Essaâda, rachetée par Saham, déjà actionnaire de référence de la CNIA. L'ensemble des deux compagnies se propulse à la troisième place en termes de primes émises. RMA-Wataniya et Axa Assurance Maroc solidement installées aux deux premières places. Les professionnels s'attendent à d'autres opérations en 2007. L'opération n'a pas encore été officiellement annoncée, mais le rachat de la compagnie Essaâda par le groupe Saham (et non pas le groupe Saham et la CDG, comme nous l'avions écrit dans notre numéro du 1er septembre) qui contrôle déjà la CNIA est considéré par les opérateurs comme symbolisant l'achèvement de la restructuration du secteur de l'assurance, ou presque. Presque, car il reste encore une opération de taille qui concerne l'éventuelle cession par l'Ona des 49% qu'elle détient dans AXA Assurances Maroc. Mais, pour l'heure, retenons que le mouvement de concentration, entamé à la fin des années 1990, avait d'abord donné naissance à deux mastodontes : RMA-Watanya (née d'une double fusion entre Al Watanya et l'Alliance, en 2000, et avec la RMA en 2005) et AXA Assurances Maroc, résultat d'un mariage entre la Compagnie Africaine et Axa-Al Amane. Ce mouvement s'est poursuivi, toujours en 2005, avec la cession par le groupe Arig de la CNIA au groupe Saham et la vente de 40% d'Atlanta-Sanad par Holmarcom à la CDG (Caisse de dépôt et de gestion). Résultat de ces réaménagements: le secteur compte aujourd'hui cinq compagnies ou groupes de compagnies de taille respectable : RMA-Al Watanya, Axa Assurances Maroc, Wafa Assurance, Atlanta-Sanad et CNIA-Essaâda. Les autres compagnies, de petite taille, fonctionnent avec plus ou moins de bonheur et il n'est pas exclu que les grandes, à la recherche d'une plus grande envergure, absorbent certaines d'entre elles. Naturellement, cette concentration crée une nouvelle donne du point de vue commercial. A fin 2005, le marché était dominé par RMA-Al Watanya avec 2,88 milliards de DH de primes émises, talonnée par Axa Assurances Maroc avec 2,19 milliards. Suivaient Wafa Assurance qui totalisait 1,62 milliard et la CNIA avec 1,14 milliard. Avec Essaâda qui affiche 887,4 MDH de primes émises, le nouveau groupe qui sortira de l'opération en cours totalisera donc 2 milliards et ravira la troisième place à la filiale d'Attijariwafa bank qui sera même bousculée par l'ensemble Atlanta-Sanad avec ses 1,58 milliard de DH de primes émises, dont 786,4 millions pour la première et 793,6 millions pour la seconde. Arrivée des assureurs américains : la grande inconnue La situation n'est pas immuable et, selon un professionnel, il y aura une nouvelle reconfiguration du marché dès 2007. Cette même source tient par ailleurs à préciser que, d'ores et déjà, la restructuration du secteur sera bénéfique aux assurés. Un avis que l'on partage à la FMSAR (Fédération marocaine des sociétés d'assurance et de réassurance) qui affirme que «l'effet taille est un élément positif pour le secteur car il permet d'avoir de grandes compagnies structurées et financièrement très solides. Ce dernier aspect est doublement intéressant puisqu'il se traduit par une sécurité pour les assurés et une agressivité commerciale importante». Notons à cet égard que la concentration augmentera la force de frappe des compagnies puisqu'elles auront des réseaux de distribution plus étoffés. Au regard de cette évolution, nombre de professionnels escomptent une extension de l'offre. Cependant, ils tiennent à souligner qu'au lendemain des regroupements, les compagnies restent prudentes et focalisent tous leurs efforts sur le renforcement de leurs positionnements et la réorganisation des structures. Restent quelques inconnues: Sanad et Atlanta seront-elles fusionnées ? CNIA et Essaâda formeront-elles une seule compagnie à terme? Autre question de taille : l'arrivée des assureurs américains. Certains professionnels ne manquent pas de signaler qu'elle entraînera de grandes perturbations. Si CNIA fusionne avec Essaada, Wafa Assurance se retrouvera à la quatrième place…