Conducteur d'engins, plombier, ferrailleur, coffreur, boiseur… sont de plus en plus rares. Selon les professionnels, la formation ne suit pas l'évolution du marché. Ce n'est un secret pour personne : le secteur des BTP affiche une santé de fer. Néanmoins, se posent quelques problèmes, dont celui de la main-d'œuvre. En effet, les professionnels, promoteurs et entreprises de travaux et de construction ont de plus en plus de mal à trouver des ouvriers qualifiés, qu'ils soient conducteurs d'engins (niveleuse, grue, bulldozer…), maçons, ferrailleurs, coffreurs, boiseurs (un bon maçon bien formé doit en principe maîtriser les trois spécialités). La plupart des opérateurs contactés, tout en rappelant que le problème n'est pas nouveau, observent qu'il connaît une nette aggravation aujourd'hui. 8 000 DH pour un conducteur de niveleuse Mohamed Mahboub, de Seprob, société spécialisée dans les travaux publics, le génie civil (terrassement pour les autoroutes notamment) et le bâtiment industriel, explique la situation par le volume des chantiers ouverts dans le pays. «Les besoins sont tellement importants qu'il est impossible de les satisfaire tous», souligne-t-il. A cela, il faut ajouter d'autres éléments : les entreprises utilisent de plus en plus des machines dotées d'outils informatique et électronique. D'où la nécessité de trouver des spécialistes pour la conduite et la maintenance, de plus en plus pointues. Pour Rachid Benrami, promoteur immobilier, le problème tient à d'autres facteurs. D'abord, affirme-t-il, certains opérateurs sont plus touchés que d'autres. En effet, les tâcherons ont du mal à «fidéliser» leurs employés en les motivant matériellement, ce qui encourage un phénomène de migration, surtout vers des opérateurs étrangers. Pire, certains professionnels ont du mal à payer régulièrement leurs salariés. Maintenant que le marché est très dynamique, les ouvriers qualifiés font la fine bouche, que ce soit au niveau des salaires ou des avantages. Hicham Mossadak, de l'entreprise Sefiani qui opère dans le génie civil, fait le même constat sur l'aggravation du déficit des métiers qualifiés et pointe du doigt la formation professionnelle qui n'a pas encore commencé à former les conducteurs d'engins ou les grutiers, par exemple. «Il faut arrêter de mettre en cause les salaires dans notre secteur. Un bon conducteur de niveleuse peut gagner facilement 8 000 DH par mois, mais encore faut-il qu'il puisse donner un bon rendement (entre 500 m2 et 800 m2 par jour) et ne pas abîmer la machine. Le public ne sait pas qu'un bulldozer coûte 7 MDH. Je suis heureux quand je trouve un excellent conducteur d'engin car je m'assure d'un bon rendement et d'une longévité acceptable du matériel lui-même», commente-il. En attendant la création de l'ISMBTP, Institut spécialisé aux métiers du BTP, de Settat, l'OFPPT formera dans ses différents centres, au titre de l'année 2006-2007, 13 800 stagiaires aux différents métiers des BTP (dont 6,7% de techniciens supérieurs, 15,6% de techniciens, 23% d'ouvriers qualifiés et 41% d'ouvriers spécialisés…).