Deux associations médicales parmi les plus importantes n'ont toujours pas signé le conventionnement avec l'Anam Des praticiens refusent de travailler dans les conditions du nouveau système Principal reproche : les tarifs appliqués ne correspondent pas à la réalité. Alors que l'on croyait le chapitre de la tarification nationale devant servir de base au remboursement des frais engagés dans le cadre de l'Assurance maladie obligatoire (Amo) clos, il n'en est rien. Certes, le département de la santé avait fini, après de longs mois de tergiversations, par sortir l'arrêté y relatif, mais nombre de médecins privés refusent de prendre le train de l'Amo. Contestant la tarification nationale de référence, ils rejettent la convention nationale, signée en juillet dernier entre l'Agence nationale de l'assurance maladie (Anam) gestionnaire de l'Amo, d'une part, et les syndicats de médecins et l'association des cliniques privées (ANCP), d'autre part. Cette convention n'engage, selon les propos de l'Alliance nationale de santé libérale, qui conteste la tarification, que ses signataires. Et de poursuivre : «Cette convention avec l'Anam et les organismes gestionnaires a été signée par une partie seulement des médecins et nombreux sont les prestataires de soins qui ne veulent pas et ne peuvent pas travailler avec les tarifs retenus». Aujourd'hui, en effet, les spécialistes regroupés dans la Société savante, l'Alliance nationale de la santé libérale (ANSL), la Société marocaine d'urgence et de réanimation néo-natales et pédiatriques ainsi que plusieurs syndicats de médecins privés ne sont pas conventionnés. Cependant, ils n'ont toujours pas déclaré officiellement leur refus du conventionnement. A l'Anam, on précise que trois conventions ont été signées avec les médecins, les dentistes et les biologistes, mais «cela ne signifie pas que tous les praticiens y adhèrent. Maintenant, l'Anam n'a pas reçu de déclaration de non-conventionnement». La loi sur l'Amo stipule que les médecins ne souhaitant pas travailler dans le cadre de la convention doivent remplir un imprimé de déclaration de non-conventionnement, qu'ils doivent faire parvenir aux organismes gestionnaires et à l'Anam. Démarche que les médecins contestataires n'ont pas encore entreprise. Les patients se dirigent davantage vers les polycliniques Pour expliquer le refus d'adhérer à la convention, les médecins avancent l'insuffisance et la faiblesse des tarifs. Ils sont unanimes quant à «l'impossibilité de prodiguer une médecine de qualité avec les moyens accordés. Les tarifs ne correspondent pas à la réalité du coût de la médecine». Ainsi, le secrétaire général de la Société marocaine d'urgence et de réanimation néo-natales et pédiatriques, Hassan Afilal, souligne l'insuffisance du forfait de 2 500 dirhams accordé pour une journée de réanimation. «En France, la journée de réanimation coûte 8 000 dirhams et aux USA 21 000 dirhams. Alors que l'Amo prévoit une prise en charge modique avec laquelle nous ne pouvons travailler», dénonce le Dr. Afilal. Il ne manque pas de relever la disproportion existant entre les frais réels et la tarification retenue. Un poste réanimateur (pour accueillir un seul bébé) coûte environ 700 000 dirhams. Au-delà de l'équipement, une journée en réanimation nécessite deux bouteilles d'oxygène à 1 500 DH, les médicaments nécessaires à l'ouverture du poumon d'un prématuré coûtent environ 5 500 DH, sans compter les consommables variant entre 400 et 500 DH. L'ANSL abonde dans le même sens, en précisant que «pour certaines spécialités, notamment la cardiologie ou encore la néphrologie, les nouvelles thérapies et technologies impliquent des coûts élevés que la grille de l'Amo ne prend pas en compte». A l'Association nationale des cliniques privées, signataire de l'Amo, on reconnaît que l'entrée en vigueur de celle-ci s'est traduite par une baisse d'activité des cliniques : la disproportion des tarifs et le coût réel expliquent «l'incapacité des patients couverts par l'Amo de venir se faire soigner dans les cliniques puisque le ticket modérateur est important, environ 30% contre 0% ou 10% dans les polycliniques de la CNSS». Contrairement à ce qu'espéraient les cliniques, l'Amo n'a pas drainé les patients car ceux-là, faute de moyens, se dirigent davantage vers les polycliniques de la CNSS. Focus Ce que propose l'ANSL Refusant la tarification nationale de référence, l'Alliance nationale de la santé libérale propose une prise en charge aux patients couverts par le Ramed et quatre tarifs pour les assurés de l'Amo. Pour le premier cas de figure, l'alliance propose aux ordres professionnels une prise en charge aux tarifs appliqués dans le secteur public de la santé. Ainsi, la visite chez le généraliste est fixée à 30 DH alors que, pour une consultation chez le spécialiste, le patient paiera 60 DH. Pour les bénéficiaires de l'Amo, l'ANSL propose une grille tarifaire qui variera en fonction de leur pouvoir d'achat et de leur situation familiale. Ainsi, la consultation chez le généraliste sera de 60, 80 100 et 120 DH en fonction des capacités financières du patient. Une consultation chez un spécialiste coûtera 120, 150, 180 et 220 DH.