cette étude, la structure globale des exportations manufacturières reste dominée, à hauteur de 80% en moyenne, par des exportations à faible technologie et à moyenne-haute technologie. Dans le détail, la part des produits manufacturés à faible technologie dans les exportations marocaines a baissé considérablement : -22,5 points, en passant de 59,5% en 2000 à 37% en 2015. C'est une évolution intéressante, qui s'explique notamment par le fort repli des exportations de vêtements confectionnés (ceux-ci ayant un contenu élevé en main-d'œuvre). Malgré cette amélioration, sans doute appelée à se poursuivre, le Maroc reste, sur ce point, bien en deçà de ce que l'on peut observer au niveau mondial où la part des produits à faible technologie est inférieure à 20%. Entre 2000 et 2015, elle a encore légèrement baissé, passant de 17,9% à 16,5%. Au Maroc, on l'a vu, malgré la forte baisse enregistrée ces quinze dernières années, cette part est encore à 37% ; soit plus du double de la moyenne mondiale. La part des produits à technologie moyenne-faible a, quant à elle, augmenté dans le monde (de 20,6% à 25% entre les deux dates), mais stagné au Maroc à un niveau relativement faible (11,9% en moyenne entre 2000 et 2015). En revanche, sur les produits à technologie moyenne-haute, la part du Maroc a non seulement fortement augmenté entre 2000 et 2015, passant de 18,2% à 46,2%, mais, en outre, dépasse désormais la moyenne mondiale, stabilisée à un peu plus de 34% sur cette période. Résultat, la part de marché du Maroc au niveau mondial sur ce segment de produits à technologie moyenne-haute a doublé sur la période considérée, passant de 0,08% à 0,16%. L'étude de la DEPF explique cette évolution par la hausse de la part des exportations des dérivés de phosphates, d'équipements et d'appareils électriques et de voitures. La part des produits de haute technologie est réduite et en repli A contrario, les produits marocains de haute technologie ont suivi une courbe déclinante, puisque leur part a baissé de 11,8% en 2000 à 6,6% en 2015. Ce recul est expliqué par la chute des exportations des composants électroniques, chute qui n'a pu être compensée par les hausses enregistrées dans les secteurs de l'aéronautique et des produits pharmaceutiques. Avec ces résultats, et suivant la classification de l'OCDE (en quatre groupes technologiques), l'étude range le Maroc dans la catégorie trois, celles des pays à technologie moyenne-faible. La Tunisie et le Brésil sont également classés dans cette catégorie. Ainsi, suivant ce classement, le Maroc surclasse des pays comme le Chili, l'Egypte, l'Inde et la Turquie, logés, eux, dans la quatrième et dernière catégorie dite des pays à faible technologie. Les pays de ce groupe ont la caractéristique que leurs exportations manufacturières sont dominées par des produits de technologie moyenne-faible et carrément faible, avec des pertes respectives de 88,3%, 73,3%, 69,6% et 66%. Si l'on devait tirer un enseignement des résultats de cette étude, ce serait de dire que l'amélioration de la compétitivité d'une économie passe nécessairement par le développement de la recherche-développement (R&D). Car c'est grâce à l'innovation que devient possible la transformation structurelle de l'économie. Singapour est à cet égard un exemple à méditer. Classé dans la première catégorie, celle des pays qui ont une part élevée de produits de haute technologie dans leurs exportations, Singapour a fortement misé sur l'innovation et le savoir en augmentant ses dépenses en R&D de 1% dans les années 90 à 2,6% en 2014. Et cette R&D est financée principalement par le privé. C'est aussi le cas du Japon (classé dans le groupe 2) avec des dépenses en R&D représentant 3,4% de son PIB en 2014, soit près de... 140 milliards de dollars. En 2014, la Corée du Sud a investi 3,6% de son PIB dans la R&D, soit plus de 50 milliards de dollars. Au Maroc le budget alloué à la R&D a atteint 0,8% en 2013, soit 7,2 milliards de DH. C'est nettement mieux qu'en 2006 (3 milliards de DH), mais c'est encore très faible. [tabs][tab title ="Quelques chiffres clés à retenir"]- 64,4%, c'est la part des produits manufacturés dans les exportations globales du Maroc. – 154 milliards de DH, c'est le montant, en dirhams courants, de la valeur ajoutée du secteur manufacturier en 2015, soit 15,7% du PIB nominal. – 1,3 million de personnes, c'est le nombre d'emplois dans le secteur manufacturier en 2014. – 55,5 milliards de DH, c'est le montant des IDE attirés par le secteur industriel sur la période 2009-2015.[/tab][/tabs]